• Moscou veut monétiser la taïga

La Russie, qui détient 20% des forêts dans le monde, voudrait monétiser ses arbres qui capturent du carbone. En effet, Vladimir Poutine a mis en place un système de récupération de données à base de drones pour évaluer la capacité des quelques 640 milliards d’arbres à absorber du CO2. Bloomberg a appris que l’objectif est de créer une plateforme en ligne, à laquelle les entreprises en déficit de carbone pourront accéder.  

Voici comment cela fonctionne : les entreprises pourront aller sur la plateforme et louer une parcelle de forêt à l’Etat Russe, l'entreprise sera en charge de la protection du bien et des nouvelles plantations. Si cela fonctionne, l'entreprise aura donc accès à des crédits carbone négociables sur les marchés.

Cependant, la mise en place de ce système par le plus grand exportateur d’énergie nécessitera des investissements. Car la taïga, grande comme deux fois l’Inde et qui capte actuellement 40% des émissions du pays, est sujette à une gestion défectueuse. En effet, d’après les prévisionnistes russes, les incendies dévastateurs qui ont eu lieu les deux derniers étés, sont les conséquences du réchauffement climatique et du sous-financement des services forestiers, élément souligné par l’Institut Européen des Forêts. 

Une réponse est attendue le 1er novembre. Selon les résultats, la taïga pourrait devenir un actif écologique et financier.

La taïga européenne (Source Wikipedia / Terpsichores / CC BY-SA 3.0)

  • Pétrolières européennes : “plus propres” ou “moins sales” que leurs rivales américaines ? 

Les entreprises pétrolières et gazières européennes ont pris de l’avance sur le long chemin de la transition écologique. En effet, le pôle recherche de Bloomberg affirme que les plus grandes compagnies pétrolières et gazières européennes laissent leurs rivales américaines de plus en plus loin derrière elles dans la course à la réduction de leur dépendance aux ventes de combustibles fossiles”. Une bonne raison à première vue de faire raisonner le quatrième mouvement de la 9ème symphonie de Beethoven qui fait office d’hymne européen. 

Classement des entreprises pétrolières les plus en avance sur les questions de transition énergétique

Source : Bloomberg

Cette bonne note des sociétés européennes est due au fait qu’elles investissent beaucoup plus dans les énergies renouvelables, le stockage des batteries, les bornes de recharge des véhicules électriques et les technologies de capture du carbone par exemple.

Un classement qui n’est pas sans comporter certaines limites

Toutefois, il faut rester humble face aux résultats de ce classement. En effet, il convient de noter que “tout cela est relatif : ces entreprises consacrent toujours la majeure partie de leurs dépenses d'investissement aux combustibles fossiles, qui ont un impact sur le climat”. Et de souligner les limites à l’efficacité des systèmes de notation ESG. Par exemple, Total, qui arrive en tête avait pourtant vu ses pratiques dénoncées par les ONG Greenpeace et Reclaim Finance qui soulignaient conjointement le fait qu’ “en 2020, Total a produit 447 unités d’énergies fossiles pour 1 d’énergies renouvelables”. Toujours selon les deux organisations, en 2020, 90% des investissements de la cinquième capitalisation boursière du CAC 40 étaient orientés vers les énergies fossiles. La pétrolière française a répondu à ces accusations ce lundi. Selon la major, le rapport à charge contiendrait un certain nombre d'inexactitudes et même de “contre-vérités”.

Pour plus de précision sur la complexité et même parfois le manque de transparence des systèmes de notation ESG, je vous invite à lire l’article d’Anthony Bondain à ce sujet. 

  • Le nouvel ETF Global Clean Energy UCITS d'Invesco

L'ETF d'Invesco vise à suivre, à la hausse comme à la baisse, le WilderHill New Energy Global Innovation Index (Cette entreprise californienne est un leader du secteur depuis 2004 et a construit les premiers indices d'énergie propre) pour reproduire les performances des entreprises mondiales dont les technologies innovantes sont axées sur la production, la conservation et l'utilisation d'énergies plus propres. l'ETF d'Invesco s'exposera aux entreprises axées sur l'énergie éolienne, solaire, les biocarburants, l'hydroélectricité et d'autres sources d'énergie renouvelables, ainsi que dans celles impliquées dans la conversion, le stockage, la conservation et l'efficacité énergétiques. L’ETF utilise l'approche à pondération égale de l'indice qui consiste à investir des sommes égales dans les entreprises, quelle que soit leur capitalisation boursière, ce qui réduit le risque de concentration. 

