J'ai envie de parler des mots ce matin. "Catastrophique", "historique", "sans précédent", "quel qu'on soit le prix", "jamais vu", "récession", "inquiétant", "abandonne", "interdiction", "suspension", "fermeture", "grave", tension", "report", "annulation", "sauvetage", "jusqu'à nouvel ordre", "guerre", "nationalisation"… Voici un florilège des mots que l'on retrouve sur les douze dernières heures dans les titres des agences de presse en français. J'ai même croisé un "apocalypse" qui se promenait.

Je crois que tout le monde a maintenant compris que la situation sanitaire et économique est gravissime, même ceux qui ont été un peu longs à la détente. Les mots sont importants. L'idée de recenser cette sémantique m'est venue en écoutant Bruno Le Maire parler des sociétés françaises "attaquées" qu'il faut "défendre". Soyons clairs, les sociétés françaises sont "attaquées" par les Chinois, les spéculateurs ou les martiens. Toutes les entreprises du monde sont logées à la même enseigne et les sociétés cotées baissent essentiellement parce que les investisseurs ont peur de l'avenir.

Si j'avais titré ce matin "Le bain de sang n'est pas fini sur les marchés", j'aurai probablement doublé mon lectorat et amélioré mes partages sur les réseaux sociaux. Mais je n'ai pas envie de participer à la surenchère.

Alors concentrons-nous sur le plan. Car il y a un plan. Voilà le scénario : pour lutter contre la propagation du virus, il faut isoler au maximum les humains les uns des autres pendant une période de temps indéterminée mais qui durera plusieurs semaines. Pendant ce laps de temps, l'économie mondiale est mise en sommeil et les Etats assument leurs responsabilités en prenant en charge le coût de la quarantaine, pour minimiser les dommages sur les entreprises et assurer les besoins fondamentaux de leurs citoyens.

Je ne suis pas un perdreau de l'année : plus il faudra de temps pour éradiquer l'épidémie, plus les dommages économiques et sociaux seront élevés. Mais le plan existe et les Etats s'y rallient tous progressivement. Et nous ne sommes pas à l'abri de quelques évolutions positives dans les semaines à venir. 

On retiendra ce matin que les Etats-Unis ont déployé un plan de soutien massif avec des mesures tous azimuts. L'Administration pourrait même faire un chèque d'un millier de dollars directement à chaque Américain pour l'aider à traverser le tumulte. Les plans annoncés dans plusieurs pays, France en tête, sont crédibles et largement dotés. En Europe, des mesures de stabilisation des marchés ont été prises. L'AMF a par exemple banni pour un mois la vente découvert (nouvelles positions et accroissement des positions existantes).

Le CAC40 perdait environ 2,3% à 3900 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

A 11h00, Eurostat publiera la version définitive de l'inflation du mois de février et les données sur le commerce extérieur de l'Union européenne. Aux États-Unis, les permis de construire et les démarrages de chantier (13h30) précéderont les stocks pétroliers hebdomadaires (15h30).

