New York (awp/afp) - Les Bourses mondiales ont nettement reculé jeudi, les investisseurs tablant sur plus de hausses de taux d'intérêt, compte tenu de l'inflation, et craignant un récession économique.

Les indices européens ont fini en nette baisse de 1,53% à Paris, de 1,71% à Francfort, de 2,40% à Milan et de 1,77% à Londres. Plus tôt ils ont perdu jusqu'à plus de 2%.

A New York, le Dow Jones a perdu 1,54%, l'indice Nasdaq a abandonné 2,84% et l'indice Standard & Poor's a cédé 2,11%.

Après la parenthèse de mercredi, qui avait vu un regain d'optimisme et d'appétit pour le risque, le S&P 500 a replongé et enregistré un nouveau plus bas de l'année en clôture. L'indice élargi n'avait plus terminé à cette profondeur depuis novembre 2020.

Sur le marché obligataire les rendements remontaient légèrement, proches de plus hauts datant d'au moins dix ans. Le taux allemand à dix ans, qui fait référence en Europe, valait 2,18%, contre 2,11% la veille au soir.

Le rendement des emprunts d'Etat américain à 10 ans est remonté à 3,77%, contre 3,73% mercredi.

Les investisseurs s'attendent à ce que l'action des banques centrales de lutte contre l'inflation se poursuive, avec de nouvelles hausses de taux risquant d'accentuer le risque de récession économique.

En Allemagne, la hausse de prix à la consommation a bondi en septembre à 10,0% sur un an, le taux le plus élevé depuis décembre 1951, en raison de la flambée des prix de l'énergie, selon des chiffres provisoires.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé jeudi le déblocage de 200 milliards d'euros pour précisément plafonner les prix de l'énergie.

Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez BNP Paribas, constate qu'en Allemagne, "la hausse des prix à la production atteint des niveaux historiques" et que "la revalorisation du salaire minimum en octobre va augmenter la pression sur les coûts", et donc les prix.

Au Royaume-Uni, la Première ministre Liz Truss a assumé les mesures "controversées et difficiles" prises par son gouvernement, malgré l'inquiétude qu'elles provoquent chez les investisseurs.

"On commence à voir un strabisme divergent entre une autorité monétaire qui veut lutter contre l'inflation quitte à tuer la croissance et le gouvernement qui prend des mesures budgétaires pour soutenir l'économie et sauver la croissance", souligne Lionel Melka, directeur de la recherche chez Homa Capital

Vers 20H55 GMT, la livre prenait 2,05% à 1,1113 dollar, après être tombée un peu plus tôt à 1,0763 dollar. L'euro gagnait 0,81% à 0,9814 dollar.

La distribution alimentaire voit rouge

Le secteur de la distribution alimentaire a reculé fortement jeudi sur les marchés européens, après que le groupe belge Colruyt a averti mercredi que son résultat consolidé allait diminuer "considérablement en 2022/23 par rapport à 2021/22" sous les effets de l'inflation. Son action a chuté de 23,27%.

Les titres de Carrefour (-5,56%), Casino (-5,89%), Sainsbury (-5,51%), Tesco (-5,30%) ont été emportés. Dans une moindre mesure, Walmart cédait 0,31% et Costco reculait de 1,41% à Wall Street deux heures et demie après l'ouverture.

Coup dur pour la "tech"

Des analystes de Bank of America ont abaissé leur recommandation sur l'action Apple qui a perdu 4,91%. Ils ont cité le ralentissement de la demande, qui a incité la firme à la pomme à revoir à la baisse ses objectifs de ventes d'iPhone pour le second semestre.

Autre ombre au tableau, le gel des embauches chez Meta (-3,67% à 136,41 dollars), annoncé en interne jeudi par le directeur général Mark Zuckerberg.

De manière générale, le secteur technologique, à la fête mercredi, était de nouveau sanctionné. Alphabet (-2,63%), Nvidia (-4,05%) et Tesla (-6,81%) ont été particulièrement malmenés.

Porsche fait du zigzag pour son premier tour de Bourse

Le constructeur de la 911, Porsche AG, a fini son premier jour de cotation à 82,48 euros, soit pratiquement au niveau du prix d'introduction à 82,50 euros et après une ouverture pétaradante à 84 euros.

La holding Porsche a dévissé de 10,93%, de même que l'empire automobile sous son contrôle, Volkswagen (-6,85%).

Baisse du pétrole

Les cours du pétrole ont reculé jeudi, influencés par le coup de grisou sur Wall Street, nourri par l'angoisse d'une récession à venir qui contracterait la demande d'or noir.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a cédé 0,92% pour clôturer à 88,49 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également avec échéance en novembre, a lui perdu 1,11%, à 81,23 dollars.

afp/al