Vendredi 16
juillet
Le point hebdo de l'investisseur
intro La semaine a été dense pour les marchés, qui ont croulé sous les indicateurs macroéconomiques et les premiers résultats semestriels. La lancinante thématique de l'inflation est revenue sur le devant la scène, mais les inquiétudes se sont rapidement dissipées grâce à l'intervention de Jerome Powell, qui a réitéré que la hausse des prix sera temporaire. La Réserve Fédérale n'est donc pas prête de couper son soutien et les marchés actions s'y accommodent parfaitement même si ces derniers plafonnent.
Indices

Les indices boursiers restent globalement bien orientés mais semblent manquer de catalyseurs pour poursuivre leur ascension. Les variations hebdomadaires sont par conséquent restées étroites un peu partout sur le globe, à l'exception du Hang Seng qui a vigoureusement rebondi de 2.7% à cinq séances.

Ailleurs en Asie, le Nikkei est resté relativement stable puisque l'indice nippon a seulement grappillé 0.22% sur la semaine à 28.000 points.
Sur le vieux-continent, l'heure est à la consolidation. Le CAC40 cède 0.5% tandis que ses homologues suisse et allemand affichent des scores hebdomadaires pratiquement nuls. Concernant les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne et le Portugal sont quelque peu à la traîne, avec des reculs respectifs de 2.2% et 0.9%.

L'ambiance est plus chaleureuse outre-Atlantique, où les indices américains ont inscrit de nouveaux zénith. A l'heure de la rédaction de ces lignes, le S&P500 et le Nasdaq100 s'apprêtent toutefois à terminer la semaine sur une note stable tandis que le Dow Jones progresse de 0.3%.


L'IBEX sous-performe le CAC et le DAX

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Matières premières

L'OPEP+ cristallise toutes les tensions au sein des marchés pétroliers, qui se dirigent vers une nouvelle séquence hebdomadaire baissière. L'incertitude autour des négociations, ou plutôt l'impossibilité pour les membres du cartel de trouver un consensus sur l'évolution de la production pèse sur les cours. Le risque d'une guerre de production fait craindre un scénario à la mars 2020, lorsque l'Arabie Saoudite avait décidé de manière unilatérale d'augmenter sa production suite à l'échec des discussions avec la Russie. Le WTI se négocie autour de 71.5 USD tandis que le Brent s'échange au-dessus de 73 USD.

L'or reprend des couleurs grâce à la détente des rendements obligataires et plus particulièrement des taux réels qui s'enfoncent en territoire négatif de jour en jour. Le rendement réel du T-Bonds américain avoisine les -0.4% aujourd'hui, contre 0.0% en avril dernier. Il faudra ainsi débourser 1820 USD pour une once d'or, tandis que les cours de l'argent poursuivent leur évolution à plat à 26 USD.

Les métaux industriels restent bien orientés, soutenus par de bons indicateurs de performance en Chine. L'étain s'est nettement démarqué puisque le métal roi des nouvelles technologies a atteint son niveau historique de 2011 à 34.000 USD la tonne métrique.

L'ambiance est également à la fête du côté des matières premières agricoles, qui ont rebondi cette semaine. Le blé progresse de près de 5% à 645 cents le boisseau tandis que le maïs avance de 3.2% à 680 cents. A relever le gros décrochage du bois de charpente, qui chute lourdement à 490 USD les mille-pieds-planches.


Le cours de l'étain atteint des sommets

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Marchés actions

ArcelorMittal

Le spécialiste de l'acier carboné continue sa progression du premier trimestre, et signe une progression de 40% depuis le début de l'année, soutenu par une reprise de l'économie et de la demande chinoise. ArcelorMittal réalise une hausse de 150% sur un an glissant, portée par un projet de désendettement et une bonne répartition de ses ventes géographiquement.

C'est une bonne semaine pour le secteur de l'industrie. Le géant de la sidérurgie s'adjuge une performance de près de 6%, sur la séquence hebdomadaire. Une variation en partie boostée par la bonne statistique de production industrielle chinoise, qui a tiré à la hausse le cours du minerai de fer.

