(Actualisé après le discours)

par Elisabeth O'Leary

ABERDEEN, Ecosse, 18 mars (Reuters) - Le refus du gouvernement britannique de discuter d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse "ferait voler en éclats" la structure constitutionnelle du Royaume-Uni, a averti samedi la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon.

Devant sa formation politique, le Parti national écossais (SNP, nationaliste), réuni en conférence à Aberdeen, Nicola Sturgeon a réaffirmé sous les applaudissements sa volonté d'organiser une nouvelle consultation sur l'indépendance après celle de 2014.

Un vote est prévu mercredi au Parlement écossais, où les indépendantistes sont majoritaires et devraient autoriser la chef de l'exécutif écossais à demander un nouveau référendum.

Nicola Sturgeon a souhaité lundi qu'il ait lieu entre l'automne 2018 et le printemps 2019, une fois clarifiées les conditions d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, à laquelle les Ecossais se sont opposés lors du référendum sur le Brexit en juin 2016.

La Première ministre britannique Theresa May, qui s'apprête à enclencher officiellement la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a redit jeudi son opposition à la tenue en Ecosse d'un tel référendum dans les délais souhaités par son homologue écossaise. Ce n'est "pas le moment", a-t-elle dit.

Aux termes de la Constitution britannique, tout vote légalement contraignant en Ecosse devra avoir été approuvé au préalable par le Parlement de Westminster à Londres.

Un refus de Londres "ferait voler en éclats toute notion du Royaume-Uni comme étant un partenariat entre membres égaux qui se respectent", a déclaré Nicola Sturgeon devant le SNP.

"(May) a le temps de réfléchir encore et j'espère qu'elle le fera. Si sa préoccupation porte sur la question du moment, alors (...) je serai heureuse d'avoir cette discussion", a ajouté la Première ministre écossaise.

CONDESCENDANCE, INFLEXIBILITÉ

Le référendum sur le Brexit a ébranlé les relations des quatre pays qui constituent le Royaume-Uni. L'Angleterre et le Pays-de-Galles ont voté pour le Brexit, les Ecossais et l'Irlande du Nord se prononçant pour un maintien dans l'UE.

Face à la perspective de voir le Royaume-Uni quitter l'UE sans grande contrepartie, les nationalistes écossais estiment que l'Ecosse doit pouvoir se prononcer à nouveau sur son avenir.

Evoquant les futures négociations du Brexit, Nicola Sturgeon a adressé une pique à la dirigeance conservatrice: "Si (May) fait preuve de la même condescendance et de la même inflexibilité (...) avec les autres pays membres de l'UE qu'avec l'Ecosse, le processus du Brexit a de l'eau dans le gaz."

En Irlande du Nord, le principal parti nationaliste a indiqué qu'il voulait lui aussi un vote sur une sécession d'avec le Royaume-Uni après le vote du territoire en faveur du Brexit.

En septembre 2014, les Écossais avaient rejeté à 55% la voie de la sécession.

Mais Nicola Sturgeon a été élue l'an dernier sur un programme qui comportait la possibilité d'une nouvelle consultation sur l'indépendance s'il y avait un changement notable "comme par exemple si l'Ecosse était poussée vers la sortie de l'UE contre sa volonté".

Interrogée vendredi à la télévision écossaise, Nicola Sturgeon a dit avoir plusieurs "options" au cas où Theresa May refuserait de lui donner mandat de convoquer un nouveau référendum, mais n'a pas précisé lesquelles.

Il pourrait s'agir par exemple d'un référendum consultatif, qui ne serait pas autorisé par le Parlement de Westminster.

"Nous pouvons encore décider de la voie à prendre", a déclaré Nicola Sturgeon à la conférence de son parti. "Quelles que soient nos opinions sur l'indépendance, nous pouvons tous nous unir sur ce principe simple : l'avenir de l'Ecosse doit être choisi par l'Ecosse." (Danielle Rouquié, Gilles Trequesser et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)