Courtelary (BE) (awp/ats) - Camille Bloch garde le cap, malgré l'envolée du prix du cacao et la stagnation générale de la consommation en Suisse. Le chocolatier basé dans le Jura bernois mise sur ses recettes éprouvées et la fidélité des clients à ses produits phares pour faire face aux nouveaux défis.

"Je ne me fais pas de souci pour l'avenir du chocolat. L'être humain est ainsi fait qu'il conserve une appétence pour le sucré", a déclaré la responsable de la communication de l'entreprise, Jessica Herschkowitz, lors d'une visite de Keystone-ATS au centre de production à Courtelary.

Ces dernières semaines, de nombreux médias internationaux et suisses se sont penchés au chevet de Camille Bloch (et d'autres chocolatiers) pour savoir comment le fabricant réagissait à l'explosion du prix du cacao, qui a doublé depuis le début de l'année. CNN, Bloomberg, le Financial Times, ou encore l'Agence France-Presse (afp) se sont intéressés de près à l'entreprise.

Le chocolat fait toujours saliver et vendre, de génération en génération, quels que soient les aléas. Les soubresauts actuels n'ébranlent donc pas Camille Bloch, qui en a vu d'autres depuis sa création en 1929, souligne sa porte-parole.

Nouvelles contraintes

Outre les prix élevés des matières premières (cacao mais aussi sucre et poudre de lait), le chocolatier se prépare à deux nouveaux écueils: la raréfaction prévisible de la production de cacao ces prochaines années, due aux changements climatiques et aux nouvelles méthodes de production, ainsi que la récente législation européenne qui interdit aux producteurs d'utiliser des fèves provenant de terres défrichées après 2020.

Camille Bloch, comme les autres exportateurs, est plus que jamais tenu d'assurer une parfaite traçabilité de ses matières premières. A ce sujet, l'entreprise n'utilise pas de label pour ses produits mais se déclare transparente: "Nos chocolats - dont le cacao provient du Pérou - ne sont pas labellisés car nous ne voulons pas déléguer notre responsabilité à un certificat. Nous préférons être nous-mêmes les garants de la qualité de nos produits", précise Mme Herschkowitz.

En attendant que la nouvelle législation européenne déploie tous ses effets, Camille Bloch se félicite d'avoir retrouvé ses niveaux de ventes d'avant le Covid, une période qui avait entraîné une chute des affaires de l'ordre de 15%. Les ventes annuelles se sont rétablies autour des 60 millions de francs suisses. La part de marché de l'entreprise en Suisse est stable à 4,8% (derrière les deux grandes marques de Migros et Coop, Frey et Halba), ainsi que le nombre d'employés (180).

Le pouls des clients

Camille Bloch connaît son positionnement et s'y tient. "Nous cultivons nos racines et nos valeurs, nous sommes attachés à notre indépendance", comme l'a relevé son directeur Daniel Bloch au micro de Richard Quest sur CNN.

Le Centre visiteurs que le chocolatier a ouvert en 2017 à Courtelary, attenant à l'usine, permet de cultiver le contact avec la clientèle et d'en prendre le pouls. "Nous permettons à nos visiteurs de mettre de la matière sur nos valeurs et de les vivre", souligne son responsable, Hans-Ruedi Reinhard.

Les curieux, qui se déplacent le plus souvent en famille, ont l'occasion de s'immerger, de façon ludique, au coeur du monde du chocolat et de l'histoire de l'entreprise. Au programme, un parcours découverte, des ateliers de fabrication du chocolat, différentes animations et, forcément, des "offres gourmandes".

Le classique en tête

L'an dernier, 72'440 personnes ont visité le centre. Les remarques et observations recueillies lors de ces passages sont autant d'enseignements sur les goûts et préférences du public.

Le consommateur se montre extrêmement constant et attaché aux valeurs sûres. Le produit qui marche le mieux reste le Ragusa classique, devant le noir et le blond caramélisé, lancé en 2013.

Le Ragusa en général représente environ 56% des ventes, loin devant le Torino (24%) et les autres spécialités comme le chocolat à la liqueur ou kasher.

Face à la hausse des matières premières, Camille Bloch s'est efforcé de repousser l'échéance d'une hausse de ses prix le plus longtemps possible mais doit aujourd'hui s'y résoudre, comme les autres producteurs.

Par ailleurs, pas question pour l'entreprise de faire des offres promotionnelles, ce n'est pas dans son ADN, explique Jessica Herschkowitz.

La culture d'entreprise, faite de valeurs familiales et d'une proximité qui peut se ressentir à tous les étages de la fabrique, constitue un socle solide et maintes fois éprouvé. Il doit permettre cette fois encore d'affronter les vents contraires.