New York (awp/afp) - Les Bourses se sont repliées vendredi face à la résilience du marché du travail américain qui devrait maintenir la banque centrale américaine (Fed) dans sa voie de resserrement monétaire en dépit des risques de récession.

En Europe, la Bourse de Paris a lâché 1,17%, celle de Francfort 1,59% et celle de Londres 0,09%, mais les indices européens terminent la première semaine d'octobre dans le vert après un coup dur en septembre. A Zurich, le SMI a perdu 0,79%.

La tendance a été nettement plus affirmée à Wall Street, où le Dow Jones a cédé 2,11%, l'indice Nasdaq a lâché 3,80% et l'indice élargi S&P 500, 2,80%.

L'économie américaine a créé moins d'emplois en septembre, 263.000, contre 315.000 en août, a annoncé vendredi le département américain du Travail. Mais le taux de chômage est reparti en légère baisse en septembre, retombant à 3,5%, un chiffre inférieur aux attentes.

"Dans l'ensemble, ce rapport n'apaisera pas les inquiétudes de la Fed concernant les pressions sur les prix" car "compte tenu de la baisse du chômage et de la forte hausse des salaires, rien n'incite la Fed à ralentir le rythme des hausses de taux", écrit Christian Scherrmann, économiste chez DWS.

Un marché de l'emploi tendu favorise les hausses de salaires qui alimentent elles-mêmes l'inflation. Une dégradation du marché de l'emploi est ainsi, paradoxalement, souhaitée et attendue par les banques centrales pour voir fléchir la hausse des prix.

La perspective d'une poursuite du resserrement monétaire brutal de la Fed a fait de nouveau grimper les taux obligataires.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, plus représentatif des anticipations du marché en termes de politique monétaire que le taux à 10 ans, est monté jusqu'à 4,34%, à un souffle du sommet de 15 ans enregistré fin septembre.

Le taux à 10 ans est lui remonté à 3,88%, contre 3,82% la veille.

Le rendement de l'emprunt allemand à 10 ans est passé tout près de son pic en clôture la semaine passée (2,23%), à 2,22%.

Sur le marché des devises, le dollar progressait de 0,71% face à la livre et de 0,53% face à l'euro vers 20H30 GMT. Le bitcoin perdait lui 2,88% à 19.470 dollars.

La plupart des économistes tablent désormais sur un nouveau relèvement de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed en novembre, qui serait le quatrième d'affilée.

La prochaine réunion du comité monétaire de la Fed est prévue les 1er et 2 novembre. D'ici là, les données sur l'inflation de septembre auront été publiées.

"Pour faire refluer l'inflation, la Réserve fédérale n'a pas d'autre choix que de faire baisser la demande et les tensions sur le marché du travail", analyse Cholet Dupont Oudart dans une note.

La défense résiste ___

Plusieurs entreprises liées à la guerre ont progressé sur les marchés européens, comme Leonardo (+3,11%), BAE Systemes (+3,37%), Dassault Aviation (+2,04%), alors que la Russie célèbre les 70 ans de son président Vladimir Poutine avec de nouveaux discours martiaux.

La tech pénalisée par les taux ___

Le secteur technologique a accusé le coup, que ce soit Dassault Systemes (-6,53%) et Capgemini (-4,07%) à Paris, ASML Holding (-6,14%) à Amsterdam tout comme les plateformes européennes Zalando (-4,49%), HelloFresh (-5,33%), Just Eat Takeaway (-8,59%).

A New York, nul n'a été épargné, surtout pas les poids lourds de la cote, que ce soit Apple (-3,67%), Microsoft (-5,09%), Alphabet (-2,61%) et Amazon (-4,77%). Meta (-4,04%) et Intel (-5,37%) sont même descendus à leur plus bas niveau de l'année.

Le pétrole prolonge ses gains de la semaine ___

Les prix du pétrole ont accéléré leur ascension vendredi s'acheminant encore plus près d'un baril à 100 dollars, pour le Brent, après une semaine de hausses consécutives provoquées par les baisses de production volontaires de l'Opep+.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a gagné 3,49% à 97,92 dollars, un plus haut depuis fin août.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre a bondi de 4,73% à 92,64 dollars.

afp/rp