L'euro a perdu du terrain à 1,1031 USD. L'once d'or recule à 1530 USD. Le baril, à nouveau chahuté, reprend 2% à 27,12 USD le brut léger américain WTI et à 29,12 USD le Brent de mer du Nord. Le rendement du T-Bond 10 ans remonte à 1%. Le Bitcoin est relativement stable à 5400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : DZ Bank passe de conserver à acheter en visant 210 EUR.
  • Air France-KLM : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 4,50 EUR.
  • Airbus : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre avec un objectif ramené de 95 à 68 EUR. LBBW passe d'achat à vendre en visant 51 EUR.
  • Amundi : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours abaissé de 85 à 65 EUR.
  • Antofagasta : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 760 GBp.
  • Beiersdorf : Jefferies passe d'alléger à conserver en visant 90 EUR.
  • Belimo : Berenberg passe de conserver acheter avec un objectif de cours relevé de 6630 à 7750 CHF.
  • Coloplast : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 813 DKK.
  • Compass : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 1600 GBp.
  • Danone : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 78 à 68,75 EUR.
  • Dixons Carphone : HSBC passe de conserver à acheter en visant 160 GBp.
  • Erytech : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 23 à 20 EUR.
  • Forbo : Research Partners réduit son objectif de cours de 1500 à 1200 CHF.
  • HelloFresh : Morgan Stanley passe de pondération en ligne surpondérer.
  • Iliad : New Street Research passe de neutre à achat en visant 145 EUR.
  • Lufthansa : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 9,60 EUR.
  • LVMH : SBG Securities passe de conserver à acheter en visant 366 EUR.
  • Pandora : SEB Equities passe de vendre à conserver en visant 200 DKK.
  • Reckitt Benckiser : Jefferies passe d'alléger à conserver en visant 5275 GBp.
  • SAS : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 9 SEK.
  • Siemens Healthineers : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 36 EUR.
  • Sodexo : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 73 EUR.
  • Wacker Chemie : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 70 à 44 EUR.
  • Wirecard : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 168 à 132,80 EUR.
  • Wizz Air : HSBC passe de conserver à acheter en visant 2800 GBp.
  • Worldline : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 74 à 60 EUR.

L’actualité des sociétés

Sodexo a réalisé des performances conformes aux attentes à l'issue de son premier semestre fiscal, et prend les mesures qui s'imposent face au coronavirus, qui force l'entreprise à abandonner ses objectifs annuels, sans surprise. L'Oréal a publié un communiqué extrêmement confiant hier sur l'évolution de son activité, en soulignant que l'expérience des précédentes épidémies montre qu'après la période de turbulence, la consommation de produits de beauté repart fortement. Le groupe s'estime même en mesure de faire progresser son activité et son chiffre d'affaires cette année, à condition que l'épidémie n'excède pas quelques mois et se déroule comme les précédentes. Toutes les entreprises adaptent leur organisation et je ne citerai pas tous les communiqués parus, mais sachez que Sartorius Stedim Biotech repousse son assemblée générale, que Total réduit ses capacités de raffinage ou qu'Elior, Fnac Darty, Plastiques du Val-de-Loire, Bénéteau, Elis ou Metabolic Explorer mettent en œuvre tous les outils possibles pour protéger les opérations. Covivio renonce à ses objectifs, Manitou ferme ses sites. Tarkett renonce à son dividende. OSE Immuno et Servier amendent leurs accords sur OSE-217, avec un paiement prévu de 5 M€ pour OSE au lancement de la phase II dans la maladie de Sjögren, plus 15 M€ si Servier lève l'option à l'issue des deux études de phase II prévues. Econocom International ne rachètera pas les 5,4% d'Econocom à Walter Butler, faute de financement pour l'instant.  Inventiva a réalisé la dernière visite de patient pour son étude clinique de phase IIb avec lanifibranor dans la NASH, si bien que les résultats devraient être disponibles en juin. Le Bélier, Nanobiotix, Orpea, Esso, ID Logistics et Visiativ ont publié leurs comptes.

Boeing a demandé aux autorités une aide de 60 Mds$ pour l'industrie aéronautique américaine, afin de faire face aux conséquences de l'épidémie de coronavirus. FedEx renonce à ses prévisions 2020. United Airlines réduit ses liaisons internationales de 85% en avril. AbbVie et Allergan ont obtenu le feu vert conditionnel à leur rapprochement de la part de la FTC américaine, qui exige des cessions, ce qui pourrait profiter à Nestlé, qui lorgne Zenpep. HSBC nomme, avec effet immédiat, Noel Quinn comme directeur général, lui qui assurait l'intérim depuis l'éviction de John Flint. SIX plafonne à 18% les pondérations de Roche et de Nestlé au sein du SMI, car les deux titres pesaient plus de 20% de l'indice chacun mardi soir. Facebook va verser une prime exceptionnelle de 1000 USD à chacun de ses salariés dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le coronavirus.