Francfort (awp/afp) - Début d'été sur les chapeaux de roue pour la place francfortoise: en l'espace d'une semaine, pas moins de trois entreprises allemandes ont fait leurs premiers pas en Bourse, dont Delivery Hero, dans un marché jusqu'ici assoupi.

Une coupe de champagne à la main, entouré de journalistes, le patron suédois de Delivery Hero exulte. "C'est un super jour. Nous voulons continuer à croître très vite. Ce n'est qu'un début", promet Niklas Oestberg, quelques minutes après avoir agité frénétiquement, sous une pluie de confettis, la cloche qui accompagne toute introduction boursière (IPO) à Francfort.

Le groupe berlinois, coté depuis vendredi matin, a levé à lui seul près d'un milliard d'euros (996 millions d'euros).

A la clôture du marché, le titre valait 27,50 euros, en hausse de presque 8% par rapport à son prix d'introduction de 25,50 euros, déjà situé en haut de la fourchette proposée aux actionnaires, ce qui valorise l'entreprise à plus de 4 milliards d'euros.

"Cette IPO a valeur de jalon et va montrer le chemin à d'autres", veut croire Armin Heuberger, directeur des marchés actions pour l'Allemagne et l'Autriche chez UBS, qui a accompagné cette transaction.

Créée en 2011, Delivery Hero est actif dans une quarantaine de pays et emploie plus de 6.000 personnes, nombre auquel s'ajoutent les milliers de livreurs. Comptant l'enseigne Foodora parmi ses nombreuses marques, ce concurrent de Deliveroo, en forte croissance, a généré 347 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016 et vise l'équilibre financier en 2019.

Son entrée remarquée sur le parquet francfortois mêlait émission d'actions nouvelles accompagnées d'une option de surallocation et vente d'actions déjà existantes. L'incubateur de jeunes pousses Rocket Internet détiendra entre 28,7% à 25,7% de Delivery Hero après l'exercice de l'option de surallocation, contre 35% auparavant.

Il s'agit de la plus deuxième plus grosse IPO sur la Bourse de Francfort depuis un an, après la levée par Innogy (né de la scission de l'énergéticien RWE) de 5 milliards d'euros à l'automne.

Cela marque aussi l'irruption d'une nouvelle start-up très prometteuse, alors que les entrées en Bourse du groupe de commerce en ligne Zalando et de Rocket Internet remontent à 2014.

Accueillie sur le "Prime Standard", segment qui abrite le prestigieux Dax, Delivery Hero pourrait un jour prétendre à intégrer un indice.

-Environnement favorable-

Sa première cotation a éclipsé celle, beaucoup plus humble (17 millions d'euros levés), de Noratis, un développeur immobilier qui a rejoint dans la matinée "Scale", la plateforme de marché dédiée aux jeunes PME qu'a lancée Deutsche Börse en mars.

Enfin Vapiano, une chaîne de restaurants italiens, a fait ses premiers pas à Francfort mardi, en levant environ 184 millions d'euros. L'action, proposée initialement à 23 euros, cote désormais à 22,85 euros.

Si les candidats à la Bourse de Francfort se sont bousculés au portillon ces derniers jours, cela n'a pas été le cas sur les premiers mois de l'année. Pour l'ensemble du premier semestre, Deutsche Börse dénombre ainsi seulement 5 entrées en Bourse.

"L'ambiance s'est récemment améliorée après un début d'année relativement contenu", confirme Martin Steinbach, spécialiste du sujet au sein du cabinet de conseil EY. Pour 2017, il table sur 10 introductions boursières en Allemagne, contre 8 (pour un volume d'émission de 5,2 milliards d'euros) en 2016.

Sa consoeur de PWC, Nadja Picard, s'attend pour sa part à "un développement positif sur les marché des émissions cet été et à l'automne, et à une hausse continue de l'activité en 2018".

Cet engouement tient à une conjonction de facteurs favorables en Europe, soulignent les experts. A commencer par la grande forme du marché actions: le Dax a inscrit en juin un nouveau record historique, au seuil des 13.000 points.

Par ailleurs, "les risques politiques ont nettement diminué et, malgré les impondérables liés aux négociations sur le Brexit, on observe une confiance des consommateurs accrue, des résultats d'entreprises en hausse et une disposition des entreprises à investir de plus en plus forte", relève M. Steinbach.

Dans les starting-blocks figurent notamment Jost, sous-traitant de la fabrication de poids lourds, qui espère lever 130 millions d'euros au cours du deuxième semestre, et la start-up financière Naga, qui table sur 2,6 millions d'euros dès juillet.

afp/rp