Paris (awp/afp) - Thomas Rabe, PDG du groupe Bertelsmann, a dit jeudi s'attendre "tôt ou tard" à un rapprochement en Allemagne entre RTL -chaîne privée qu'il contrôle- et sa rivale ProSieben, dans un contexte général de concentration des médias en Europe.

Selon le patron allemand, face à la concurrence des géants américains -Netflix, Amazon Prime, Disney, YouTube (Google) et Facebook-, il n'y a d'autre salut pour les opérateurs historiques européens que d'opérer des rapprochements entre eux dans leurs pays respectifs, comme c'est le cas en France avec la fusion prévue des chaînes privées TF1 et M6.

"Je suis convaincu qu'en Allemagne, tôt ou tard, RTL et ProSieben vont se rapprocher si les opérations en France et aux Pays-Bas se réalisent dans des conditions acceptables", a dit M. Rabe, également directeur de RTL Group, lors d'une audition au Sénat sur la concentration des médias en France.

Le projet de fusion entre TF1 et M6, les deux principaux groupes audiovisuels privés en France, est soumis à l'autorisation de plusieurs régulateurs, parmi lesquels l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) et l'Autorité de la concurrence.

Pour pouvoir mener à bien ce projet, TF1 et M6 devront vendre plusieurs de leurs chaînes ou céder une fréquence de la télévision numérique terrestre (TNT) pour rentrer dans les clous de la réglementation, selon laquelle un groupe peut détenir 7 chaînes au maximum.

Bertelsmann est actuellement l'actionnaire principal de M6 via RTL Group. Dans la nouvelle entité fusionnée M6-TF1, RTL Group garderait 16% du capital, ce qui ferait de lui le deuxième actionnaire derrière Bouygues (propriétaire de TF1), qui serait l'actionnaire de référence et avec lequel il agirait de concert. Les deux partenaires contrôleraient au total 46% du groupe.

En juin, RTL Pays-Bas avait annoncé une fusion avec Talpa Network, propriété du célèbre producteur John de Mol. Au même moment, RTL Group a vendu sa filiale RTL Belgium aux Belges DPG Media (dans le nord du pays) et Groupe Rossel (dans le sud).

Questionné sur l'éventuelle ingérence des propriétaires des groupes dans les rédactions, M. Rabe a affirmé que, chez Bertelsmann, ce n'était pas le cas.

"Je n'interviens pas dans la ligne éditoriale. Pour moi, c'est clair. (...) Si je ne fais pas confiance aux gens qui sont responsables, le groupe est ingérable", a-t-il dit.

afp/rp