New York (awp/afp) - Les marchés européens se sont repliés jeudi, prenant peur d'une récession avec des indicateurs de l'activité économique décevants, alors que Wall Street, tourmentée par ce sujet depuis plus longtemps, est restée solide, semblant miser sur un ralentissement de courte durée.

A la Bourse de New York, le Dow Jones est monté de 0,64%, le Nasdaq a grimpé de 1,62% et le S&P 500 de 0,95%.

A l'inverse, l'Europe a fini nettement dans le rouge: Paris a perdu 0,56%, Londres 0,97% et Milan 0,80%. A Zurich, le SMI a perdu 0,71%.

La tendance en Allemagne était plus marquée dans le rouge, avec une baisse de 1,76% du Dax le jour où le pays a activé le "niveau d'alerte" du plan visant à garantir son approvisionnement en gaz, ce qui rapproche le pays de mesures de rationnement.

En zone euro, les indices PMI composite de S&P Global ont révélé un fort ralentissement, plus marqué qu'attendu par les analystes, de la croissance de l'activité économique en juin, à un plus bas depuis 16 mois.

En Allemagne, c'est la quatrième chute consécutive, ce qui l'amène à son plus bas niveau depuis la quatrième vague du coronavirus en décembre 2021, en raison de "la chute des commandes étrangères" et de la pression de l'inflation sur la demande intérieure, selon un communiqué.

Le spectre de la récession provoquait un fort recul des taux d'intérêt pour les États européens. Le rendement de la dette allemande à dix ans, qui fait référence en zone euro, tombait à 1,42%, contre 1,76% à la clôture de mardi.

L'euro décrochait aussi, perdant 0,45% à 1,0519 dollar.

Ces statistiques s'ajoutent à un contexte de craintes croissantes de récession économique mondiale. Jeudi, au deuxième jour de son audition annuelle devant le Congrès à Washington, le patron de la Réserve fédérale, Jerome Powell "a maintenu sa position belliciste dans la lutte contre l'inflation", indiquait Edward Moya, analyste d'Oanda.

Le président de la Fed a redit que la lutte contre l'inflation, au plus haut depuis 40 ans, restait "inconditionnelle".

Pour Karl Haeling, expert à LBBW, un changement dans les attentes de hausses des taux de la Fed de la part des investisseurs semblait montrer que la récession attendue pourrait être courte.

"C'était une journée très intéressante. Il y a une semaine, le marché voyait les taux (de la Fed) au jour le jour atteindre un pic à plus de 4% au 3e trimestre 2023. Maintenant, il les voit monter à 3,5% avec un pic au 1er trimestre 2023", notait l'analyste. Les investisseurs prévoyaient donc une hausse des taux plus rapide dans le temps, correspondant à un ralentissement de l'économie plus court.

Le gaz européen en hausse, le pétrole en recul ___

Le cours de référence du gaz naturel en Europe, le TTF néerlandais, a pris presque 2% à 130 euros le mégawattheure (MWh) après la décision de l'Allemagne d'activer le "niveau d'alerte" de son plan gaz.

Les prix du pétrole brut ne parvenaient pas à se stabiliser après leur plongeon de la veille, pénalisés eux aussi par les craintes de récession et de la demande en or noir. Le baril de Brent pour livraison en août a abandonné 1,51% à 110,05 dollars et celui de WTI américain à même échéance a conclu à 104,27 dollars, lâchant 1,80%.

Les bancaires à la peine ___

Les valeurs bancaires souffraient notamment du recul des taux d'intérêt sur le marché obligataire. Société Générale perdait 5,51% et BNP Paribas 4,69% à Paris, Barclays 4,50% à Londres.

En Allemagne, Commerzbank et Deutsche Bank ont chuté autour de 12%.

La banque italienne Monte dei Paschi di Siena (BMPS) a annoncé lancer une augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros afin de renforcer ses fonds propres et financer son nouveau plan stratégique 2022-2026 qui vise à augmenter sa rentabilité et réduire ses coûts. L'action a cédé 2,93%.

A l'inverse, les valeurs de la technologie profitaient de la baisse des rendements obligataires, Meta a pris 1,86%, Amazon 3,20% à New York, tandis que Delivery Hero a bondi de 8,29% à Francfort.

afp/rp