Zurich (awp) - Après l'échec de la veille, la Bourse suisse tentait une nouveau rebond mercredi, le SMI parvenant à maintenir ses gains à l'approche de la mi-journée, non sans un bref passage dans le rouge. Toujours prudents, les investisseurs se concentreront ce jour sur la très attendue réunion du Comité monétaire de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), laquelle devrait déboucher sur une hausse des taux directeurs, tout comme une violente réaction des marchés.

Toutes les options sont sur la table quand il s'agit de hausse de taux: 50 points de base, 75, 100 voire plus. La réaction des marchés devrait être très violente (à la hausse comme à la baisse), écrit John Plassard, de Mirabaud Banque. "Selon le dernier procès-verbal de la Fed la 'plupart des participants' ont estimé que de nouvelles augmentations d'un demi-point de pourcentage seraient 'probablement appropriées' lors des prochaines sessions de la Fed en juin et juillet", observe l'expert.

"On peut ainsi imaginer qu'une hausse de 75 points de base (ou 100 points) ce soir pourrait être interprétée de plusieurs manières. D'une part, comme une banque centrale qui commence à paniquer face à la progression de l'inflation (ce qui pousserait les indices vers de nouveaux plus bas annuels) ou d'autre part comme une Fed qui prend la mesure de l'ampleur du 'problème' en utilisant la 'fenêtre de tir' qui est encore ouverte (avant qu'il ne soit plus possible de monter les taux face à la baisse de la vigueur économique), ce qui serait favorablement pris par les investisseurs", ajoute M. Plassard.

La Banque centrale européenne (BCE) tenait mercredi matin une réunion exceptionnelle, une semaine après avoir annoncé un resserrement de sa politique monétaire pour combattre l'inflation qui s'est accompagné d'un écart accru des coûts d'emprunt entre les Etats de la zone euro.

Outre la décision de la banque centrale américaine, les investisseurs attendaient aussi la publication des ventes au détail aux Etats-Unis. En Chine, ces dernières se sont contractées en mai pour le troisième mois d'affilée, mais de façon moins abrupte. Le phénomène reflète la levée de restrictions sanitaires. En Suisse, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) voit les nuages s'amonceler pour l'économie et révise ses attentes de croissance à la baisse pour cette année, relevant celles de l'inflation.

Après avoir débuté la séance en hausse de 0,75%, le SMI a vu ses gains initiaux s'étioler progressivement, effectuant un bref passage dans le rouge après moins d'une heure de négoce, avant de repartir en nette hausse. Vers 10h50, l'indice phare notait à 10'776,32 points, en progrès de 0,72%, plus trop éloigné du plus haut de la matinée de 10'803,20 points atteint dans les premiers échanges.

Le SLI gagnait quant à lui 1,14% à 1673,34 points et l'indicateur élargi SPI 0,65% à 13'852,72 points. Sur les trente valeurs constitutives du SLI, seule quatre, dont cependant les deux poids lourds Roche (-0,1%) et Nestlé (-0,8), subissaient des pertes, les 26 autres gagnant du terrain. Alcon (-1%) héritait de la lanterne rouge, derrière la nominative du géant veveysan de l'alimentation et celle de Givaudan (-0,4%).

Autre principale capitalisation du marché helvétique, Novartis s'en sortait mieux, prenant 0,6%. En haut de tableau, Julius Bär décollait de 3,4%, suivi de près par Adecco (+3,2%) et, plus loin Swiss Re (+2,8%). Les autres valeurs financières progressaient aussi nettement, Swiss Life prenant 2,7%, Zurich Insurance et UBS 2,3% chacun, ainsi que Partners Group 2,1%. Credit Suisse était en revanche un peu plus à la peine (+0,1%).

Du côté du marché élargi, Clariant bondissait de 3,2%. Le chimiste de spécialités bâlois a réalisé au premier trimestre 2022 un chiffre d'affaires en hausse, avec à la clé une marge d'exploitation plus élevée qu'attendu. Le groupe de Muttenz entend continuer d'améliorer ses marges cette année et confirme ses objectifs jusqu'en 2025.

Autoneum (-2,7%) était en revanche chahuté. Le sous-traitant automobile de Winterthour a modéré sa feuille de route à court terme, invoquant un impact délétère de la guerre en Ukraine, de l'accélération de l'inflation ou encore des reconfinements en Chine. Ces développements auront dans l'immédiat réduit à néant la rentabilité opérationnelle, avec une marge Ebit tout juste à l'équilibre sur les six premiers mois de l'année.

Wisekey lâchait 1,4%. Le spécialiste genevois de la cybersécurité a annoncé qu'il allait réduire le nombre de ses American depositary shares (ADS) cotées au Nasdaq sous le code WKEY. Le nombre d'ADS détenues sera ajusté après la cloche de clôture le 22 juin prochain.

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