New York (awp/afp) - La crainte d'une "récession à venir" était de retour mardi sur les marchés financiers où actions, pétrole et euro dégringolaient, mais Wall Street s'est extrait du marasme grâce à la baisse des taux obligataires.

Les prix du pétrole, très sensibles aux perspectives de croissance économique, ont chuté de près de 10%, et l'euro était même à son plus bas niveau depuis près de 20 ans face au billet vert, s'échangeant 1,0269 dollars (-1,46%).

Les places boursières européennes ont fini la séance en forte baisse: Paris a chuté de 2,68%, Francfort a perdu 2,91%, Milan 2,99%, elles se retrouvent toutes trois à un niveau plus vu depuis le printemps 2021. Londres a cédé 2,86%. A Zurich, le SMI a perdu 1,65%.

La forte hausse des prix du gaz inquiète particulièrement les investisseurs. En seulement une semaine, le contrat de référence du gaz naturel en Europe a grimpé de 27% et s'établissait à 164 euros le mégawattheure mardi.

Depuis le début de l'année, il s'est envolé de près de 140%, alors qu'il évoluait bien en-dessous des 100 euros le mégawattheure avant l'invasion russe de l'Ukraine fin février.

"Cela pose des questions de l'impact sur l'économie européenne et surtout les risques pour l'Allemagne qui est en première ligne" de la baisse des livraisons de gaz russe, commente Alexandre Baradez.

Autre raison de s'inquiéter, la croissance de l'activité économique en zone euro a fortement ralenti en juin dans le secteur privé, au plus bas depuis 16 mois, selon l'indice PMI composite de S&P Global.

A New York, après un démarrage plombé par les Bourses européennes, Wall Street s'est pourtant redressé, à la faveur de la forte baisse des taux obligataires.

Le Dow Jones a abandonné 0,42%, mais l'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a gagné 1,75%, et l'indice élargi S&P 500 a lui pris 0,16%.

"L'une des corrélations les plus éprouvées voit le Nasdaq recevoir du soutien quand les taux baissent", a expliqué Quincy Krosby, de LPL Financial.

Le rendement des emprunts d'État à 10 ans s'est notamment contracté à 2,83%, contre 2,88% vendredi

Le recul des taux traduit l'anticipation d'une politique monétaire moins radicale que prévu, ce qui présagerait de conditions de crédit moins dures dans les années à venir, une donnée essentielle pour les valeurs dites de croissance, qui doivent emprunter pour financer leur développement.

PayPal (+4,20%), Airbnb (+4,96%) ou Uber (+5,53%) ont ainsi mis le nez à la fenêtre, de même que les géants de la cote, quasiment tous liés au secteur technologique, d'Amazon (+3,60%) à Alphabet (+4,41%), en passant par Meta (+5,10%).

Les matières premières partent en fumée ___

Les cours de l'or noir ont plongé mardi, les craintes d'une récession dans les pays consommateurs de brut, qui pourraient détruire la demande, l'ayant emporté sur les inquiétudes quant aux perturbations de l'offre.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, a dégringolé de 9,45% à 102,77 dollars le baril, après avoir dévissé de près de 10%.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en août, a chuté quant à lui de 8,23% à 99,50 dollars, glissant sous les 100 dollars le baril pour la première fois depuis le 11 mai.

Pour la première fois depuis 17 mois, le cuivre s'échangeait sous la barre des 8.000 dollars la tonne, dévissant de 20% depuis le début de l'année. Mardi, il touchait les 7.627,00 dollars la tonne.

Les valeurs pétrolières (Shell -8,49%, BP -7,01%, TotalEnergies -6,42%) et minières (Glencore -7,99%, Anglo American -8,27%, Antofagasta -7,90%) dévissaient.

A Francfort, l'action Uniper (-9,45%) était pénalisée par les modifications législatives présentées par le gouvernement allemand qui permettraient une entrée de l'État au capital des entreprises du secteur de l'énergie.

afp/rp