Zurich (awp) - La Bourse suisse a accusé le coup jeudi matin après la décision de politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), qui a relevé son taux directeur pour juguler une inflation en forte hausse. La BNS a ainsi emboîté le pas à son homologue américaine et surtout précédé la Banque centrale européenne (BCE). La Réserve fédérale (Fed) a procédé mercredi soir à la plus forte augmentation de ses taux depuis 1994, de 75 points de base.

La BCE a certes aussi prévu une hausse de taux, mais à compter du mois prochain. La journée sera décidément placée sous le signe des banques centrales, la décision de politique monétaire de la Banque d'Angleterre étant attendue pour cet après-midi.

La décision de la BNS a surpris la plupart des observateurs, qui doutaient d'une initiative d'une telle envergure comme de la probabilité de toute action avant la BCE.

Le changement prendra effet dès ce vendredi, 17 juin. Le taux directeur de la BNS s'établissait à -0,75% depuis janvier 2015 et l'abandon à la surprise générale du taux plancher.

La décision repose sur la constatation que l'inflation s'étend désormais à des biens et des services non directement touchés par la guerre en Ukraine ou les séquelles de la pandémie, a expliqué le président de la direction général Thomas Jordan. Il souligne que des effets secondaires risquent de se manifester en cas de persistance d'une inflation supérieure aux 2% fixés comme plafond pour la stabilité des prix.

"La BNS a brûlé la priorité à la BCE!", s'extasie dans un commentaire David Oxley, économiste pour l'Europe auprès de Capital Economics. La banque centrale helvétique maintient ainsi un niveau d'excitation élevé sur les marchés, déjà alimenté par le bond de 75 points de base imprimé par la Fed à son propre taux directeur et à la réunion d'urgence de son homologue du Vieux continent la veille, poursuit l'expert.

Le franc suisse est en hausse de plus de 1% par rapport au dollar américain, et de près de 2% par rapport à l'euro, relève Ricardo Evangelista, d'Activtrades. La décision de la BNS de rejoindre ses homologues dans la lutte contre la hausse de l'inflation a donné tort aux marchés et créé une marge de manoeuvre pour de nouveaux gains de devises.

A 10h45, l'indice SMI lâchait 2,46% à 10'517,99 points, après avoir ouvert en recul de 0,56%. Le SLI chutait de 2,93 points à 1624,89 points et le SPI cédait 2,51% à 13'522,21 points.

L'ensemble des trente titres de l'indice SLI évoluait dans le rouge. Sonova (-5,5%), qui sera traité hors dividende vendredi, fermait la marche, derrière Ams-Osram (-5,3%) et Straumann (-4,6%).

A l'opposé, les poids lourds Nestlé (-0,9%) et Roche (-1,2%) résistaient le mieux, pas loin devant leur compagnon Novartis (-2,1%).

Roche et son partenaire vaudois AC Immune ont reconnu jeudi l'échec d'un programme clinique dans le domaine de la prévention contre la maladie d'Alzheimer. Ce volet de recherche évaluant le potentiel du crénézumab contre une forme héréditaire de la maladie n'a pas livré de résultats statistiquement probants.

Julius Bär (-1,9%) occupait la troisième marche de ce podium rouge foncé.

Sur le marché élargi, on recensait tout de même quelques gagnants. Newron s'appréciait de 3,3%, devant Montana Aerospace (+1,2%) et la Banque cantonale de Glaris (+1,2%). A l'inverse, Autoneum chutait de 8,3%, dans la foulée de la veille, après avoir abaissé ses objectifs. Dufry (-7,6%) signait également une piètre performance.

Cicor (+0,2%) a relevé ses attentes quant à sa performance semestrielle. Le fabricant neuchâtelois de composants électroniques, qui attendait déjà jusqu'alors une vive croissance, anticipe désormais un bond de ses revenus au premier semestre 2020 de près de 30% en variation annuelle. L'excédent brut d'exploitation devrait aussi s'étoffer.

Meier Tobler (-1,7%) s'attend à une augmentation de ses résultats sur les six premiers mois de l'année. La visibilité étant restreinte pour la seconde partie de l'année, le groupe s'abstient de formuler des perspectives pour tout l'exercice.

Le spécialiste des emballages SIG (-5,0%) a confirmé ses objectifs à moyen terme lors de sa journée des investisseurs et après deux acquisitions finalisées récemment.

Enfin, le développeur et exploitant de destinations de vacances Orascom DH (inchangé) a annoncé que son recours concernant l'expropriation touchant sa filiale Makadi Heights avait été approuvé par une commission de recours égyptienne.

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