Francfort (awp/afp) - Baptême contrarié à la Bourse de Francfort : l'indice Dax s'est enfoncé dans le rouge lundi, pour le premier jour d'un passage de 30 à 40 valeurs censé dynamiser la place allemande mais assombri par les turbulences affectant le groupe chinois Evergrande.

La plupart des dix entreprises promues dans l'indice vedette ont dévissé, à l'image de l'équipementier sportif Puma (-1,75 à 99,22 euros) ou du site de commerce en ligne Zalando (-4,41% à 90,91 euros).

Le Dax nouvelle formule a terminé en repli de 2,3% à 15,132.06 points, un plus bas depuis juillet. Il a brièvement lâché plus de 3% en cours de séance avant de se reprendre.

"L'euphorie de la réorganisation du Dax s'est donc déjà éteinte dès le premier jour officiel de cotation", observe l'analyste Andreas Lipkow.

"Les banques et les valeurs financières en particulier souffrent de la spéculation entourant l'insolvabilité du groupe immobilier chinois Evergrande", ajoute-t-il.

Tous les marchés boursiers mondiaux étaient affectés lundi par la même volatilité.

L'élargissement du Dax à quarante valeurs, décidé l'an dernier, est censé lui donner un coup de jeune, mieux refléter la diversité de l'économie allemande et l'aligner sur les standards internationaux.

Côté jeunes pousses, deux entreprises du numérique - Zalando et le livreur de repas Hellofresh - intègrent l'élite boursière.

Le secteur de la santé, en pleine croissance, se renforce avec l'intégration du technicien médical Siemens Healthineers, de l'équipementier de laboratoire Sartorius et de la société de biotechnologie Qiagen.

Mais "la vieille économie" n'a pas dit son dernier mot avec Airbus, le leader mondial de la distribution de produits chimiques Brenntag et la holding Porsche SE. Autre promu connu: l'équipementier sportif Puma retrouve son frère ennemi Adidas en première ligue boursière.

Le Dax s'offre donc un lifting mais pas de révolution et reste dominé par l'industrie traditionnelle, notamment les poids lourds de l'automobile (Volkswagen, BMW, Daimler) ou de la chimie (BASF, Bayer, Henkel), membres historiques de l'indice.

Sans BioNTech

Malgré la réforme, "l'indice manque surtout de jeunes membres issus des secteurs technologiques", notent les analystes de CMC Markets. A Wall Street, les géants technologiques comme Facebook, Amazon et Netflix forment le fer de lance des cotations boursières.

"Apple vaut actuellement plus en Bourse que l'ensemble du Dax 40", selon CMC Markets qui y voit un symbole "du retard" pris par la Bourse de la 4e puissance économique mondiale.

Le nom de Siemens apparaît même désormais trois fois. À côté de la maison-mère Siemens, pilier du Dax, la société de technologie énergétique Siemens Energy avait rejoint l'indice en mars, et est désormais flanquée de Siemens Healthineers.

Les dix nouveaux membres du Dax ont un poids limité, estimé à environ 15% du nouveau Dax. Airbus à lui seul en représente environ 5%.

Aspect complémentaire de cette réforme du Dax, de nouvelles règles de gouvernance sont entrées en vigueur dans la foulée du scandale Wirecard et de la faillite retentissante de cette entreprise de paiements en ligne en juin 2020.

Cette start-up de la finance était entrée triomphalement au Dax à peine deux ans auparavant.

Désormais, les candidats au Dax doivent présenter deux ans de bilan opérationnel positif (Ebitda) et un niveau minimal de liquidité.

Au risque de laisser filer de futures stars ? Ainsi, la société allemande BioNTech, qui a développé avec Pfizer l'un des premiers vaccins contre le Covid-19, a choisi - comme beaucoup de licornes européennes - de s'introduire au Nasdaq en octobre 2019.

Elle n'avait à l'époque jamais réalisé de bénéfices. Grâce à la réussite du vaccin, son cours a été multiplié par six en un an et le jeune laboratoire, devenu rentable en 2021, est l'une des biotechs les plus prometteuses.

afp/rp