Zurich (awp) - La Bourse suisse a entamé bon pied bon oeil la séance de jeudi, après la clôture en hausse de Wall Street la veille consécutive à la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed). Dans l'attente des décisions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE), les investisseurs se pencheront sur les résultats de plusieurs grands groupes helvétiques, dont Roche et ABB.

Les principaux indices américains ont achevé la séance de mercredi en nette hausse suite à une réunion de la Fed après laquelle "le mot magique" désinflation a été prononcé, relève dans son commentaire John Plassard, de Mirabaud Banque. Le marché a aussi été perturbé par "l'affaire Adani".

"L'entreprise phare du (bientôt plus) milliardaire indien Gautam Adani a renoncé à une vente d'actions d'un montant record de 200 milliards de roupies (2,4 milliards de dollars) après qu'un mouvement de repli déclenché par le rapport d'un vendeur à découvert américain ait plongé son groupe dans la tourmente, a ajouté l'expert. Adani Enterprises a décidé de ne pas poursuivre son offre publique d'actions.

Bloomberg News a rapporté mercredi qu'Adani était sur le point de décider de retirer la vente d'actions, bien qu'elle ait été entièrement souscrite, avec le soutien d'éminents investisseurs indiens et du Golfe. La décision est intervenue après une nouvelle chute des cours de la société et des sociétés soeurs.

Outre les décisions de politique monétaires de la BCE et de la BoE, les investisseurs examineront en soirée les résultats des géants informatiques Apple, Google et Amazon. À la veille de la réunion de l'institut d'émission européen, le taux d'inflation annuel de la zone euro est tombé à 8,5% en janvier 2023, son niveau le plus bas depuis huit mois, contre 9,2% en décembre, ce qui est inférieur aux prévisions de 9%, selon les estimations préliminaires.

Sur le front des premières nouvelles macroéconomiques, l'excédent commercial de l'Allemagne a reculé de 56% en 2022, plombé par la hausse du coût des importations dans le sillage de la crise énergétique. Un repli qui intervient malgré un pic historique des exportations.

Après un début de séance en hausse de 0,21%, le SMI calait très légèrement dans les tous premiers échanges, notant peu avant 09h15 à 11'217,71 points, en hause de 0,15%. Le Swiss Leader Index (SLI) progressait plus franchement s'étoffant en parallèle de 0,76% à 1776,21 points, alors que l'indicateur élargi Swiss Performance Index (SPI) grappillait 0,31% à 14'465,19 points.

Sur les trente valeurs constitutives du SLI, six, dont les deux poids lourds de la pharma Roche et Novartis, perdaient du terrain, les 24 autres en gagnant. La lanterne rouge revenait à ABB (-2,4%), derrière Roche(-1%), Zurich Insurance (-0,5%), Novartis (-0,4%), la défensive Swisscom (-0,3%) et Swiss Re (-0,04%).

La 3e des plus grosses capitalisations, Nestlé (+0,02%), évoluait de justesse dans le vert. Le laboratoire Roche s'est tout juste maintenu sur la voie de la croissance l'an dernier, malgré le tassement confirmé des recettes tirées des dispositifs de tests et de médicaments dans la franchise Covid-19. La direction prévient toutefois que l'évaporation de ces revenus risque d'entraîner le géant pharmaceutique sur le chemin de la décroissance sur l'exercice en cours. Les revenus ont grappillé 1% (2% à taux de changes constants) à 63,28 milliards de francs suisses.

Quant au géant de l'électrotechnique ABB, il a vu ses entrées de commandes reculer au quatrième trimestre 2022, tandis que le chiffre d'affaires a poursuivi sa progression grâce à son élan. L'entreprise a confirmé son objectif de marge pour l'exercice en cours. Le réassureur zurichois Swiss Re a fait part d'un réagencement de ses unités, l'objectif étant de simplifier ses structures et d'améliorer l'efficience. L'actuel segment Réassurance sera réparti entre les entités P&C Re et L&H Re, avec à leur tête respectivement Urs Baertschi, actuellement responsable Reinsurance EMEA, et Paul Murray, qui s'occupe à présent de Reinsurance Asia Pacific.

En haut de tableau, Straumann (+6,8%) était à la fête, apparemment sans raison particulière. le fabricant bâlois d'implants dentaires devançait ams-Osram (+6%) et VAT Group (+4,1%). Partners Group (+3,9%) était aussi recherché, tout comme Sonova (+3,3%) et Temenos (+3,2%). Julius Bär (+3%) avait aussi les faveurs des investisseurs, quand bien même le gestionnaire de fortune zurichois a vu son résultat net reculer l'année dernière, sur fond de sorties de liquidités et de contraction des avoirs sous gestion. Les actionnaires bénéficieront néanmoins d'un dividende stable.

Logitech (+2,2%) profitait aussi de la bonne tenue la veille des valeurs technologiques du Nasdaq américain. Parmi les autres hausses sensibles, le géant du luxe genevois Richemont (+1,1%) et son concurrent biennois Swatch Group, lequel, a indiqué mercredi soir revoir à la hausse le dividende versé au titre de l'exercice 2022 par rapport à celui octroyé l'an dernier, accompagnaient le fabricant valdo-californien d'accessoires et périphériques informatiques.

Du côté des deux grandes banques, Credit Suisse (+0,3%) progressait mollement, tout comme UBS (+0,03%), de justesse dans le vert. Bloomberg News a rapporté mercredi que le numéro deux bancaire helvétique a cessé d'accepter les obligations du groupe de sociétés d'Adani comme garantie pour les prêts sur marge accordés à ses clients de la banque privée. L'établissement aux deux voiles n'a pas souhaité commenter l'information.

vj/fr/jh