Zurich (awp) - Après avoir échoué de peu à clôturer dans le vert la veille, la Bourse suisse ne parvenait toujours pas à s'extraire du rouge mercredi à l'approche de la mi-journée. Face à des perspectives demeurant floues et aux craintes de récession, les investisseurs redoublaient de prudence, alors que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, doit s'exprimer en soirée devant le Sénat.

La baisse des cours boursiers fait écho à la hausse des valeurs refuges telles que les bons du Trésor, commente Pierre Veyret, chez Activtrades. "Les investisseurs ont choisi de prendre des bénéfices sur les actifs à risque après le rebond d'hier, car les perspectives économiques à court et à long terme restent floues jusqu'à présent".

Les opérateurs de marché craignent que la Réserve fédérale n'aille trop vite avec sa nouvelle politique de resserrement, augmentant ainsi les chances d'un "atterrissage brutal" alors qu'une récession se profile, ajoute l'expert. En outre, l'un des sujets les plus importants pour beaucoup est lié à la situation des marchés de la dette. La plupart des investisseurs attendent toujours de voir comment la BCE et la Fed parviendront à stabiliser ces marchés sans augmenter l'inflation, sujet qui risque de devenir de plus en plus crucial à mesure que nous avançons dans la période estivale.

En attendant, certaines réponses pourraient être apportées aujourd'hui alors que Jerome Powell se prépare à témoigner devant le Sénat américain plus tard dans l'après-midi.

Sur le front des données macroéconomiques, l'inflation a encore accéléré à 9,1% en mai sur douze mois au Royaume-Uni et reste à un record en 40 ans. En Suisse, les chercheurs de l'institut de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Epfz) ont abaissé leurs prévisions de croissance pour 2022 et 2023. Cette année, le PIB de la Suisse devrait croître de 2,8%, contre 3% attendu jusqu'alors et de 1,3% l'an prochain, contre 2% jusqu'alors.

Après une entame de séance en chute de 1,02%, le SMI est parvenu à réduire ses pertes, évoluant latéralement après une heure de négoce. Vers 10h50, l'indice phare du marché helvétique, soutenu notamment par deux de ses trois poids lourds, Nestlé et Roche, fléchissait de 0,66% à 10'410,24 points. Le SLI se montrait quant à lui moins vaillant, cédant pas moins de 1,27% à 1598,42 points et l'indicateur élargi SPI abandonnait 0,80% à 13'401,83 points.

En haut de tableau, Nestlé (+0,7%) et Roche (10,4%) se distinguaient, en compagnie de Swisscom (+0,2) comme les seules des 30 valeurs constitutives du SLI à gagner du terrain, les 27 autres en perdant. Autre principale capitalisation du marché helvétique, Novartis (0,6%) offrait une résistance supérieure à la moyenne.

Novartis a indiqué mercredi soir être prêt à défendre son brevet pour le médicament Gilenya (sclérose en plaque) avec tous les moyens à disposition. Le géant pharmaceutique bâlois se défendra "énergiquement" après la décision négative d'une cour d'appel américaine, envisageant notamment de soumettre la décision à l'ensemble des cours d'appel du circuit fédéral (CAFC). Le cas échéant, le procès durerait plusieurs mois, selon l'entreprise.

Le laboratoire a aussi fait part mercredi du feu vert de la Commission européenne pour une autorisation de commercialisation de son Tabrecta (capmatinib), dans l'indication contre une forme avancée de cancer du poumon non à petites cellules.

A l'autre extrémité du classement, VAT Group (-3,8%) héritait de la lanterne rouge, derrière Temenos (-3,7%) et Julius Bär (-3,5%). Kühne + Nagel (-3%), ABB (-2,7%), Straumann (-2,7%) ou encore Logitech (-2,6%) ne se montraient guère plus vaillants.

Poursuivant ses acquisitions dans les matériaux de construction, le géant zougois du ciment Holcim (-1,9%) a annoncé le rachat, pour un montant non dévoilé, de l'américain SES Foam, actif dans l'isolation thermique et dégageant un chiffre d'affaire de 200 millions de dollars.

Sur le marché élargi, Clariant (-4,9%) a indiqué vouloir simplifier sa structure et réorganiser son activité en trois unités d'affaires, contre cinq jusqu'ici. Le secteur des catalyseurs sera regroupé avec l'activité biocarburants et dérivés en une seule division appelée "catalyseurs". Les minéraux et additifs fonctionnels deviendront l'unité "absorbants et additifs", et les spécialités industrielles et de consommation ainsi que les services pétroliers et miniers donneront naissance à la division "produits chimiques de soins".

L'équipementier d'entrepôts Interroll (-5,1%) s'est fendu d'un avertissement sur résultats pour la première moitié de l'exercice en cours. Plombée par des reports de projets, la firme de Sant'Antonino assure n'avoir à ce jour accusé que de rares désistements de clients, mais un tassement de son excédent d'exploitation en glissement séquentiel est attendu.

Klingelnberg (stable) s'est comme attendu enfoncé dans le rouge durant l'exercice décalé 2021/22, clos fin mars. Alors que les ventes ont quasiment stagné, le fabricant de machines zurichois, a creusé sa perte nette à 21,7 millions d'euros, contre un débours de 7,3 millions douze mois plus tôt, conséquence des inondations qui ont touché un site de production en Allemagne durant l'été 2021. Mais le groupe s'est montré confiant pour la suite anticipant une vive hausse de ses ventes en 2022/23 et une marge Ebit supérieure à 6%.

Wisekey décollait de 9,4%, après avoir fait part des revenus en forte hausse au premier semestre, à tout le moins dans son unité des semi-conducteurs. L'optimisme est de mise également pour la suite.

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