Cet ETF sert d'après Dr Rob Wilder, co-fondateur de WilderHill à répondre à la crise environnementale est les stratégies sur les critères ESG un pilier essentiel pour y parvenir.

Répartition du ETF Global Clean Energy UCITS d'Invesco par secteur

Composition du ETF Global Clean Energy UCITS

  • Le CAC40 passe à l'ESG

Euronext a publié un nouvel indice ESG, en réutilisant la terminologie la plus connue de la place parisienne. Le CAC40 ESG compte comme son nom l'indique 40 valeurs, dont 31 sont communes au CAC40. Intéressons-nous aux différences entre les deux. Le filtre ESG, dont nous parlerons juste après, fait sortir Airbus, Alstom, ArcelorMittal, Dassault Systèmes, EssilorLuxottica, Hermès, Saint-Gobain, Thales et Total. L'opération bénéficie en revanche à Accor, Arkema, Electricité de France, Gecina, Klépierre, Sodexo, Solvay, Suez et Valeo.

Comment Euronext sélectionne-t-il les actions ?

Euronext pioche dans le CAC Large 60 pour bâtir son indice (soit le CAC40 et le CAC Next 20). "L'indice ESG du CAC 40 est conçu pour inclure les approches d'investissement ESG les plus courantes adoptées par les investisseurs institutionnels et privés, telles que les filtres d'exclusion normatifs appliqués conformément aux principes du Pacte mondial des Nations unies ou l'implication dans le charbon, les armes controversées et le tabac", indique l'opérateur. Les entreprises avec une "controverse critique en cours" selon les standards des Nations Unies sont exclues. Euronext se base sur les 38 critères d'Equitics, la méthodologie de Vigeo-Eiris (Moody's), désormais rebaptisé "V.E".  

Comme souvent avec les méthodologies ESG, certains résultats sont un peu déroutants. On constate par exemple qu'EDF, qui n'a pas voix au chapitre dans de nombreuses sélections ESG, en fait partie cette fois, alors qu'Alstom, régulièrement mis en avant comme un "dossier ESG", en est exclu. On touche là à des problématiques récurrentes sur la difficulté à distribuer les bons et les mauvais points. Le CAC40 ESG n'est évidemment pas exempté de ce genre de débats.

Notons que l'indice a pour ambition d'intégrer progressivement les évolutions de la taxonomie de l'UE et les SBT (Science Based Targets). Le CAC40 ESG n'intègre pas les dividendes mais il existe des versions dividendes réinvestis (CAC40 ESG NR et CAC40 ESG GR). Il est mis à jour périodiquement, à l'image des autres indices gérés par Euronext. 

  • Et aussi : 
    • Neuberger Berman a annoncé récemment le lancement des fonds European Sustainable Equity et Global Sustainable Equity.
    • Une forte demande pour les stratégies ESG porte les actifs sous gestion de CANDRIAM à un nouveau record de 140 milliards d’euros.
    • Alors que les choix concernant la transition énergétique sont en cours en Europe, le nucléaire ne séduit plus grand monde. “Emmanuel Macron, s’il a bien fermé la centrale de Fessenheim, n'a jamais caché son soutien à cette industrie.” Dans ce contexte, la France lance une grande offensive nucléaire soucieuse de son avenir énergétique (novethic).
    • Les appareils électroménagers peuvent avoir un impact environnemental néfaste. Dans ce contexte, conserver les appareils les plus longtemps possible demeure un enjeu important. Pour guider les consommateurs dans leur choix, deux mesures sont entrées en vigueur marquant la naissance de l’indice de réparabilité et la mise à jour de l’étiquette énergie (Agence Parisienne du Climat).