NEW YORK (awp/afp) - Plusieurs acteurs du marché financier soupçonnent des établissements d'avoir manipulé des produits liés à la volatilité à Wall Street, un secteur accusé la semaine dernière d'avoir amplifié la correction boursière.

Dans une lettre envoyée par son avocat aux autorités de régulation américaines (SEC et CFTC), un individu se présentant comme un lanceur l'alerte dénonce des "fraudes" et le "risque systémique" que font peser ces agissements sur "l'ensemble du marché des actions".

Il a gardé l'anonymat mais aurait travaillé, selon son avocat, "parmi certains des plus grands groupes d'investissement dans le monde".

Par ailleurs, selon le Wall Street Journal, l'institution chargée de mettre en garde les investisseurs contre les fraudes financières, la FINRA, vient aussi de se pencher sur le sujet. Contactée par l'AFP, un porte-parole de l'agence n'a pas voulu confirmer cette information.

Dans sa lettre, le lanceur d'alerte affirme que des investisseurs se serviraient d'une "faille" sur la plate-forme boursière Cboe qui leur permettrait "grâce à de puissants algorithmes de faire bouger le VIX (l'indice mesurant à la volatilité des marchés) à la hausse ou à la baisse", en passant des ordres sur des options liées à l'indice boursier S&P 500, mais sans les honorer ensuite.

Ces manipulations ont, selon lui, mené à "des milliards de dollars de profits subtilisés aux investisseurs institutionnels et particuliers et encaissés par des acteurs du marché manquant d'éthique".

Le VIX, aussi appelé "indice de la peur", est un indicateur qui se base sur le risque de voir fluctuer l'indice financier S&P 500. Destiné à l'origine à évaluer la "température" des marchés, il est devenu un produit dérivé à part entière sur lequel parient les investisseurs à la hausse ou à la baisse.

Investissement très lucratif grâce à une volatilité atone depuis l'été 2015, les paris sur une baisse encore accrue de la volatilité ont volé en éclat la semaine dernière lorsqu'un violent retour de l'incertitude a fait monter le VIX de plus de 100%, forçant les banques Credit Suisse et Nomura à annoncer la fermeture de fonds liés à ce marché en raison de lourdes pertes.

"Cette lettre est pleine d'informations inexactes, de défauts de compréhension et d'erreurs factuelles, incluant une méconnaissance fondamentale de la relation entre l'indice VIX, le marché à terme du VIX et les produits indexés sur la volatilité (ETP), entre autres", a réagi un porte-parole du Cboe, dénonçant le "manque de crédibilité" des accusations.

afp/rp