Paris (awp/afp) - Les taux des pays européens grimpaient à des sommets sur le marché obligataire lundi, celui de l'Italie en tête, après la victoire de l'extrême droite aux élections, tandis que les Bourses hésitaient face aux perspectives économiques moroses.

Les taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie, de la France et de l'Allemagne ont touché des niveaux plus vus depuis une dizaine d'années sur le marché de la dette.

Le parti post-fasciste Fratelli d'Italia a recueilli un peu plus d'un quart des voix, permettant à sa cheffe Giorgia Meloni de revendiquer la direction du prochain gouvernement.

L'écart entre le taux à dix ans de l'Allemagne et l'équivalent italien s'accentuait légèrement, révélateur des incertitudes des investisseurs quant à la politique du futur gouvernement italien.

Ce "spread" est cependant à un niveau très élevé, "les investisseurs ayant anticipé depuis de nombreuses semaines l'arrivée au pouvoir des forces de droite radicale", soulignent les analystes du gestionnaire d'actifs Apicil dans une note.

Ils ajoutent que "les marchés se montrent toutefois plus confiants qu'en 2018 lorsque la Ligue du Nord, menée par Matteo Salvini, est entrée au gouvernement. Entre-temps, les leaders de l'extrême-droite italienne ont policé leur discours vis-à-vis de l'Union européenne".

Milan accrochait en effet la plus forte hausse des places européennes: +0,99%, contrebalançant légèrement sa chute de 3,36% vendredi, le plus fort recul en Europe.

Les Bourses européennes se montraient hésitantes et sans tendance claire depuis le début de la séance. Vers 12H50 GMT, Paris (+0,14%) et Francfort (+0,16%) se stabilisaient proches de l'équilibre, Londres reculait de 0,61%. A Zurich, le SMI cédait 0,89%.

Outre-Atlantique, les contrats à terme des trois principaux indices américains pointaient vers une ouverture en repli d'environ 0,3%.

Sur le marché des changes, la livre est tombée vers 01H25 GMT à 1,0350 dollar, son plus bas depuis l'existence du billet vert un plus bas historique face au dollar en raison du risque de dérapage des finances publiques.

La monnaie britannique s'est ensuite reprise, vers 11H40 GMT la livre reprenait 0,38% à 1,0901 dollar pour une livre.

Les taux d'emprunt du Royaume-Uni continuaient de grimper après leur flambée de vendredi, surtout ceux à moyen terme: le rendement à 5 ans dépasse les 4,5% vers 12H50 GMT contre 4,04% vendredi soir.

Du côté des changes, l'euro a chuté dans la nuit à l'annonce des résultats des élections italiennes, avant de se reprendre. Il était stable face au dollar à 0,9688 dollar pour un euro vers 12H50 GMT.

L'abaissement des prévisions de croissance mondiale pour 2023 de l'OCDE a de plus ancré le moral des investisseurs dans le pessimisme.

L'Allemagne devrait être la première grande économie européenne à basculer en récession l'an prochain avec un recul anticipé de 0,7% de son PIB, selon l'institution. Le moral des entrepreneurs allemands a d'ailleurs encore reculé en septembre, pour le quatrième mois consécutif.

En Russie, la Bourse de Moscou plongeait de près de 7%, et a touché un plus bas depuis l'offensive contre l'Ukraine fin février, sur fond de tensions dans de nombreuses régions sur la mobilisation partielle.

Credit Suisse confiant ___

L'action Credit Suisse prenait 1,45% après que la banque helvétique a affirmé être en "en bonne voie sur sa revue stratégique complète y compris sur les potentielles cessions et ventes d'actifs".

__- Unilever perd son DG ___

Le directeur général d'Unilever (+0,68% à Londres), Alan Jope, va quitter l'entreprise fin 2023 après cinq années à la tête du géant de l'agroalimentaire et des produits d'hygiène.

Du côté du pétrole ___

Les prix du pétrole étaient en baisse face aux perspectives économiques moroses qui risquent de réduire la demande.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, reculait de 0,16% à 86,02 dollars et celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, à même échéance, perdait 0,62% à 78,31 dollars, vers 12H50 GMT.

afp/rp