Outre la guerre commerciale en cours, la préoccupation majeure des investisseurs reste la vitesse de remontée des taux, une crainte qui n'a pas été dissipée, au contraire, par la publication hier soir des dernières discussions de la Fed, qui montrent que les banquiers centraux ont discuté d'un scénario à terme allant au-delà de la neutralité, c’est-à-dire la zone où les taux directeurs sont censés commencer à peser sur la croissance économique, une stratégie monétaire qui peut se justifier en cas de surchauffe par exemple.
 
Il est toujours étonnant de constater combien les investisseurs se méfient de la politique de la Fed alors que l'institution, avec son pilotage optimisé des dix dernières années, a fait étalage de sa capacité d'adaptation et a largement contribué à les enrichir. On la voit mal commencer à prendre des décisions irrationnelles après l'expérience acquise lors des deux dernières crises. En tout cas, Donald ne sera pas content de cette position, pas plus qu'il n'a dû goûter les conclusions du Trésor américain selon lesquelles la Chine n'a pas manipulé sa monnaie en 2018. Cela n'empêche pas l'administration de s'alarmer de la glissade de la devise chinoise et du manque de transparence de sa politique de change (une critique qu'elle adresse d'ailleurs aussi au Japon, à la Corée du Sud, à l'Inde, à l'Allemagne et à la Suisse, à bon entendeur). Une administration qui a fait savoir qu'elle allait sortir d'un vieux traité mondial qui permettait aux envois postaux vers les Etats-Unis de bénéficier de tarifs préférentiels. C'est le cas pour les colis chinois. La guerre commerciale peut donc aussi glisser sur des terrains insoupçonnés.
 
Sur les marchés financiers, cette mi-octobre est studieuse avec de nombreux chiffres en provenance des sociétés. Nestlé, Unilever, SAP, Novartis, Ericsson, Thales, Publicis et Pernod Ricard sont les têtes d'affiche en Europe pour les publications trimestrielles. Philip Morris, Paypal, American Express ou Danaher les imiteront aux Etats-Unis. Le géant des semiconducteurs TSMC est aussi à surveiller, après l'annonce de ses résultats à 7h30. Le CAC40 a finalement démarré en petite hausse, avec un titre Carrefour qui s'envole. 
 
Les temps forts économiques du jour
 
Les ventes de détail britanniques du mois précédent se seraient contractées de -0,4%, selon le consensus de place (verdict à 10h30). Aux Etats-Unis, l'indice manufacturier Philly Fed sera annoncé à 14h30 (consensus 19,7), en même temps que les inscriptions hebdomadaires au chômage (consensus 211 000) et avant l'indice du Conference Board (16h00 : consensus +0,5%).
 
La paire EUR / USD se négocie 1,14991 ce matin (-0,02%). L'once d'or grappille 0,1% à 1 223 USD. Sur le front pétrolier, le WTI est passé sous les 70 USD après l'annonce des stocks américains hier, tandis que le Brent évolue juste au-dessus des 80 USD.
 
Les principaux changements de recommandations
 
  • ING passe de conserver à acheter sur ADO Properties, en visant 60 EUR.
  • Kepler Cheuvreux démarre le suivi de Banca Sistema à l'achat en visant 2,70 EUR.
  • HSBC passe de conserver à acheter sur Carrefour avec un objectif rehaussé de 15 à 18,50 EUR.
  • Berenberg ajuste de 620 à 630 DKK son objectif sur Christian Hansen, en restant à conserver.
  • MainFirst reste à surperformance sur Danone, avec un objectif réduit de 80 à 77 EUR.
  • SocGen reste à l'achat sur Danone, mais réduit de 76 à 74 EUR son objectif.
  • Goldman Sachs reste neutre sur Danone, avec un objectif ajusté de 68 à 67 EUR.
  • Independent Research passe d'acheter à conserver sur Fresenius, dont l'objectif recule de 80 à 66 EUR.
  • SocGen reste à conserver sur LVMH, avec un objectif ramené de 340 à 282 EUR.
  • Jefferies abaisse de 564 à 507 GBp son objectif sur Mediclinic, en restant acheteur.
  • Jefferies passe de conserver à acheter sur Moncler en visant toujours 40 EUR.
  • SpareBank passe d'achat à neutre sur Nordic Semiconductor, avec un objectif ramené de 50 à 40 NOK.
  • HSBC passe de conserver à alléger sur Norwegian Air, en visant 125 NOK contre 250 NOK précédemment.
  • Berenberg passe de conserver à vendre sur SKF, avec un objectif réduit de 190 à 139 SEK.
  • Berenberg revalorise Soitec de 90 à 104 EUR en restant acheteur. 
  • SocGen passe de vendre à conserver sur The Swatch Group, malgré un objectif réduit de 410 à 356 CHF.
  • AlphaValue abaisse de 9,92 à 7,86 EUR son objectif sur TomTom, mais reste acheteur.
  • Guggenheim Securities démarre le suivi de Wirecard à l'achat en visant 218 EUR.
 
L’actualité des sociétés
 
Les publications s'accumulent à Paris, avec Thales, Carrefour, Vilmorin et Soitec hier soir, pour ne citer que les plus médiatiques. Airbus plancherait sur une nouvelle série de mouvements dans son haut management, a appris Bloomberg. Bpifrance et TechnipFMC attaquent Naval Group après sa décision de stopper l'activité hydro de leur filiale commune Naval Energies. Derichebourg a vendu sa filiale déchets italienne à Iren Ambiente, une transaction favorable au désendettement mais qui coûtera environ 10 millions d'euros de pertes. Bic saisit l'exécutif européen pour forcer la France et l'Allemagne à contrôler le marché des briquets. Altice Europe s'intéresse aux services financiers au Portugal. Ekinops lorgnerait l'ancien Alcatel Submarine Networks (Nokia), selon 'Challenges', une opération de 800 millions d'euros pour une entreprise qui pèse 73,5 millions d'euros.
 
ABB plancherait avec le Crédit Suisse sur l'avenir de sa branche réseaux, a appris Bloomberg. SoftBank sécurise 9 milliards de dollars de prêts pour Vision Funds. Pfizer réduira ses effectifs de 2% d'ici le début 2019. Dans les casinos aux Etats-Unis, Golden Nugget veut fusionner avec Caesars. Alcoa accuse des pertes trimestrielles à cause d'un contentieux sur ses retraites. Des actionnaires de Facebook appellent à une présidence plus indépendante que celle de Mark Zuckerberg. Bercy confirme que General Electric paiera des pénalités si ses engagements ne sont pas tenus sur l'emploi en France.