Le monde de la finance s’est encore réveillé avec un mal de crâne lundi. La faillite de SVB Financial, suivie de celle de Signature, ont mis les marchés, déjà fragiles, sous alerte. Si la plupart des indices mondiaux ont vibré à la suite de la débâcle des banques régionales, certains sont moins en tension. Notons la résistance relative du S&P 500 mais surtout, celle, remarquable, du SMI, avec un delta moins dégradé. 

Pourquoi le principal indice suisse digère souvent mieux les mauvaises nouvelles que le marché actions ? La réponse se trouve au niveau de la structure de cet indice principalement composé de valeurs défensives, comme Nestlé, Roche ou encore Novartis. Ce sont elles qui renforcent son système digestif. 

Ce type de société est moins affecté par les fluctuations économiques. Elles réussissent plus à garder leur valeur, même en temps de crise, pour une raison assez intuitive : il s'agit d'entreprises essentielles pour les ménages. Vous n'arrêtez probablement pas d’acheter du pain à la boulangerie car le prix de la baguette augmente, en revanche dans la même situation, vous réfléchissez deux fois avant d'acquérir un bien de luxe (pour un consommateur dit “rationnel” et selon son pouvoir d’achat). Les consommateurs sont moins sensibles aux variations de prix pour certaines structures, en particulier celles à caractère défensif. 

C’est pourquoi elles ont tendance à souvent surperformer le marché durant les ralentissements, ce qui est moins le cas pour les valeurs cycliques qui, elles, subissent les saisons économiques et ont tendance à tourner où le vent souffle. 

Comparaison de l’évolution du CAC 40 vs SMI 

Comparaison de l’évolution du CAC 40 vs SMI

C’est particulièrement frappant dans ce graphique qui illustre une baisse moins forte du SMI par rapport à celle du CAC 40 en 2020, année de crise marquée par la pandémie de Covid-19. 

Deux indices aux risques bien différents

Les valeurs défensives sont perçues comme moins risquées que les cycliques  qui sont plus volatiles car, comme leur nom l’indique, elles dépendent des cycles de l’économie. Cependant, ce risque plus élevé pour ce type de société est contrebalancé par une meilleure rentabilité sur le long terme. Il est aussi possible de l’observer graphiquement, lors d’une reprise de la tendance haussière du marché actions (elle-même due à la prévision  d’un rebondissement de l’activité économique), le CAC 40 croît plus vite que le SMI, en rattrapant sa décote, jusqu’à dépassement de l’indice suisse en mai 2021. 

La notion de risque est indissociable de la question de rentabilité : les investisseurs acceptent un niveau de risque au regard d’un certain retour sur investissement. Plus une entreprise est risquée, plus la rentabilité exigée sera grande et vice-versa. Le risque systématique ajusté (bêta) de Nestlé (SMI) est de 0,84. Cela signifie que quand le SMI varie de 1%, la valeur de la société varie de 0,8%. D’un autre côté, si on prend LVMH, la valeur de l’entreprise varie de 1,27% quand le CAC varie de 1%. Il est clair que LVMH est plus risquée que Nestlé. 

Vous l’aurez donc compris, le SMI à l’air d’offrir une certaine diminution d’exposition au risque par rapport au CAC 40 car les valeurs défensives sont historiquement moins fortement sanctionnées par les marchés par rapport à celles cycliques pour des raisons fondamentales. D’un autre côté, le marché a tendance à mieux valoriser les valeurs cycliques. 

Zoom sur les ETFs suisses

Le marché suisse, assez bien représenté par le SMI (90% de la capitalisation boursière de la bourse de Zurich), offre de multiples ETFs. Ces derniers se trouvent parmi les instruments financiers les plus courtisés par les actionnaires en raison de leur apport en diversification combiné à des frais relativement bas. Il ne serait pas inintéressant de s’y attarder après cette brève analyse.

Zoom sur les ETFs suisses

Par exemple, sous une comparaison graphique, il est observable que leLyxor DJ Switzerland Titans 30 (DR) UCITS ETF qui réplique le Dow Jones Titans Switzerland 30 (CHF) surperforme l’indice SMI, sauf en période de crise, majoritairement pour les raisons précédemment expliquées. Un autre ETF s’ajoute à l’équation, Ishares MSCI Switzerland Capped (USD) émis par BlackRock qui englobe un peu plus le marché suisse car il est composé de 40 valeurs. Cela contribue positivement à sa performance, mais négativement durant les périodes difficiles, quand on le compare au Lyxor DJ Switzerland Titans 30. 

Choisir un ETF pour son portefeuille 

Parmi les différents ETFs helvétiques (et en général d’ailleurs), il n’est pas possible d’en citer un qui serait meilleur que les autres, car cela dépend des préférences individuelles des investisseurs liées à des objectifs d’investissement spécifiques. 

Hormis ce critère très personnel, mais décisif, qui permettrait à titre d’exemple de trancher entre capitalisant et distribuant, d’autres critères plus objectifs peuvent être mobilisés afin d’émettre un choix. Citons par exemple : 

  • une analyse comparative de la performance historique de plusieurs ETFs
  • un benchmark de leur performance au regard du marché suisse
  • l'évaluation des frais attribués
  • la liquidité et les frais de change…

La liquidité des ETFs se juge en fonction de leurs deux marchés (primaire et secondaire), là où ils sont négociés, créés et rachetés. La taille des fonds ou encore le volume de négociation n'entrent pas dans la mesure de la liquidité, comme beaucoup pourraient l’imaginer. Ce système, différent de celui des equities dans lequel ils évoluent les rends un actif très liquide par rapport aux actions.

L’effet de change fait certainement partie des critères à regarder attentivement, qui pourrait départager les différents Exchange Traded Funds car ces derniers n’éliminent pas le risque lié à l’effet de change. 

En attendant, avec ce qui se passe actuellement, le SMI continue de démontrer sa résistance face à la panique des actionnaires. Même la forte chute de Crédit Suisse, escorté par les banques américaines, peine à faire trembler l’indice.