Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales reculaient nettement jeudi, encaissant des statistiques économiques qui révèlent une inflation toujours à un niveau élevé et un risque de ralentissement économique aux États-Unis.

La Bourse de New York a ouvert en baisse: le Dow Jones cédait 1,68%, le Nasdaq 2,71% et le S&P 500 1,93% vers 14H20.

Les indices européens restaient en rouge vif et ne sont pas passés loin de la barre des -3%: Paris reculait de 2,60%, Londres de 2,65%, Francfort de 2,73% et Milan de 3,05%. Les inquiétudes concernant les livraisons de gaz russe s'ajoutaient au reste des craintes des investisseurs. A Zurich, le SMI cédait 1,21%.

L'indice PCE, qui mesure l'inflation américaine et est privilégié par la Réserve fédérale, s'est maintenu à un niveau élevé en mai, à 6,3%. Sur le mois, l'inflation a grimpé de 0,6%, un peu en dessous des prévisions des analystes qui tablaient sur +0,7%.

De plus, la croissance des dépenses des ménages a ralenti. Si ce coup de frein de la consommation des ménages venait à se poursuivre en juin, cela pourrait peser sur le produit intérieur brut du deuxième trimestre alors que la consommation est le principal moteur de l'économie américaine

En France, la hausse des prix s'est accélérée, à 5,8% sur un an en juin. L'indicateur pour la zone euro est attendu vendredi.

Cette séance rouge vif est à l'image du semestre qu'elle clôture: catastrophique. Le S&P 500 perd plus de 20% depuis le début de l'année, le pire bilan depuis 1970, qui "s'explique en grande partie par la crainte des investisseurs que les hausses de taux en cours" effectuées par les banques centrales pour lutter contre l'inflation "ne finissent par entraîner une récession", estiment les économistes de la Deutsche Bank.

Les taux d'intérêt souverains repartaient nettement à la baisse, notamment en Europe. L'intérêt de l'emprunt allemand à 10 ans s'établissait à 1,38%, contre 1,62% mardi à la clôture.

Mercredi, le président de la Fed Jerome Powell a répété sa conviction que l'économie américaine était en "bonne forme" et devrait encaisser le virage monétaire sans verser dans la récession, ce dont doutent de nombreux analystes. Mais les banquiers centraux réunis lors d'un séminaire de la Banque centrale européenne ont aussi réaffirmé que l'inflation allait rester haute encore longtemps.

Uniper en appelle à l'État allemand ___

L'énergéticien allemand Uniper sombrait de plus de 16% après avoir suspendu ses prévisions de résultats pour l'année, invoquant les tensions sur le gaz et notamment la baisse des volumes envoyés en Allemagne par Gazprom. L'entreprise a entamé des discussions avec le gouvernement allemand sur des "mesures de stabilisation".

"En plus des craintes des marchés concernant le risque de récession, faire face à un nouveau choc d'approvisionnement en énergie pourrait constituer un point de basculement" renforçant le scénario d'une stagflation de l'économie ou même pire, selon Stephen Innes, analyste à Spi Asset Management.

Le finlandais Fortum, qui détient Uniper, dévissait aussi de 5,67%.

D'autres énergéticiens, comme E.ON (-5,43%), ou Engie (-4,85%) reculaient aussi nettement.

Sortie de route pour Aston Martin ___

Le constructeur de voitures de luxe Aston Martin Lagonda dévissait de près de 18%, les investisseurs s'inquiétant d'informations de presse indiquant que l'entreprise était à la recherche de nouveaux financements.

Du côté du pétrole et des devises ___

Les prix du pétrole tombaient après la décision des pays producteurs de pétrole de l'Opep+ de reconduire leur objectif d'ouverture des vannes légèrement plus importante pour cet été. Cela ne suffira cependant pas à freiner l'envolée des prix provoquée par la guerre en Ukraine.

Le baril de Brent de mer du Nord a échéance août reculait de 1% à 115,10 dollars et celui de WTI à même échéance de 2,10% à 107,48 dollars vers 14H10 GMT.

L'euro reculait de 0,13% à 1,0429 dollars.

Autre signes d'aversion au risque des investisseurs, le bitcoin chutait de 6,53% à 18.900 dollars et le franc suisse, valeur refuge, prenait 0,10% face à l'euro après avoir grimpé la veille jusqu'à atteindre la parité avec la monnaie unique européenne et son plus son plus haut niveau depuis janvier 2015.

afp/rp