Que retenir d'une telle période ? Pas grand-chose pour l'instant, si ce n'est une réaction tardive et une impréparation flagrante de notre Société. Si vous m'accordez un peu d'attention, j'ai une anecdote à partager avec vous. Ceux qui me lisent régulièrement savent que je vis en Savoie "entre lac et montagne". Un endroit où il est très facile de se fournir en produits alimentaires locaux. Fruits, légumes, œufs, sans parler bien sûr du fromage et des salaisons (non, nous ne mangeons pas des raclettes toutes les semaines).

Episode 1. Il y a dix jours, je me rends dans une ferme voisine pour récupérer les rations familiales hebdomadaires. "On n'a plus de légumes, seulement des pommes", me répond la productrice. Pourtant, il y a des cagettes débordant de choux, de salades, de blettes et de poireaux un peu partout. "Ça, ce sont les commandes à distance", m'explique-t-on. Il aura suffi d'une annonce sur Facebook suite à la fermeture des marchés pour que ma ferme devienne une star de la vente à distance. "Même les pains de sucre qui nous restent sur les bras d'habitude sont tous partis. J'ai même plus une salade pour nous ce soir", ajoute mon interlocutrice. Mon statut d'habitué me permet de repartir avec 5 kg de pommes de terre ponctionnées "exceptionnellement" sur la réserve familiale, mais seulement après avoir respecté les gestes barrières affichés à l'entrée du hangar.

Episode 2. Leçon retenue. Cette semaine, je décroche mon téléphone pour passer commande. "On ne prend plus de commandes par téléphone, il faut passer par la boutique en ligne, c'est plus facile pour notre organisation", me répond la fille de la maraîchère. En dix jours, la ferme familiale est devenue une entreprise intégrée de production et de vente en ligne, qui s'est pliée aux contraintes sanitaires et qui organise même des tournées de livraison. A mon grand dam : quand je me suis connecté pour faire mes emplettes, plus aucun produit n'était disponible pour la semaine. Il me reste les patates pour pleurer (et sûrement un reblochon. Mais, non, nous ne mangeons pas de la tartiflette toutes les semaines).

Moralité. La crise actuelle est aussi une source d'opportunités, car elle dynamite la résistance au changement et nous force à nous adapter.

Pour une majorité d'économistes, ce nouveau trimestre est censé être celui qui verra la pandémie s'éteindre. Espérons-le. Et le plus tôt sera le mieux pour les employeurs et les travailleurs qui tremblent pour leur activité, pour les personnels soignants éreintés et pour les familles en deuil. Quels enseignements allons-nous tirer du grand coup de frein provoqué par le coronavirus ? "Beaucoup", répondent les naïfs, "aucun", leur répliquent les cyniques, pendant que les collapsologues ricanent. Les autres - moi, vous peut-être - ne savent pas trop. Pour l'instant, la maladie poursuit sa progression mais les moyens de lutte et la solidarité se renforcent.

Pour en revenir aux grandes affaires financières du jour, Donald Trump a quasiment proposé une médiation pétrolière à Moscou et Riyad. Les indicateurs PMI (moral des directeurs d'achats des entreprises) définitifs de mars seront sans doute horribles en occident. De plus en plus de sociétés renoncent à distribuer des dividendes, notamment dans le secteur financier, comme vous le verrez plus bas.

Le CAC40 perdait 3% à l'ouverture, autour de 4260 points. La progression du coronavirus aux Etats-Unis inquiète.

Les temps forts économiques du jour

C'est donc la journée des PMI manufacturiers finaux dans le monde, et ils ne seront pas beaux. Publications en matinée en Europe et dans l'après-midi aux Etats-Unis, à 15h45 pour le PMI Markit et à 15h00 pour le PMI de l'ISM. Au programme également, la consommation allemande (8h00), le chômage européen (11h00), puis aux Etats-Unis les dépenses de construction (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30). Ce matin, l'indice Tankan manufacturier japonais est passé en territoire négatif. Le PMI manufacturier chinois de Caixin et Markit est revenu en territoire d'expansion à 50,1 points, corroborant le PMI "officiel" publié la veille.

