Paris (awp/afp) - Les taux des pays européens grimpaient à des sommets sur le marché obligataire lundi, celui de l'Italie en tête, après la victoire de l'extrême droite aux élections, tandis que les Bourses n'arrivaient pas à se reprendre.

"Les craintes économiques envahissent à nouveau les marchés", résume Craig Erlam, analyste d'Oanda.

Les taux d'emprunt à dix ans de l'Italie, de la France et de l'Allemagne ont touché des niveaux plus vus depuis une dizaine d'années sur le marché de la dette et l'écart entre le taux allemand et italien, a augmenté, signe des incertitudes des marchés. Le taux à 10 ans américain progressait aussi fortement, à 3,77%, au plus haut depuis 2011.

Le parti post-fasciste Fratelli d'Italia a recueilli dimanche un peu plus d'un quart des voix aux élections législatives, permettant à sa cheffe Giorgia Meloni de revendiquer la direction du prochain gouvernement italien.

"Les marchés se montrent toutefois plus confiants qu'en 2018 lorsque la Ligue du Nord, menée par Matteo Salvini, est entrée au gouvernement", soulignent les analystes du gestionnaire d'actifs Apicil dans une note, car "entre-temps, les leaders de l'extrême-droite italienne ont policé leur discours vis-à-vis de l'Union européenne".

Milan a connu la plus forte hausse des places européennes: +0,67%, contrebalançant légèrement sa chute de 3,36% vendredi, le plus fort recul en Europe.

Les Bourses européennes ont terminé globalement en baisse, certaines enfonçant leur plus bas de l'année touché vendredi. Paris a perdu 0,24%, Francfort 0,46% et Londres est restée stable (+0,03%). A Zurich, le SMI a cédé 0,64%.

Wall Street évoluait en baisse, le Dow Jones reculant de 0,67% et le S&P 500 de 0,48%, alors que le Nasdaq restait stable vers 15H55 GMT.

Tempête sur la livre ___

Sur le marché des changes, la livre est tombée vers 01H25 GMT à 1,0350 dollar - son plus bas depuis l'existence du billet vert-, en raison du risque de dérapage des finances publiques au Royaume-Uni.

La monnaie britannique s'est ensuite reprise mais perdait encore 1,56% à 1,0699 dollar pour une livre vers 15H50, les investisseurs spéculant sur une éventuelle intervention de la Banque d'Angleterre.

L'euro a chuté dans la nuit à l'annonce des résultats des élections italiennes, et peinait à se reprendre. Il baissait de 0,69% face au dollar à 0,9620 dollar pour un euro vers 15H50 GMT.

L'abaissement des prévisions de croissance mondiale pour 2023 de l'OCDE a aussi alimenté le pessimisme des investisseurs.

Les valeurs défensives en retrait ___

Les valeurs dites défensives, réputées comme moins sensibles à la conjoncture, étaient en difficulté, en particulier le géant de l'assurance santé UnitedHealth (-0,90%), Johnson & Johnson (-0,22%) ou le laboratoire Merck (-0,55%).

En France, les entreprises de services aux collectivités Veolia (-3,28%) et Engie (-3,44%) ont signé les plus fortes baisses, après des perspectives négatives sur ce secteur dressées par un analyste de Citi. United Utilities a aussi perdu 3,90% Londres.

Du changement chez Unilever ___

Le géant de l'agroalimentaire et des produits d'hygiène Unilever a gagné 1,83% après l'annonce de son directeur général Alan Jope de son intention de quitter l'entreprise fin 2023. Une envolée que Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor, explique par le fait que "cette année la gestion s'est retrouvée sous le feu des critiques après l'échec de l'acquisition de la division de produits de santé de grande consommation de GSK".

Du côté du pétrole ___

Les prix du pétrole reculaient encore devant les risques de récession.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, cédait 1,04% à 85,25 dollars et celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, à même échéance, perdait 0,83% à 78,11 dollars, vers 15H40 GMT.

Le prix du gaz naturel en Europe chutait de 8,07% à 170 euros le mégawattheure vers 15H35 GMT.

afp/rp