Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux reculent nettement lundi, crispés devant la perspective de hausses de taux des banques centrales et les tensions géopolitiques entre Chine et Etats-Unis.

La Bourse de New York poursuit son repli, encore ébranlée par les créations d'emplois élevées annoncées vendredi aux Etats-Unis qui font craindre une poursuite des hausses de taux d'intérêt sous la pression des banques centrales.

L'indice Dow Jones cédait 0,37%, le Nasdaq, à forte coloration technologique, lâchait 0,68% et le S&P 500 abandonnait 0,56%.

En Europe, Paris perdait 1,30%, Francfort 0,78%, Londres 0,88% et Milan 0,46% vers 14H35 GMT. A Zurich, le SMI cédait 0,66%.

La semaine dernière, les banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) ont clairement signalé qu'elles prévoyaient de nouvelles hausses de taux prochainement mais les marchés ont semblé faire la sourde oreille, poursuivant leur hausse, jusqu'à la publication du rapport sur l'emploi américain vendredi.

Le chiffre de créations d'emplois beaucoup plus élevé que prévu "va doucher les optimistes qui pensaient que la Fed allait lever le pied sur les hausses de taux", commente Philippe de Gouville, patron d'Ismo.

Il augmente "le risque que la Fed soit contrainte de poursuivre davantage en territoire restrictif" sa politique monétaire, "ce qui provoquerait un atterrissage plus difficile" de l'économie et une baisse des bénéfices, précise de Vincent Chaigneau, directeur de la recherche de Generali Investments.

Les opérateurs tablent désormais sur deux relèvements d'un quart de point lors des deux prochaines réunions de la Fed, avant une pause, alors qu'ils privilégiaient jusqu'ici une seule hausse d'ici l'été.

Sur le marché obligataire, ces anticipations se traduisent par une nette remontée des taux d'emprunt des Etats.

De nombreuses prises de paroles de banquiers centraux américains et européens sont au programme de la semaine, notamment Jerome Powell, le patron de la Fed, mardi et Christine Lagarde, présidente de BCE mercredi.

Lundi, Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a fait valoir dans une conférence à Budapest, que "le risque d'un resserrement monétaire excessif était "inférieur au risque d'en faire trop peu" pour ramener l'inflation vers l'objectif de 2%, selon l'agence d'informations financières Bloomberg.

Par ailleurs, "les acteurs du marché étaient très nerveux aussi à cause des effets géopolitiques du ballon chinois sur la côte américaine", constate Andreas Lipkow, analyste indépendant.

Après que les Etats-Unis ont abattu samedi le ballon chinois qui survolait leur sol depuis plusieurs jours, le gouvernement chinois a estimé que les Etats-Unis avaient "gravement affecté et endommagé" les relations entre les deux pays et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté sa visite à Pékin.

Luxe, technologie, tourisme trinquent ___

Les craintes géopolitiques liées à la crise diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis pénalisaient les valeurs du luxe et du tourisme.

Les compagnies aériennes Lufthansa (-1,58%) et Easyjet (-1,15%) reculaient, tout comme le croisiériste Carnival (-3,82%).

Dans le luxe, LVMH cédait 2,21%, Kering 3,36%, Moncler 3,85% et Richemont 2,08% vers 14H40 GMT.

La hausse des taux d'intérêt pèse de plus sur les valorisations dans les secteurs du luxe et de la technologie.

STMicroelectronics se repliait de 3,26%, Infineon de 1,83%.

Du côté des devises, du pétrole et de l'or ___

Les cours du pétrole rebondissent après avoir dévissé de plus de 8% la semaine passée, l'entrée en vigueur de sanctions sur les produits pétroliers raffinés russes faisant glisser le marché dans l'incertitude.

Vers 14H40 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril prenait 0,63% à 80,44 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, gagnait 0,29% à 73,60 dollars.

Le yen reculait de 0,99% face au dollar à 132,5 yens pour un dollar, pénalisé par l'idée que le prochain dirigeant de la Banque du Japon (BoJ) pourrait poursuivre une politique monétaire ultra-souple. Le dollar profitait de son statut de valeur refuge (+0,36% à 1,0756 dollar pour un euro).

afp/rp