New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont poursuivi leur progression mercredi, après la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de leurs alliés de l'accord Opep+ de réduire leur production de deux millions de barils par jour.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a gagné 1,70%, pour clôturer à 93,37 dollars.

Quant au West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en novembre, il a pris 1,43%, à 87,76 dollars.

Réunis à Vienne, les membres de l'Opep+ ont décidé mercredi de couper leur production de deux millions de barils par jour, ce qui "va maintenir le marché sous tension", selon Edward Moya, d'Oanda.

"Cela ne donnera sans doute qu'un million de moins, parce que le groupe est sous ses quotas du fait de l'incapacité de plusieurs pays à atteindre leurs objectifs", a réagi John Kilduff, d'Again Capital.

En août, les membres du cartel ont manqué la cible de 3,58 millions de barils par jour, soit plus de 8% de leur production supposée, plombés notamment par les insuffisances de la Russie, du Nigeria, de l'Angola ou du Kazakhstan.

"Ils essayent d'éviter une nouvelle glissade des prix", selon John Kilduff, pour qui, malgré les doutes sur l'impact effectif de cette coupe, "le signal est important".

Pour l'analyste, "c'est une manoeuvre agressive, qui n'était pas nécessaire", compte tenu du niveau actuel des cours et des fondamentaux du marché. S'ils ont sensiblement baissé depuis la flambée du printemps, les prix de l'or noir demeurent bien supérieurs à leur niveau d'avant le début de la pandémie de Covid-19.

"Stabiliser le marché"

Après l'annonce, le ministre saoudien de l'Energie, Abdel Aziz ben Salmane, a justifié la contraction volontaire de la production de l'Opep+ par la volonté de "stabiliser le marché".

Cette décision intervient alors que l'Europe traverse une crise énergétique sans précédent et que les prix de l'énergie jouent un rôle majeur dans l'envolée de l'inflation au niveau mondial.

L'Opep+ "préserve ses propres intérêts", a résumé John Kilduff, quitte à "s'aliéner ses clients". "Il y a beaucoup de conséquences sur l'économie mondiale, qui aurait vraiment pu bénéficier de prix du pétrole plus bas", a-t-il ajouté.

L'initiative de l'Opep+ a fait réagir la Maison-Blanche, qui a accusé le cartel de "s'aligner avec la Russie", selon la porte-parole Karine Jean-Pierre.

Le gouvernement du président Joe Biden a indiqué que les réserves stratégiques de brut américaines seraient ponctionnées de 10 millions de barils supplémentaires en novembre.

Jusqu'ici, il était prévu que le programme d'utilisation massive de ces stocks, qui ont fondu de près de 205 millions de barils depuis septembre 2021, s'achève fin octobre.

Mercredi, le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a montré que la production de brut américaine avait stagné la semaine dernière, à 12 millions de barils par jour.

Elle n'a quasiment pas évolué depuis quatre mois et demeure éloignée de son niveau d'avant la pandémie, soit 13 millions de barils par jour.

"Les Etats-Unis ne peuvent pas pomper les réserves stratégiques indéfiniment", a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. "Elles vont finir par s'épuiser, et l'Opep le sait. Il faut avoir un plan, mais le gouvernement américain ne s'est pas adapté" en favorisant une hausse de la production américaine, selon lui.

Outre l'Opep+, le marché a été soutenu par la baisse surprise des stocks commerciaux de pétrole aux Etats-Unis, qui ont reculé de 1,4 million de barils, alors que les analystes s'attendaient à une augmentation de 1,8 million, selon l'EIA.

Les opérateurs ont notamment relevé le nouveau bond inattendu de la demande d'essence (+7%), après une première inflexion la semaine précédente, alors que le marché craint de voir l'appétit pour les produits raffinés s'amoindrir avec le ralentissement économique.

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