Zurich (awp) - La Bourse suisse devrait entamer la séance de jeudi sur un sérieux repli, dans le sillage de la réunion de la Réserve fédérale et du nouveau resserrement de sa politique monétaire, lequel a entraîné un vive baisse de Wall Street en clôture. Nerveux, les investisseurs se pencheront également ce jour sur les hausses de taux également attendues de la part de la Banque nationale suisse (BNS) et de la Banque d'Angleterre (BoE).

Outre-Atlantique, les principaux indices de la Bourse de New York ont fini en baisse dans le sillage d'une nouvelle hausse des taux de la part de la Réserve fédérale américaine, la banque centrale américaine ayant délivré un message plus hawkish (faucon) que prévu par le consensus, observe John Plassard, de Mirabaud Banque. Toujours sur le front des politiques monétaires, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi son cap ultra-accommodant, à rebours des autres instituts d'émissions mondiaux. Le statu quo a brièvement propulsé le dollar au-delà du seuil symbolique des 145 yens, un nouveau record depuis 24 ans.

Les économistes se demandent quand le gouverneur Kuroda pourrait envisager de remonter les taux. Le renchérissement annuel a augmenté à 3,0% en août 2022 dans l'archipel, contre 2,6% en juillet, indiquant le chiffre le plus élevé depuis septembre 2014, dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ainsi que la chute du yen. Dans le même temps, les prix à la consommation de base ont augmenté de 2,8% en glissement annuel, la plus forte hausse depuis octobre 2014, dépassant l'objectif de 2% de la banque centrale pour le cinquième mois consécutif.

Ce jeudi, tant la BNS que la BoE devraient elles aussi relever leurs taux de 75 points de base, au minimum. L'institut d'émission helvétique devrait ainsi mettre un terme à plus de sept ans de taux négatifs, introduits pour la première fois en décembre 2014. Ce dernier avait abaissé la marge de fluctuation du Libor entre -0,75% et +0,25%, avant de faire passer ce dernier complètement en terrain négatif, soit entre -0,25% et -1,25%, après l'abolition du cours plancher face à l'euro le 15 janvier 2015.

À l'époque cependant, la BNS voulait empêcher une appréciation du franc suisse, mais aussi relancer la consommation. Aujourd'hui, avec une inflation au plus haut de près de 30 ans, le discours a changé, relève John Plassard. La défense d'un franc fort n'est plus la priorité, bien au contraire. Il permet de contenir la progression des prix (importés notamment), malgré l'impact négatif sur les exportations.

Vers 08h20, le SMI s'affichait en rouge vif à 10'311,51 points, soit un repli de 1,13%, selon les calculs avant-Bourse de la banque Julius Bär. L'ensemble des vingt valeurs constitutives de l'indice phare chutait, dans une fourchette entre -0,8% et 2,1%.

En queue de classement, la lanterne rouge revenait à UBS (-2,1), derrière Logitech (-1,9%) , ABB (-1,7%) et Credit Suisse (-1,6%). Le fabricant valdo-californien a dévoilé mercredi une console de jeux portable développée en collaboration avec le géant chinois Tencent. Le géant de l'électrotechnique ABB a lui fait part d'une prise de participation de 10% dans le néerlandais Samotics.

Le numéro deux bancaire helvétique Credit Suisse envisagerait de partager sa division de banque d'affaires en trois unités distinctes. Cette opération permettrait la vente des activités rentables dans l'optique d'éviter une augmentation de capital, rapporte le Financial Times (FT). La partition se ferait selon un modèle impliquant trois unités: l'activité de conseil du groupe, dont la séparation pourrait intervenir ultérieurement, une banque de défaisance gérant les actifs risqués destinés à la vente et le reste des affaires de la division, affirme le quotidien britannique citant des sources proche du dossier.

Les trois poids lourds de la cote, Nestlé, Roche et Novartis (tous trois -0,8%) se montraient les plus résistants, accompagnés par la défensive Swisscom (-0,8% aussi). Sur le point de se défaire de son unité génériques et biosimilaires Sandoz, le laboratoire rhénan Novartis a brossé jeudi sa nouvelle feuille de route à moyenne voire longue échéance, à l'occasion d'une journée pour investisseurs et analystes. D'ici 2027, la croissance annuelle moyenne doit s'établir à 4%. La marge opérationnelle ajustée doit, elle, osciller autour de 40% sur le moyen à long terme.

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