Paris (awp/afp) - La crainte d'une "récession à venir" était de retour mardi sur les marchés financiers où actions, pétrole, euro et livre sterling dégringolaient, la hausse du prix du gaz amplifiant les inquiétudes des investisseurs.

Les prix du pétrole, très sensibles aux perspectives de croissance économique, chutaient de près de 10%, l'euro était même à son plus bas niveau depuis près de 20 ans face au billet vert, s'échangeant 1,0251 dollars (-1,63%).

Les places boursières européennes ont fini la séance en forte baisse: Paris a chuté de 2,68%, Francfort a perdu 2,91%, Milan 2,99%, elles se retrouvent toutes trois à un niveau plus vu depuis le printemps 2021. Londres a cédé 2,86%. A Zurich, le SMI a cédé 1,65%.

La tendance "a démarré sur les marchés européens et a entraîné les marchés américains à la baisse", constate Alexandre Baradez, analyste d'IG France. A New York, le Dow Jones cédait 1,90%, le Nasdaq 0,50% et S&P 500 1,64% vers 16H05 GMT.

La livre chutait également de 1,64% face au dollar, valeur refuge par excellence.

La forte hausse des prix du gaz inquiète particulièrement les investisseurs. En seulement une semaine, le contrat de référence du gaz naturel en Europe a grimpé de 27% et s'établissait à 164 euros le mégawattheure mardi.

Depuis le début de l'année, il s'est envolé de près de 140%, alors qu'il évoluait bien en-dessous des 100 euros le mégawattheure avant l'invasion russe de l'Ukraine fin février.

"Cela pose des questions de l'impact sur l'économie européenne et surtout les risques pour l'Allemagne qui est en première ligne" de la baisse des livraisons de gaz russe, commente Alexandre Baradez.

"Les fortes hausses des prix du gaz et de l'électricité font courir un risque important que l'économie de l'Union européenne entre en récession plus tôt que prévu", estime pour sa part Trevor Sikorski, analyste chez Energy Aspects, dans un rapport.

En Norvège, pays qui s'est engagé à augmenter durablement ses livraisons de gaz à l'UE en juin, une grève menace de réduire de près de 60% les exportations à partir de samedi.

Autre raison de s'inquiéter, la croissance de l'activité économique en zone euro a fortement ralenti en juin dans le secteur privé, au plus bas depuis 16 mois, selon l'indice PMI composite de S&P Global.

Une indication "que la croissance s'essouffle rapidement", selon Neil Wilson analyste de Markets.com. "La récession semble inévitable, bien qu'il y ait certains signes que l'inflation pourrait avoir atteint un pic en avril, selon ces chiffres", ajoute-t-il.

Les actifs jugés risqués s'en retrouvaient pénalisés, à l'instar du bitcoin qui perdait 1,32% à 19.500 dollars.

A l'inverse, les taux d'intérêt des emprunts des États européens tombaient nettement sur le marché obligataire du fait de ces inquiétudes et de la préférence des investisseurs pour les investissements jugés plus sûrs.

Le taux de la dette allemande à dix ans, qui fait référence en Europe, perdait 15 points de base et s'établissait à 1,17% vers 16H00 GMT.

Les matières premières partent en fumée ___

Le prix du baril de Brent pour livraison en septembre dégringolait de 8,61% à 103,78 dollars, tandis que celui de WTI américain à échéance août chutait sous la barre des 100 dollars en baisse de 7,99% 16H00 GMT.

"Toutes les composantes des craintes de récession s'activent, avec le pétrole et le cuivre qui baissent", constate Alexandre Baradez.

Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est en effet connu pour refléter l'état de santé de l'économie mondiale.

Pour la première fois depuis 17 mois, le cuivre s'échangeait sous la barre des 8.000 dollars la tonne, dévissant de 20% depuis le début de l'année. Mardi, il touchait les 7.627,00 dollars la tonne.

Les valeurs pétrolières (Shell -8,49%, BP -7,01%, TotalEnergies -6,42%) et minières (Glencore -7,99%, Anglo American -8,27%, Antofagasta -7,90%) dévissaient.

A Francfort, l'action Uniper (-9,45%) était pénalisée par les modifications législatives présentées par le gouvernement allemand qui permettraient une entrée de l'État au capital des entreprises du secteur de l'énergie.

afp/rp