Paris (awp/afp) - Le mode "récession future" restait de mise sur les marchés jeudi, avec des baisses du côté des actions, du pétrole et des taux d'intérêt, après des commentaires du patron de la banque centrale américaine jugeant ce scénario possible.

En Europe, les indices ne cessaient de s'enfoncer depuis une ouverture en baisse. Vers 07H25 GMT (09H25 HEC), Paris perdait 1,09%, Londres 1%, Francfort 1,09% et Milan 1,12%.

En Asie, Tokyo a fini quasi stable (+0,08%) mais Shanghai (+1,62%) et Hong Kong (+1,56% dans les derniers échanges) ont été aidées par des déclarations du président Xi Jinping, selon l'analyste d'Oanda Jeffrey Halley.

Après avoir oscillé toute la journée entre territoire positif et négatif, la Bourse de New York a terminé en petite baisse mercredi.

Le patron de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a répété mercredi devant le Sénat américain sa détermination à combattre l'inflation. Mais il a admis qu'un atterrissage en douceur de l'économie américaine allait être "très difficile" et qu'une récession était "certainement une possibilité".

"La question de savoir si nous parviendrons" à juguler l'inflation sans tomber en récession "dépendra dans une certaine mesure de facteurs que nous ne contrôlons pas", a-t-il ajouté.

"Plus inquiétant, M. Powell a mentionné un autre risque : que la Réserve fédérale ne parvienne pas à rétablir la stabilité des prix et laisse l'inflation s'installer dans l'économie", affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Son audition devant le Congrès se poursuit ce jeudi, ce qui devrait "paralyser" les marchés qui "analyseront chacune de ses paroles", selon Jeffrey Halley, qui ne s'attend pas à de grands mouvements en amont de cette prise de parole.

Les commentaires de Jerome Powell interviennent au moment où d'autres économistes de premier plan tablent sur une récession.

L'ancien président de la Fed de New York, Bill Dudley, a déclaré qu'elle était "inévitable dans les 12 à 18 prochains mois".

"Après Deutsche Bank, Nomura ou encore Goldman Sachs, c'est maintenant au tour de Citigroup de prévoir une récession", avec une probabilité "proche de 50%, alors que les banques centrales resserrent leur politique monétaire et que la demande de biens s'affaiblit", affirme John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.

Le patron de Tesla Elon Musk, Jamie Dimon, patron de JP Morgan, et l'économiste Nouriel Roubini font partie des nombreuses personnes qui prévoient aussi une récession.

Tout cela faisait encore plus tomber les prix du pétrole brut. Le baril de Brent pour livraison en août reculait de 1,88% à 109,62 dollars et celui de WTI américain à même échéance cédait 1,90% à 104,17 dollars, vers 07H20 GMT.

Sur le marché obligataire, les taux d'intérêt souverains continuaient de baisser, "un signe que les investisseurs obligataires se cherchent une petite assurance contre la récession", décrypte Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Seulement une heure après l'ouverture du marché, les rendements des dettes européennes à dix ans perdaient déjà entre cinq et huit points de base vers 07H20 GMT.

Les investisseurs attendent jeudi la publication d'indice d'activité PMI de juin pour l'Allemagne, le Royaume-Uni, la zone euro et les États-Unis. En France, la croissance de l'activité dans le secteur privé a nettement ralenti en juin, selon cet indice.

Les minières encore à la peine

Déjà malmenées mercredi en raison de la baisse des cours des métaux de base, les valeurs minières continuaient de céder du terrain jeudi.

À Londres, Antofagasta cédait 2,01%, Anglo American 1,54%, Glencore 1,78% et Rio Tinto 1,68%. À Paris, ArcelorMittal perdait 2,21% et Eramet 4,45%.

Du côté des changes et du bitcoin

Le bitcoin remontait au dessus des 20.000 dollars (+3,21% à 20.495 dollars) vers 07H20 GMT.

L'euro reculait de 0,22% face au dollar à 1,0545 dollar pour un euro.

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