Paris (awp/afp) - Le durcissement du ton de la Réserve fédérale américaine a fait fortement baisser les marchés européens jeudi, les marchés américains reprenant leur souffle après leur dégringolade de la veille.

Volatile après une séance de forte baisse, Wall Street retrouvait un peu le vert avec le Nasdaq (+0,29%) et le S&P 500 (+0,28%) vers 17H25 GMT. Le Dow Jones reculait de 0,13%.

En Europe, Paris a chuté de 1,72%, Londres de 0,88%, Francfort de 1,35% et Milan de 1,80. En Asie, Tokyo a connu sa pire séance en plus de six mois, perdant 2,88%. A Zurich, le SMI a cédé 0,88%.

Ce revirement de tendance par rapport aux records atteints lors des premiers jours de l'année vient de la publication des minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed). Elles témoignent de sa volonté de s'attaquer frontalement à l'inflation, qui a atteint des records vieux de plusieurs décennies aux Etats-Unis.

"Ce n'est que pas que les investisseurs voulaient entendre", résume Russ Mould, directeur de AJ Bell investment.

Les membres de la Fed ont indiqué, dans un langage sans équivoque, qu'ils envisageaient désormais de relever plus tôt et plus souvent que prévu le taux directeur de l'institution.

En outre, il est désormais question dans le compte-rendu de la Fed d'entamer la réduction du bilan de l'institution dès la première hausse de taux, ce qui a pris de cours les opérateurs.

Ce changement de ton s'explique par la tension sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis. Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont restées à un niveau très bas au cours de la dernière semaine de 2021, tout en augmentant légèrement, alors que les employeurs font face à une pénurie de main d'oeuvre. Le rapport officiel mensuel de l'emploi américain sera scruté vendredi.

Vers 17H20 GMT, le rendement de la dette américaine à 10 ans était de 1,73%, au plus haut depuis mars 2021, et celui de l'obligation d'Etat à 2 ans de 0,88%, au plus haut depuis le début de la pandémie.

La tech encore sous le choc ___

Les valeurs de la tech, qui ont besoin de taux d'intérêt bas pour financer leur croissance, étaient délaissées par les investisseurs jeudi.

A Paris, Capgemini a chuté de 4,37%, Dassault Système de 3,65% et Teleperformance de 4,08%.

A Francfort, le concepteur de logiciel SAP a perdu 2,79% et à Wall Street, Netflix reculait de 1,63% et Apple de 1,12%.

Les banques à contrecourant ___

A contrario, les valeurs bancaires, qui bénéficient de la hausse des taux d'intérêt, réussissaient à sortir de la mêlée.

A Londres, Lloyds Banking a grimpé 2,35% et Standard Chartered de 3,72%. A Francfort, Deutsche Bank a pris 2,53%. A Paris, Société Générale gagnait 1,86%, après une acquisition dans le secteur du leasing.

De manière générale, les valeurs de l'économie traditionnelle (industrie, automobile, matières premières) étaient préférées par les investisseurs en ce début d'année.

Nouvelle forte hausse pétrole, le bitcoin ne rebondit pas ___

Les cours du pétrole accéléraient leur hausse jeudi après avoir déjà nettement augmenté la veille, alors que la situation au Kazakhstan, pays membre de l'Opep+, fait craindre une possible baisse de l'offre.

Vers 17H10 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars montait de 2,12% à 82,50 dollars. Celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février gagnait 2,71% à 79,96 dollars.

L'euro était stable (-0,10%) par rapport au dollar, à 1,1303 dollar.

Après sa forte chute mercredi, le bitcoin perdait encore 1,53% à 42.930 dollars.

afp/rp