Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers reculaient vendredi, inquiets d'une action plus agressive que prévu de la banque centrale américaine (Fed) pour endiguer l'inflation.

En Europe, Paris perdait 0,79%, Londres 0,15%, Francfort 0,70% et Milan 0,84%, vers 09H10 GMT. En Suisse, l'indice vedette SMI reculait de 0,31%.

En Asie, Tokyo a lâché 1,28%, Hong Kong 0,19% et Shanghai 0,96%.

Wall Street n'a pas pu maintenir son rebond jeudi et a conclu sur un net repli, après des données conformes aux attentes concernant l'inflation aux Etats-Unis.

Face à des prix qui ont grimpé de 7% en 2021, leur plus forte hausse en près de 40 ans, la puissante banque centrale américaine est résolue à agir, et vite.

Lors d'une audition au Sénat jeudi pour sa nomination au poste de vice-présidente de la Réserve fédérale (Fed), Lael Brainard a affirmé être "très préoccupée par le niveau élevé de l'inflation" et compte bien utiliser un "outil puissant" de l'institution.

Son arme: des taux directeurs, que la Fed s'apprête à relever plus vite que prévu, sans doute dès mars. L'objectif: renchérir le coût du crédit, et, par ricochet, faire reculer la consommation.

"D'autres banquiers centraux du FOMC soutiennent un relèvement prochain des taux directeurs", affirme Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.

L'un des gouverneurs de la Fed, Christopher Waller, a déclaré sur la chaîne Bloomberg TV être "favorable" à une première hausse des taux en mars, de 0,25 point, mais pas plus, car "nous n'avons pas préparé les marchés à quelque chose d'aussi dramatique".

M. Waller anticipe ensuite trois hausses en 2022, mais, si l'inflation au second semestre "continue à être élevée, nous pourrons avoir quatre ou cinq hausses".

"Les trois hausses de taux au programme cette année apparaissent clairement comme un minimum désormais", souligne Tangi Le Liboux.

Par ailleurs, selon le Wall Street Journal, Joe Biden va nommer comme vice-présidente de la Fed, chargée de la régulation bancaire, Sarah Bloom Raskin, ancienne numéro deux du Trésor, qui appelle à se préoccuper plus fortement du changement climatique.

Du côté des données macroéconomiques, les exportations de la Chine ont bondi de 29,9% en 2021, galvanisées notamment par les produits liés à la lutte contre le coronavirus.

La croissance du Royaume-Uni a bondi en novembre à 0,9%, dépassant pour la première fois son niveau d'avant la pandémie de Covid-19. Et en Allemagne, le PIB a progressé de 2,7% en 2021.

Les investisseurs vont par ailleurs se pencher sur les premiers résultats d'entreprises, dont la publication trimestrielle commence ce vendredi avec plusieurs banques américaines.

Les techs en repli

Les valeurs du secteur technologique continuaient de pâtir des anticipations de hausse des taux d'intérêt, leur croissance étant corrélée à leur capacité à se financer à bas coût.

À Paris, STMicroelectronics perdait 0,96%, Worldline 1,95% et Teleperformance 1,38%.

À Francfort, Infineon (-0,90% à 39,69 euros) et Zalando (-1,90% à 65,96 euros) étaient aussi délaissés.

EDF plonge

Le groupe public français d'énergie a suspendu l'une de ses prévisions financières: celle de son ratio d'endettement financier net sur Ebitda, qu'il n'est plus certain de tenir après des annonces du gouvernement français qui lui demande de vendre davantage d'électricité à bas coût à ses concurrents.

L'action EDF dégringolait de 21,47% à 8,13 euros. Dans son sillage, Engie, autre grand fournisseur français d'énergie, perdait 2,12%.

Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin

Les cours du pétrole rebondissaient vendredi. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, contrat le plus échangé à Londres, prenait 0,91% à 85,23 dollars, vers 09H05 GMT. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février, il montait de 0,61% à 82,61 dollars.

L'euro était toujours très fort par rapport à un dollar pénalisé par le resserrement de la Fed. La monnaie européenne prenait 0,12% à 1,1468 dollar, après avoir atteint plus tôt 1,1483 dollar pour un euro, un sommet depuis mi-novembre.

Le bitcoin, considéré comme un actif risqué, souffrait aussi des dernières anticipations concernant la politique monétaire américain, reculant de 0,54% à 42.600 dollars, après avoir perdu 2,2% la veille.

afp/al