Le leader de l'acier publiera ses résultats le 29 juillet prochain. Le consensus d'analyste s'attend à une nette amélioration des lignes du compte de résultats, avec notamment un EBITDA qui devrait augmenter de 40% par rapport au trimestre précédent. La société présente de faibles multiples de valorisation : Le titre se négocie seulement 3,2 fois son bénéfice net, contre une moyenne de 8 sur les onze dernières années.


Evolution du cours de bourse d'ArcelorMittal

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Macroéconomie

La semaine fut riche en événements. D'abord, l'annonce d'une inflation américaine du mois de juin qui s'est établie à 0,9% sur un mois et 5,4% sur un an, significativement au-dessus des craintes du marché. Les prix étaient en surchauffe dans plusieurs domaines, notamment l'énergie et l'automobile. Depuis quelques semaines, la bataille fait rage entre ceux qui pensent que l'accélération de l'inflation est durable et ceux qui la jugent provisoire. La banque centrale américaine fait partie du second camp. Son patron Jerome Powell a réitéré mercredi ses appels au calme, en estimant que l'évolution des prix ne nécessitera pas une action brutale de ses services sur les quantités de liquidité en circulation. Malgré les signaux de surchauffe, une partie du marché souscrit à ce scénario, comme le montrent les taux réels aux Etats-Unis ou le taux du 10 ans, qui est resté relativement calme entre 1,3 et 1,4% en dépit du nouveau dérapage inflationniste.

Jeudi, la Chine était le premier grand pays à annoncer son PIB du second trimestre. La dynamique était encore au rendez-vous avec une hausse de 7,9% sur un an, légèrement plus faible que prévu (8%) mais sans trop d'éléments négatifs. Un bémol toutefois, un marché automobile contraint par les pénuries de semiconducteurs, une tendance visible un peu partout sur la planète.

Jeudi toujours, la Commission européenne a dévoilé son grand projet de lutte contre le changement climatique, qui passe par des mesures spectaculaires, comme la disparition des véhicules thermiques neufs à compter de 2035 ou la taxation des produits importés depuis des pays moins regardants sur les critères environnementaux. Les acteurs économiques, notamment ceux de l'industrie des transports, ne manqueront pas de militer pour un assouplissement. Mais le coup est parti et l'UE veut faire de la région une zone pilote pour le reste du monde.
Sur le marché des changes, l'euro reste sous pression face au billet vert à 1,1796 USD, après avoir tenté de remonter au-dessus de 1,18 USD. Le paternalisme monétaire de Jerome Powell n'a même pas pesé sur le billet vert, qui a retrouvé des couleurs depuis la mi-juin. Une tendance renforcée par les craintes de propagation du variant delta du coronavirus, qui provoque un regain d'aversion au risque. On retrouve cet appétit pour le greenback sur le cable, puisque la livre sterling reste clouée autour de 1,38 USD, en dépit des commentaires de plusieurs banquiers centraux britanniques en faveur d'une réduction du programme de soutien économique. Dans le même registre, le dollar néozélandais (NZD) a fortement progressé mardi après la décision de la banque centrale de mettre fin dès le mois en cours au programme de soutien. Mais il a rendu par la suite un peu de terrain à 0,7006 USD.

Pour terminer, quelques mots sur les taux européens avec l'OAT française qui revient en territoire négatif à -0,01%, tandis que le Bund et le 10 ans suisse évoluent autour de -0,35%. Le T-Bond 10 ans US s'établit à 1,33%, entraînant un rendement réel de -0,4%.
En attente de catalyseurs

Cette semaine, les indices ont éprouvé des difficultés à trouver de nouveaux catalyseurs haussiers. La semaine prochaine, les marchés comptent sur les premières publications de grandes capitalisations mondiales pour le second trimestre. Côté macro, il faudra attendre jeudi pour bénéficier des conclusions de la BCE au sujet de la révision des taux directeurs et vendredi pour voir l'indicateur PMI Flash Manufacturier du mois de juillet. Les investisseurs les moins confiants commencent à avoir le vertige sur les sommets actuels. Le vrai risque réside cependant dans le changement de la politique monétaire des banques centrales. Pour l'instant, le beau temps persiste au moins sur les marchés.