L'euro stagne à 1,1025 USD. L'once d'or rebondit légèrement après son recul de mardi, à 1582 USD. Le pétrole est relativement stable, à 20,51 USD pour le WTI et à 22,74 USD pour le Brent. L'obligation d'État américaine affiche un rendement en baisse à 0,65% sur 10 ans. Le Bitcoin perd du terrain à 6539 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aareal Bank : HSBC passe de conserver à acheter en visant 21 EUR.
  • Arbonia : Research Partners passe de conserver à acheter avec un objectif de cours ajusté à 9,50 CHF.
  • Codemasters : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 321 à 346 GBp.
  • DSM : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 147 à 130 EUR.
  • Fortum : HSBC passe de conserver à alléger en visant 12 EUR.
  • Fresenius Medical Care : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 80 à 70 EUR.
  • Fresenius SE : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 51 à 37 EUR.
  • La Française des jeux : AlphaValue passe de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 15,20 à 22,30 EUR.
  • Lanxess : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 70 à 40 EUR.
  • Novartis : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 105 à 95 CHF.
  • Safran : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 83 EUR.
  • Sixt : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 80 EUR.
  • Uniper : HSBC passe de conserver à alléger en visant 21 EUR.
  • Vifor Pharma : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 148 CHF.

L’actualité des sociétés

Les immatriculations de voitures neuves en France ont chuté de 72,25% en mars à cause du confinement, a annoncé le CCFA. L'Oréal finalise l'acquisition des marques Mugler et des parfums Azzaro. Moody's a abaissé de stable à négative la perspective d'évolution de la notation crédit AA3 de Total. La Société Générale renonce à son dividende 2019, comme Natixis, Sword, Eiffage, Groupe ADP, TF1Fiducial Office Solutions et Nexans. Gecina réduit le sien. Orange emprunte 1,5 Md€ sur le marché obligataire à 7 ans et 12 ans, avec des coupons respectifs de 1,25 et 1,625%. Plusieurs assemblées générales auront lieu à huis clos, notamment celles de SanofiNatixis, de Gecina et de la Société Générale. Elis, Osmozis, Generix, Fromageries Bel, Unibel, Noxxon, Balyo communiquent sur les conséquences du Covid-19. 19 pensionnaires d'un établissement Korian de Mougins décèdent du Covid-19. La famille Bourrelier conteste en justice la demande d'OPR de trois actionnaires de Bourrelier Group. Theranexus obtient des résultats concluants en phase II avec THN102 dans la maladie de Parkinson. La FDA autorise AB Science à recruter des patients pour la phase III de masitinib dans la Sclérose Latérale Amyotrophique. Eurobio Scientific lance le test automatisé MagLumi COVID-19 de son partenaire SNIBE pour la sérologie COVID-19. Pixium Vision dispose de nouveaux résultats porteurs pour son système Prima dans la DMLA sèche. Drone Volt réalise un placement privé de 0,41 M€. Amoeba amende ses accords avec la BEI et prépare une émission de BSA. Sergiy Bulavin prend la direction générale d'Agrogeneration. Safe Orthopaedics obtient l'homologation de SteriSpine PS 2e génération au Japon. Umalis songe à une augmentation de capital. Vergnet, Claranova, DLSI, Munic, Samse, Lebon, Altur, IT Link et Lumibird ont publié leurs comptes.

Xerox renonce à son offre hostile de 35 Mds$ sur HP Inc en raison des conditions de marché. Brembo a pris 2,43% du capital de Pirelli dans une approche "de long terme". Adidas abandonne son programme de rachat d'actions. Fiat Chrysler Automobiles n'a pas évoqué de retard dans le processus de rapprochement en cours avec Peugeot durant une téléconférence avec les syndicats mardi, a déclaré le syndicat italien de la métallurgie FIOM. Marriott International a fait état d'une nouvelle fuite de données clients massive, la 2e en 18 mois. News Corp vend son activité de coupons de réduction pour 235 M$ au fonds Charlesbank Capital Partners. Au Royaume-Uni, HSBC, Barclays, Lloyds Banking Group, Standard Chartered et Royal Bank of Scotland ont toutes suspendu le paiement du solde de leurs dividendes. La justice new-yorkaise va enquêter sur le licenciement du leader de la fronde des salariés des entrepôts logistiques d'Amazon.com. Asahi obtient un feu vert conditionnel de l'antitrust australien pour racheter les actifs locaux d'Anheuser-Busch Inbev. Macy's et Raytheon vont quitter le S&P500 au profit de Otis et Carrier Global.