LONDRES (Reuters) - Jusqu'à un demi-million d'enseignants, de fonctionnaires, de conducteurs de train et de professeurs d'université ont cessé le travail mercredi en Grande-Bretagne pour réclamer des hausses de salaires, la plus grande grève interprofessionnelle depuis au moins 10 ans dans le pays.

Ces débrayages massifs ont entraîné des fermetures d'écoles et l'interruption de la plupart des liaisons ferroviaires, tandis que l'armée a reçu l'ordre de se tenir prête à venir en aide pour le contrôle des frontières.

Environ 300.000 enseignants devaient faire grève ce mercredi, la plus importante catégorie mobilisée pour cette journée d'action réunissant 500.000 personnes.

Mary Bousted, secrétaire générale du Syndicat national de l'éducation, a déclaré à Reuters que les adhérents de son organisation estimaient qu'ils n'avaient d'autre choix que de faire grève.

"Il y a eu au cours des 12 dernières années une baisse vraiment catastrophique de leur salaire sur le long terme", a-t-elle dit devant une école du sud de Londres.

"Aucune des personnes derrière moi ne veut être en grève aujourd'hui mais elles disent, à contrecoeur, que ça suffit et que les choses doivent changer."

Avec une inflation de plus de 10%, la Grande-Bretagne connaît une succession de grèves dans de nombreux secteurs, de la santé aux transports en passant par les employés des entrepôts d'Amazon et du service postal de Royal Mail.

La ministre de l'Education, Gillian Keegan, a réaffirmé mercredi la position de fermeté du gouvernement, selon lequel céder aux revendications salariales des fonctionnaires ne ferait qu'alimenter l'inflation.

"Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est accorder des augmentations de salaires qui font grimper l'inflation à une partie de la population mais qui aggravent l'inflation pour tout le monde. Ce n'est pas une chose sensée à faire sur le plan économique", a-t-elle déclaré à la BBC.

L'impact financier des grèves en Grande-Bretagne au cours des huit derniers mois est estimé par le cabinet de conseil Centre for Economics and Business Research (CEBR) à environ 1,7 milliard de livres (1,92 milliard d'euros), soit environ 0,1% du PIB.

Selon ce cabinet, l'impact des grèves des enseignants s'élèverait à environ 20 millions de livres par jour.

Ces grèves pourraient aussi avoir un coût politique pour le gouvernement du Premier ministre Rishi Sunak.

Son Parti conservateur accuse un retard d'environ 25 points sur l'opposition travailliste dans les sondages et les enquêtes d'opinion indiquent que les Britanniques considèrent que le gouvernement gère mal ce mouvement de contestation.

Les grévistes, qui disent avoir de plus en plus de mal à supporter la flambée de leurs factures énergétiques et des prix alimentaires, exigent des augmentations de salaire supérieures à l'inflation.

D'autres débrayages sont prévus la semaine prochaine dans le secteur de la santé, notamment de la part des infirmiers, des ambulanciers, des auxiliaires médicaux, des employés des centres d'appels d'urgence, soutenus également par les pompiers.

(Reportage Michael Holden, Alistair Smout, William Schomberg et Natalie Thomas; Version française Kate Entringer)

par Michael Holden et Yadarisa Shabong