Londres (awp/afp) - Les prix du pétrole dévissaient mercredi de près de 5%, emportés par les craintes de récession conjuguées à la volonté du président Biden d'intervenir pour enrayer l'escalade des coûts du carburant déclenchée par l'inflation.

Vers 09H45 GMT (11H45 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août chutait de 4,23% à 109,80 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, perdait quant à lui 4,71% à 104,36 dollars.

Les deux références évoluaient toutes deux à leur plus bas depuis un mois, en dessous de la barre des 110 dollars le baril.

"Les craintes d'une récession et la réunion de (jeudi) entre les représentants de l'industrie pétrolière américaine et le président américain Biden sont citées comme les raisons de cette nouvelle chute des prix", commente Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank.

Avant cette rencontre, le président Joe Biden va demander mercredi au Congrès américain de suspendre pour trois mois une taxe fédérale sur les prix de l'essence.

La Maison Blanche souhaite supprimer jusqu'en septembre une taxe fédérale et appelle les Etats, qui taxent également l'essence à la pompe, à faire de même, afin "de soulager directement les consommateurs américains qui souffrent de la hausse des prix de Poutine", ont indiqué de hauts responsables de l'administration.

"Il s'agit d'un exemple de réaction négative des marchés à l'incertitude générée par une intervention politique", explique Ricardo Evangelista, analyste pour ActivTrades.

"Malgré les conditions sous-jacentes, avec une demande supérieure à l'offre, les prix ont tout de même chuté, les investisseurs réagissant à la volonté de l'administration Biden de réduire les coûts du carburant", poursuit-il.

A cette proposition de suppression de taxe, qui relève du Congrès, s'ajoutent d'autres mesures, notamment solliciter les raffineurs pour qu'ils augmentent leurs capacités de traitement du brut.

Joe Biden s'en était déjà pris à plusieurs reprises à l'industrie pétrolière américaine qui, selon lui, ne développe pas les projets déjà approuvés pour augmenter la production d'or noir.

"Les marges de profit des raffineries bien au-dessus de la normale qui sont répercutées directement sur les familles américaines ne sont pas acceptables", avait écrit M. Biden dans une lettre envoyée la semaine dernière à sept grands groupes pétroliers.

"Exxon a gagné plus d'argent que Dieu ce trimestre", a récemment ironisé le président américain.

"Un certain nombre d'acteurs du marché pensent clairement que l'industrie pétrolière se pliera au souhait de M. Biden et augmentera considérablement l'offre d'essence", affirme Carsten Fritsch.

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