La volatilité se maintient à des niveaux élevés sur les marchés pétroliers, qui restent particulièrement sensibles aux développements liées à la guerre en Ukraine. Les opérateurs sur-réagissent à l'évolution des négociations entre les délégations russes et ukrainiennes, qui tantôt progressent, tantôt régressent.

Si les prix du Brent ont perdu près de 30% par rapport à leur sommet intra-journalier à 138 USD, il est clair que la pression haussière demeure importante en raison des auto-sanctions que s'infligent les acheteurs de pétrole russe. Cette défiance, qui prend l'allure d'un boycott, entraine une chute des prix des références russes par rapport à ceux du Brent (de près de 25 USD), mais avec ce discount, les acheteurs se font rares, ce qui accentue la dynamique haussière sur les prix. L'Agence internationale de l'énergie (IEA) estime que le marché pourrait perdre l'équivalent de 3 millions de barils par jour (mbj) en raison de ces auto-sanctions, de quoi maintenir le marché dans un état déficitaire si la demande mondiale ne faiblit pas.

Les regards se tournent ainsi vers l'Iran et son pétrole, qui pourrait représenter une véritable issue à ce choc d'offre. Mais là-encore, les négociations sur le nucléaire iranien semblent emprunter la voie de l'enlisement. Alors que ces dernières semblaient sur le point d'aboutir il y a encore quelques semaines, les pourparlers sont aujourd'hui suspendus en raison de "facteurs externes". De quoi réduire à néant les espoirs d'un retour rapide du pétrole iranien sur les marchés internationaux.

A la lumière de ces éléments, les prix devraient rester élevés, de quoi faire croître la pression sur les pays de l'OPEP, qui sont régulièrement sommées d'augmenter leur production afin de ne pas entraver la reprise économique. A cet égard, l'organisation élargie est toujours insensible aux requêtes formulée par la Maison blanche et s'en tient à sa feuille de route en programmant une nouvelle augmentation de sa production de 400.000 barils par jour dès le mois d'avril. Dans ses dernières prévisions, le cartel a laissé inchangées ses prévisions de croissance de la demande de pétrole pour 2022, à 4.15 mbj.

D'un point de vue technique, les dernières semaines ont été particulièrement agitées, en témoigne l'évolution des cours de la référence européenne, qui sont passés en l'espace de trois semaines de 100 à 140 USD, pour aujourd'hui se négocier autour de 110 USD le baril. Malgré les récents dégagements, la tendance de fond demeure haussière. Les acheteurs gardent ainsi la main à court terme tant que les cours évolueront au-dessus de niveau des 85 USD.