Merval Buenos Aires, attention au piège de l’inflation

La dette de l’Argentine s'élève à 324 Mrds $, soit près de 90% du PIB : pour la neuvième fois de son histoire, le pays se trouve en défaut de paiement. Le 22 mai dernier, il n’a pas honoré une échéance de 500 M$. Cela fait maintenant plusieurs mois que l’Argentine est en négociation pour restructurer une partie de sa dette, environ 66 Mrds $. La proposition initiale du gouvernement au créanciers était une offre de remboursement de 39$ pour chaque tranche de 100$ d’obligation, avec un délai de grâce de 3 ans. Autrement dit, une perte de 61% pour les porteurs, qui ont rejeté cette proposition. 

L’exécutif argentin a présenté début juillet son offre “définitive” et propose désormais de restituer 53,5$ pour 100$ de la valeur nominale des obligations avec un délai de grâce ramené à 1 an. Le verdict est tombé en début de semaine. Les créanciers rejettent cette offre alors que la deadline pour parvenir à un accord est fixée au 4 août. On peut supposer que cette date-butoir sera repoussée. 

Mais en tout état de cause, l’Argentine se trouve toujours en mauvaise posture. Le pays est en récession depuis 2018 et doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Le taux d’inflation atteint 41% en juin après un pic de 54% l’été dernier. Par conséquent, le peso argentin perd de sa valeur et les citoyens voient leur pouvoir d’achat diminuer. 35% à 40% de la population serait désormais sous le seuil de pauvreté. 

Comment se reflète cet état économique sur le Mercado de Valores, la Bourse de Buenos Aires ?

Sur 2020, le Merval (en devise locale) est dans le haut du classement des indices mondiaux, juste derrière le NASDAQ 100, avec une performance de plus de 17%. 

Le taux d’inflation étant élevé, les argentins fuient le peso et recherchent des actifs plus rémunérateurs afin d’éviter l’érosion du capital. Ils se tournent donc vers les valeurs mobilières et tirent les cours de bourse à la hausse. 

Ainsi, la poussée haussière du Merval depuis le début de l’année est à relativiser. Si l’on affiche l’indice Argentin en US dollar, son cours est quasi flat avec un rendement de -0,51%. Tout de suite moins intéressant… et ce n’est pas fini.

Si l’inflation peut être favorable pour le marché boursier, le rendement réel ne représente pas la variation nette des cours. Le bénéfice réel est la différence entre la variation du cours et l’inflation. Ainsi, sur 2020, la progression réelle en peso argentin est de -24% (17 - 41) et de -40,5% en dollar. Attention donc à ne pas se laisser séduire par de belles performances sur le papier.

Parmi les plus fortes baisses de l’indice sur les 5 derniers jours, on retrouve trois sociétés du secteur de la distribution d’énergie : Compania de Transporte de Energia (-8%), Pampa Energia (-7,93%) et Transportadora de Gas del Sur (-7,26%).

Dans le palmarès des plus fortes hausses, les secteurs sont divers : Sociedad Comercial del plata (+9,93%), une holding qui opère dans la construction, le pétrole, le transport, l’immobilier, le divertissement et l’agroalimentaire ; Mirgor (+6,59%) un fabricant de produits électroniques ménagers et enfin, Ternium Argentina un spécialiste de la sidérurgie (+5,88%).

Good Morning Vietnam

Le Vietnam fait partie des pays dont la croissance est la plus rapide au monde. En 2019, le PIB a atteint 261 milliards de dollars, en croissance de 7%. En dépit du coronavirus et de toutes ses conséquences économiques, le PIB vietnamien a gardé la tête hors de l’eau, préservant une croissance symbolique de 0.36% au second trimestre 2020. L’industrie des services est sa principale source de revenus (entre 40 et 45%), suivie de près par l’industrie manufacturière (entre 30 et 35%), mais l’agriculture emploie quasiment 40% de la population, avec néanmoins une faible participation au PIB. Enfin, le Vietnam fait partie des plus grands pays producteurs de pétrole d’Asie du Sud-Est et a donc été exposé à la forte chute du prix du pétrole.

Les principaux partenaires commerciaux du Vietnam sont la Chine (balance commerciale négative) et les États-Unis (balance commerciale positive). Le pays est donc fortement impacté par les variations de ces deux devises. Par ailleurs, au cours de l’année, la banque centrale vietnamienne a procédé à deux baisses de taux (en mars et en mai), faisant passer le taux de refinancement de 6%, à 4.5%.

Ces dernières semaines, la Dong vietnamienne s’est fortement dépréciée par rapport au Yuan, engendrant une inflation des importations chinoises, mais sa progression face au Yuan semble se stabiliser.

De variations qui semblent plus ou moins corrélées avec l’évolution du Hô Chi Minh Stock Index.

 En dehors des devises, l’accroissement des tensions sino-américaines tend à engendrer des pressions baissières sur l’indice. Ainsi, les jours de tensions, comme c’était le cas à la mi-juin, lorsqu’un avion militaire américain a survolé Taiwan, le VNINDEX a tendance à se contracter. Par conséquent, les fermetures des consulats, le discours de Mike Pompeo en fin de semaine dernière, expliquent en partie la baisse de 6.3% qui s’est opérée au cours des 5 dernières séances.

Sur le plan technique, l’indice a rompu l’oblique haussière sur laquelle il évoluait, venant finalement se poser dans la 800-780 points, représentant le gap (refermé depuis) du début du mois de mars. Une cassure de cette zone devrait entraîner une chute jusqu'à 750-760 points. En revanche, si les cours parvenaient à s’extraire par le haut, ils viendraient affronter la résistance des 825 points. 

Un peu de recul
Pour finir, voici un petit récapitulatif des variations des principaux indices du monde, au cours de leurs cinq dernières séances de cotation.