Paris (awp/afp) - La résilience du marché du travail américain devrait maintenir la banque centrale américaine (Fed) dans sa voie de resserrement monétaire en dépit des risques de récession, ce qui faisait plier vendredi les actions et monter les rendements obligataires ainsi que le dollar.

En Europe, la Bourse de Paris a lâché 1,17%, celle de Francfort -1,59% et celle de Londres -0,09%, mais les indices européens terminent la première semaine d'octobre dans le vert après un coup dur en septembre. A Zurich, le SMI a perdu 0,79%.

Même tendance négative à Wall Street, où le Dow Jones cédait 1,62%, l'indice Nasdaq -3,03%, et l'indice élargi S&P 500 -2,12%.

L'économie américaine a créé moins d'emplois en septembre: 263.000, contre 315.000 en août, a annoncé vendredi le département américain du Travail. Mais le taux de chômage est reparti en légère baisse en septembre, retombant à 3,5%, inférieur aux attentes.

"Dans l'ensemble, ce rapport n'apaisera pas les inquiétudes de la Fed concernant les pressions sur les prix" car "compte tenu de la baisse du chômage et de la forte hausse des salaires, rien n'incite la Fed à ralentir le rythme des hausses de taux", écrit Christian Scherrmann, économiste chez DWS.

Un marché de l'emploi tendu favorise les hausses de salaires qui alimentent elles-mêmes l'inflation. Une dégradation du marché de l'emploi est ainsi, paradoxalement, souhaitée et attendue pour voir fléchir la hausse des prix.

En réaction, les taux montaient sur le marché de la dette souveraine: le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, plus représentatif des anticipations des investisseurs en matière de politique monétaire que le taux à 10 ans, s'établissait à 4,29%, contre 4,25% la veille. Le rendement de l'emprunt allemand à 10 ans passait à 2,19% vers 15H55 GMT, contre 2,08% la veille, plus si loin de son pic en clôture la semaine passée (2,23%).

Sur le marché des devises, le dollar progressait de 0,44% face à la livre et de 0,14% face à l'euro vers 15H55 GMT. Le bitcoin perdait lui 2,34% à 19.582 dollars.

La banque centrale américaine (Fed) est à la manoeuvre pour combattre l'inflation. Elle relève son principal taux directeur depuis mars pour faire ralentir l'économie en décourageant la consommation et l'investissement, au risque cependant de provoquer une récession.

La prochaine réunion du comité monétaire de la Fed est prévue les 1er et 2 novembre. D'ici là, les données sur l'inflation de septembre auront été publiées.

"Pour faire refluer l'inflation, la Réserve fédérale n'a pas d'autre choix que de faire baisser la demande et les tensions sur le marché du travail", analyse Cholet Dupont Oudart dans une note.

La défense résiste ___

Plusieurs entreprises liées à la guerre ont progressé sur les marchés européens, comme Leonardo (+3,11%), BAE Systemes (+3,37%), Dassault Aviation (+2,04%), alors que la Russie célèbre les 70 ans de son président Vladimir Poutine avec de nouveaux discours martiaux.

La tech pénalisée par les taux ___

Le secteur technologique a accusé le coup, que ce soit Dassault Systemes (-6,53%) et Capgemini (-4,07%) à Paris, ASML Holding (-6,14%) à Amsterdam tout comme les plateformes européennes Zalando (-4,49%), HelloFresh (-5,33%), Just Eat Takeaway (-8,59%).

Le pétrole prolonge ses gains de la semaine ___

Les prix du pétrole continuaient leur ascension après une semaine de hausses consécutives, les baisses de production volontaires de l'Opep+ compensant des perspectives macroéconomiques moroses.

Le baril de WTI américain pour livraison en novembre avançait de 4,43% à 92,38 dollars, celui de Brent pour livraison en décembre avançait de 4,15% à 98,31 dollars vers 16H15 GMT.

Le gaz naturel européen chutait de 10,93% à 156,20 euros le mégawattheure sur le marché européen de référence.

afp/rp