New York (awp/afp) - Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI), variété de référence américaine, a fini mardi en forte baisse, à son plus bas niveau de l'année en clôture, sur un marché toujours préoccupé par un affaissement de la demande.

Le WTI pour livraison en janvier a terminé en repli de 3,48%, à 74,25 dollars. En deux séances, le brut américain a abandonné plus de 7%.

En séance, mardi, il est descendu jusqu'à 73,41 dollars, une profondeur plus explorée depuis fin décembre 2021.

Quant au baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en février, il a perdu 4,02%, à 79,35 dollars, clôturant en-deçà de 80 dollars pour la première fois depuis début janvier.

"L'effet potentiel d'une nouvelle série de hausses de taux (de la banque centrale américaine) a fait peur au marché quant aux possibles répercussions sur l'économie mondiale", a commenté Susannah Streeter, d'Hargreaves Lansdown, un sentiment qui avait déjà justifié le retournement de tendance de lundi.

Un resserrement monétaire plus appuyé que prévu pourrait affaiblir la demande d'or noir et déprimer encore davantage les cours.

A cela s'ajoutent les incertitudes autour de la situation sanitaire en Chine, premier importateur mondial, avec une levée des restrictions qui demeure très progressive.

Autre élément, le regain du dollar, qui s'est ressaisi ces deux derniers jours après plusieurs semaines de glissade, ce qui est défavorable aux prix du pétrole, libellés le plus souvent en billets verts.

Pour Bart Melek, de TD Securities, côté offre, certains opérateurs ont été déçus par le maintien, annoncé dimanche, de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de leurs alliés de l'accord Opep+.

De ce fait, "le marché s'inquiète de voir une offre trop abondante" au niveau mondiale, explique l'analyste.

Les spéculateurs se retirent

Les traders ont également réagi à l'entrée en vigueur de l'embargo européen sur le pétrole russe, assorti d'un mécanisme de prix plafond pour les livraisons à destination d'autres destinations que l'Europe.

Pour Craig Erlam, analyste chez Oanda, "à bien des égards, cela n'améliore pas la visibilité dans le secteur du pétrole brut ; on peut même dire (que ces mesures) rendent les perspectives plus incertaines".

A ce stade, "il semble que la seule chose garantie sur le marché pétrolier, pour l'instant, soit la volatilité", assène-t-il.

Moscou a affirmé à plusieurs reprises que la Russie ne vendrait pas de pétrole aux pays appliquant le plafonnement.

Pour M. Erlam, ce mécanisme est probablement considéré par les investisseurs comme un "statu quo", d'autant que la Russie tente d'améliorer sa "capacité à contourner les sanctions".

"Cela signifie que la production reste globalement stable", souligne-t-il.

Après la dégringolade de mardi, l'Oural, principale variété de référence du pétrole russe, pour livraison en février, ressortait à 60 dollars, soit exactement le prix plafond.

Selon un responsable d'une société de transport maritime spécialisée dans le pétrole, sous couvert d'anonymat, certaines variétés se négocient à un prix plus proche de 50 dollars le baril, ce qui rend le plafond inopérant.

"Je n'ai aucun doute qu'il y aura des acheteurs pour nos produits" pétroliers, a déclaré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par les agences de presse russes.

"Vous avez des gens qui s'étaient positionnés à l'achat", pariant sur des perturbations majeures consécutives à l'embargo et au plafonnement, a avancé Bill O'Grady, de Confluence Investment.

"Mais rien de ce qu'ils attendaient ne s'est produit et cela a donné lieu à une longue liquidation" de positions, c'est-à-dire un désengagement massif d'opérateurs spéculatifs, qui a fait basculer les prix.

L'accès de faiblesse du pétrole pourrait cependant n'être que de courte durée, selon Bill O'Grady.

L'embargo russe et le plafonnement "vont finir par perturber" le flux du pétrole russe, prévient l'analyste, mentionnant l'embouteillage de tankers qui s'est formé, ces dernières heures, près du détroit du Bosphore, selon plusieurs médias.

Le blocage tiendrait à la volonté des autorités turques d'obtenir des navires souhaitant sortir de mer Noire un certificat d'assurance, par crainte qu'un accident ne soit pas couvert.

Par ailleurs, "L'Opep a une grande latitude pour rééquilibrer l'offre avec la demande", estime Bart Melek, "et je m'attends à ce qu'elle réduise leur production si (la chute des prix) continue."

afp/rp