Caracas (awp/afp) - Le président vénézuélien Nicolas Maduro a salué mercredi comme un pas dans la "bonne direction" l'autorisation donnée par les Etats-Unis au géant de l'énergie Chevron d'opérer au Venezuela, mais a plaidé pour la levée complète des sanctions imposées à son pays.

Les licences que Washington a accordé à Chevron et à d'autres entreprises "vont sans aucun doute dans la bonne direction, bien qu'elles ne soient pas suffisantes pour ce que le Venezuela exige, à savoir la levée complète de toutes les mesures coercitives unilatérales sur l'industrie pétrolière", a déclaré M. Maduro lors d'une conférence de presse.

Le gouvernement américain a autorisé samedi Chevron à reprendre partiellement ses extractions d'hydrocarbures au Venezuela, lui permettant de relancer ses activités dans les quatre entreprises qu'elle détient avec le géant public vénézuélien Petroleos de Venezuela (PdVSA). Toutefois, Chevron doit s'assurer que l'entreprise publique ne reçoive aucun revenu de ses ventes de pétrole.

Cette autorisation est intervenue immédiatement après la signature d'un accord au Mexique entre le pouvoir vénézuélien et l'opposition pour le déblocage de trois milliards de dollars vénézuéliens gelés à l'étranger suite aux sanctions, afin de les affecter à des projets sociaux (électricité, eau et aides aux régions affectées par les inondations).

"Elections sans sanctions" ___

Les Etats-Unis et la communauté internationale, qui ne reconnaissaient pas la réélection de Nicolas Maduro en 2018, boycottée par l'opposition, ont infligé d'importantes sanctions au pays, espérant l'évincer du pouvoir.

"L'idée de retirer le Venezuela du circuit économique mondial était une mauvaise idée, une idée extrémiste de Donald Trump, et ils en paient le prix parce que le Venezuela fait partie de l'équation énergétique mondiale", a déclaré mercredi le président Maduro.

"Peu importe qui cela blesse, nous devons être là, nous sommes une grande puissance pétrolière et nous allons être une puissance gazière", a-t-il ajouté, rappelant que quelques jours à peine après le début de la guerre en Ukraine le 24 février, Washington, inquiet de la hausse des prix du baril, avait envoyé une mission négocier à Caracas.

En mai, Washington avait déjà permis à Chevron de "négocier" son éventuelle reprise d'exploitation au Venezuela, ce qui représentait une première entorse à l'embargo sur le pétrole vénézuélien de 2019.

Nicolas Maduro, qui réclame régulièrement la levée des "763 sanctions criminelles" contre son pays, espère que les trois milliards de dollars libérés arriveront en décembre. Il soutient que 24 milliards d'avoirs vénézuéliens sont "séquestrés" à l'étranger.

Ces trois milliards s'inscrivent dans un accord entre pouvoir et opposition, qui ont repris en novembre des négociations interrompues depuis plus d'un an visant à sortir le pays de la crise économique mais surtout politique.

L'opposition réclame notamment un scrutin "libre, juste, démocratique et observable" pour la présidentielle de 2024.

Les États-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont salué samedi dans une déclaration commune la reprise officielle du dialogue et appelé à "faire preuve de bonne volonté pour parvenir à un accord global conduisant à des élections libres et équitables en 2024". Ils se sont également déclarés "prêts" à revoir les sanctions "en cas de progrès substantiels".

"Nous voulons des élections libres de sanctions, libres de mesures coercitives unilatérales, qu'elles soient toutes levées pour que nous puissions avoir de nouvelles et belles élections", a rétorqué mercredi le président Maduro.

Ce dernier a aussi demandé à Washington de rendre au Venezuela la compagnie pétrolière Citgo, filiale américaine de PdVSA.

"Citgo est la propriété du Venezuela et c'est un des éléments vitaux pour continuer à avancer dans les négociations. Que Citgo soit rendu au Venezuela complètement, sans artifices", a-t-il lancé, assurant à deux reprises que l'entreprise avait généré ces trois dernières années, quatre milliards de dollars de dividendes qui appartiendraient aussi au Venezuela selon lui. "On les veut maintenant", a-t-il lancé.

afp/rp