Zurich (awp) - Les cours du pétrole repartaient en légère hausse mercredi. Les investisseurs se montraient toutefois prudents, ceux-ci se focalisant sur la très attendue décision en soirée du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), laquelle sera suivie par toute une série d'instituts d'émissions ces prochains jours.

Vers 07h50, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril notait à son premier jour de cotation à 85,73 dollars, en hausse de 0,3%. Quant aux 159 litres de l'équivalent américain West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars se négociait à 78,94 dollars, soit une légère progression de 0,09%.

Les cours ont terminé sur une note contrastée mardi, l'attentisme étant déjà de mise avant les décisions de politiques monétaires à venir, lesquelles influenceront la trajectoire de l'économie mondiale et la demande en or noir. A son dernier jour de cotation, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a fléchi en soirée de 0,48%, à 84,49 dollars, alors que le WTI a gagné 1,24%, à 78,87 dollars.

le WTI a profité de bons indicateurs chinois, les indices d'activité PMI pour janvier, qui sont tous deux ressortis très au-dessus des attentes. "C'est une indication du fait que les vagues de Covid post-réouverture ont atteint leur pic et que la vie commence à reprendre son cours", a commenté Duncan Wrigley, de Pantheon Macroeconomics, interrogé par l'AFP.

"Opérateurs sur la touche"

Le pétrole américain a aussi été stimulé par la révision à la hausse de l'estimation de croissance mondiale du Fonds monétaire international (FMI), qui table désormais sur 2,9% en 2023 contre 2,7% jusqu'ici. La banque centrale américaine "pousse les opérateurs à rester sur la touche", a commenté Andrew Lebow, de Commodity Research Group.

La Fed, qui a débuté sa réunion mardi, doit communiquer mercredi sa décision en matière de taux d'intérêt. Les opérateurs attendent un relèvement d'un quart de point, et seront très attentifs aux propos du président de l'institution, Jerome Powell, et à d'éventuels indices négatifs après la réunion.

"Ce qu'ils diront pourraient pousser le dollar encore un peu plus à la baisse", prévient Michael Zuzolo, de Global Commidity Analytics and Consulting, car la Fed approche de la fin de son cycle de resserrement monétaire. Un nouvel effritement du billet vert serait un facteur de soutien pour les cours du pétrole, car l'essentiel des contrats sont libellés dans cette monnaie.

Mais pour les analystes de Commerzbank, l'or noir affronte des "vents contraires" dus à "un sentiment de marché globalement négatif". Ce dernier repose notamment de chiffres élevés d'exportations russes en janvier, qui relativisent l'impact de l'embargo européen.

Statu quo de l'Opep

Les intervenants sont également incités à la prudence par l'anticipation d'un statu quo de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l'accord Opep+, qui se réunit mercredi pour statuer sur ses quotas de production. Ceux-ci devraient être maintenus à leurs niveaux actuels, le cartel attendant avec prudence des éclaircissements sur l'impact de la réouverture économique de la Chine et des dernières sanctions sur l'offre russe.

Davantage que la réunion de l'Opep+, "l'événement, c'est l'embargo" de l'Union européenne sur les produits raffinés en provenance de Russie, qui doit entrer en vigueur dimanche, selon Andrew Lebow. "On va voir quelles quantités de gazole la Russie va pouvoir vendre avec l'embargo", a-t-il expliqué. Le pays était, en effet, jusqu'ici, un très gros pourvoyeur mondial de ce liquide raffiné.

Lors de la conférence de présentation des résultats d'ExxonMobil, le directeur général Darren Woods a estimé que cette mesure "pourrait potentiellement avoir des implications à court terme".

Reste que les incertitudes économiques mondiales continuent de peser sur les marchés des matières premières, les données sur l'industrie manufacturière et les bénéfices des entreprises dans les principales économies ayant donné des résultats mitigés. Ailleurs, les données industrielles ont montré que les stocks de brut américains ont augmenté de 6,3 millions de barils la semaine dernière, malgré les prévisions d'une baisse d'un million de barils.

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