New York (awp/afp) - L'intervention de la Banque d'Angleterre pour stabiliser le coût de la dette britannique a bousculé devises et obligations mercredi mais plu aux marchés actions, qui ont terminé en hausse.

La Banque d'Angleterre (BoE) est intervenue en achetant des obligations d'État pour "rétablir des conditions de marché normales", estimant que les mouvements du marché obligataire des derniers jours pouvait constituer un "risque réel pour la stabilité financière du Royaume-Uni".

"Ce n'est pas un programme d'achats d'actifs massif, mais son action est vue comme un signe positif, surtout vu son attentisme plus tôt dans la semaine", commente Chris Beauchamp, analyste à IG.

En réaction immédiate, les taux se sont détendus. Le taux britannique à dix ans retombait à 4,01% vers 20H50 GMT, contre 4,59% quelques heures plus tôt, un sommet depuis 2008. L'échéance à trente ans est même passée de 5,14%, un plus haut depuis 1998 atteint à mercredi matin, à 3,93%.

Depuis la présentation du "mini-budget" du gouvernement britannique, les taux obligataires britanniques ne cessaient de se tendre, conséquence du scepticisme des investisseurs quant à la capacité du Royaume-Uni à maîtriser la trajectoire de sa dette.

Après des pertes allant jusqu'à 2%, les Bourses européennes se sont également reprises. Londres a gagné à la clôture 0,30%, Francfort 0,36%, Paris 0,19%, tandis que Milan a cédé 0,52%. A Zurich, le SMI a gagné 0,93%.

Wall Street a été nettement plus loin. Après six séances consécutives de baisse, le Dow Jones a gagné 1,88%, l'indice Nasdaq a pris 2,05% et l'indice élargi S&P 500 a progressé de 1,96%.

Autre bénéficiaire, la livre sterling est remontée à 1,0889 dollar (+1,45%), après un fort repli en milieu de séance et un plus bas historique atteint lundi à 1,0350 dollar.

"Au moins, la BoE fait maintenant quelque chose... même si elle ne fait que mettre en cause la volatilité des marchés financiers, et pas directement la politique budgétaire du gouvernement pour les turbulences", déplore Neil Wilson, analyste de Markets.com.

"Les marchés ont bien réagi mais sur le fond, on sait que quand on augmente la masse monétaire mécaniquement on développe l'inflation", souligne Philippe Cohen, gérant de portefeuilles chez Kiplink Finance, rappelant le pays connait déjà des hausses de prix de 10%.

Le changement de tendance des taux d'emprunt s'étendait aux autres obligations d'État : après avoir battu des records de plus de dix ans pour la France, ou de douze ans aux États-Unis, les rendements des emprunts à dix ans reculaient par rapport à la veille.

Sur le marché des changes, la volatilité n'a pas touché que la livre sterling. Le dollar était en repli face aux grandes monnaies alors que plus tôt il avait atteint un plus haut depuis mi-2002 face à l'euro, et un record depuis 2010 face au yuan.

Vers 20H50 GMT, l'euro reprenait 1,48% à 0,9736 dollar.

Konstantin Oldenbuerger, de CMC Markets, ajoute que "les spéculations autour des fuites de gazoducs, y compris la crainte d'une guerre contre l'infrastructure énergétique européenne, ont pesé". L'Union européenne évoque "un sabotage" des gazoducs Nord Stream.

Sur le marché de référence, le TTF néerlandais, le prix du gaz naturel européen valait 205 euros en hausse de 10,16% par rapport à la veille.

Les cours du pétrole ont poursuivi leur rebond mercredi, soutenus par un repli du dollar, la fermeture d'installations dans le Golfe du Mexique et le rebond surprise de la demande de produits raffinés aux États-Unis.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a engrangé 3,53%, pour clôturer à 89,32 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également avec échéance en novembre, a gagné 4,64%, à 82,15 dollars.

Les banques réagissent à la baisse des taux ___

Les actions des banques européennes ont enregistré des pertes notables dans le sillage de la retombée des taux sur le marché obligataire, qui risque de rogner leurs marges.

À Paris, Société Générale a lâché 4,35% et Crédit Agricole 3,06%. À Londres, Barclays a reculé de 3,05% et Lloyds de 3,31%. Commerzbank a perdu 3,71% et Deutsche Bank 3,37% à Francfort. Tout comme Unicredit (-1,63%) à Milan.

À l'inverse, les grands établissements américains ont caracolé, cette même baisse des taux obligataires présageant de conditions moins défavorables aux entreprises et aux consommateurs, ce qui est positif pour la demande de crédit.

JPMorgan Chase (+2,02%) et Goldman Sachs (+3,23%) se sont ainsi redressés après une séquence délicate depuis deux semaines.

afp/rp