Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers se montraient nerveux mardi face à la tension des taux souverains et une longue liste de risques dont ceux liés aux prix de l'énergie qui pourraient peser sur les perspectives de croissance mondiale.

Les indices européens reculaient tous, de Paris (-1,40%) à Francfort (-0,78%) et de Londres (-0,41%) à Milan (-0,67%) vers 09H35 GMT. En Suisse, l'indice vedette SMI chutait de 1,62%.

Plus tôt, les places asiatiques ont fini en demi-teinte avec une petite baisse de 0,19% à Tokyo, mais une hausse de 1,2% à Hong Kong et de 0,5% à Shanghai.

"Alors que les inquiétudes autour d'Evergrande n'ont pas totalement disparu, c'est désormais la flambée des prix des matières premières, notamment des énergies, qui sont au centre de l'attention", observe Franklin Pichard, directeur de Kiplink Finance.

Les tensions énergétiques s'étendent à la Chine où elles s'expliquent par la flambée des prix du charbon et du gaz naturel combinée aux efforts de Pékin pour réduire les émissions de CO2 et freiner la croissance de la consommation d'énergie.

"Goldman Sachs et Nomura ont dégradé cette nuit leurs prévisions de croissance 2021 pour la Chine", la deuxième économie mondiale où des pénuries d'électricité ralentissent la production et pourraient déstabiliser encore plus les chaînes d'approvisionnement déjà en difficulté, indique de son côté Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.

Dans ce contexte de hausse des prix de l'énergie qui fait craindre une persistance de l'inflation, les rendements continuaient à monter sur le marché de la dette souveraine, le taux américain à dix ans grimpant à 1,53% après être monté jusqu'à 1,51% la veille. Celui à maturité 30 ans, prenait 6 points de base, dépassant les 2%.

"Alors que certains expliquent la montée des rendements souverains par l'optimisme lié à l'économie, cela semble difficile à concevoir avec la réalité d'une baisse de la confiance des consommateurs au moment où les prix de l'énergie flambent, où les chaînes d'approvisionnement se paralysent, avec l'hiver à l'horizon", estime Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

"Cette préoccupation d'une inflation plus persistante semble devenir un sujet plus consistant dans le discours des banquiers centraux", fait-il observer en notant que la veille, le président de l'antenne de New York de la banque centrale américaine John Williams a déclaré que la réduction du soutien monétaire "pourrait être bientôt justifiée".

Le président de la Fed, Jerome Powell, qui doit être auditionné mardi devant le Sénat, va redire que la puissante institution financière "fera tout ce qu'elle peut pour soutenir l'économie jusqu'à ce que la reprise soit complète", selon son discours transmis à la presse lundi.

Autre risque que celui de l'inflation, le Congrès américain a jusqu'à jeudi soir, minuit, pour approuver un nouveau budget du gouvernement fédéral s'il veut éviter que ses fonds ne soient soudainement coupés et que les services fédéraux ne soient paralysés.

Le secteur pétrolier grimpe encore

Les valeurs pétrolières profitaient de l'envolée des cours du pétrole, le prix du Brent ayant dépassé les 80 dollars en tout début de matinée, soit son plus haut niveau depuis octobre 2018, en raison des attentes d'une hausse de la demande et des inquiétudes concernant l'offre. Déjà en forte hausse la veille, TotalEnergies prenait 1,40% à 41,64 euros, Vallourec (+1,84% à 7,46 euros) et TechnipFMC (+0,31% à 6,53 euros). A Londres, BP avançait de 1,99% à 337,90 pence et Royal Dutch Shell de 2,27% 1.631,20 pence.

Les prix de l'or noir continuaient de flamber. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre progressait de 0,94% à 79,46 à Londres vers 09H30 GMT.

À New York, le baril de WTI pour le même mois gagnait 1,09% à 76,26 dollars.

Ça pique pour les fabricants de puces

Les titres des fabricants de semi-conducteurs Infineon (-3,58% à 36,28 euros) à Francfort et STMicroelectronics (-4,16% à 37,93 euros) ou Soitec (-3,41% à 189,60 euros) évoluaient dans le rouge à l'instar d'autres valeurs du secteur technologique pénalisées par la tension du marché de la dette souveraine.

L'euro et le bitcoin continuent de se replier

L'euro approchait mardi de son plus bas niveau de l'année face au dollar, à 1,1677 dollar vers 09h30 GMT.

Le bitcoin se repliait de 2,28% à 41.770 dollars.

afp/al