Worldline, Halloween avant l'heure

Worldline est une nouvelle illustration de ce qui se produit quand le marché tarde à revenir sur ses paris ratés. Le décalage entre le fantasme et la réalité ne cesse de s'accroître et quand la digue saute, tout est dévasté. L'action Worldline a perdu 59% hier. Voici un aperçu des changements de recommandations et/ou d'objectifs parus depuis hier :

  • AlphaValue passe d'acheter à alléger avec un objectif de cours réduit de 37,20 à 22,20 EUR.
  • Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 33,50 EUR à 12,20 EUR.
  • Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 70 EUR à 15 EUR.
  • Bryan Garnier & Co. passe de neutre à vendre avec un objectif de cours réduit de 31 EUR à 22 EUR.
  • Deutsche Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 42 EUR à 11 EUR.
  • HSBC maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 55 EUR à 25 EUR.
  • Invest Securities SA maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 46 EUR à 23 EUR.
  • Jefferies maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 30,20 EUR à 10,50 EUR.
  • JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 55 EUR à 23,90 EUR.
  • Mediobanca passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 41 EUR à 15 EUR.
  • Morgan Stanley passe de surpondérer à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 51 EUR à 8,90 EUR.

Pour résumer, la moyenne des objectifs était de 44,26 EUR avant la publication (médiane 41 EUR) et de 17,43 EUR ce matin (médiane 15 EUR). J'utilise souvent l'image du balancier pour illustrer ce qui se passe avec ce genre d'action. Le point d'équilibre du balancier représente une valorisation raisonnable. En période de complaisance, le balancier part brutalement vers la gauche et se maintient en apesanteur (concernant Worldline, le point haut était de 85 EUR à l'été 2021). Puis la perception commence à se dégrader, mais les investisseurs et les analystes empêchent le balancier de redescendre naturellement vers l'équilibre. Parce que personne n'aime avoir tort. La recherche académique montre d'ailleurs que la honte est l'un des principaux facteurs de réticence pour revenir sur une recommandation qui a échoué. Mais quand la pression devient trop forte, tout cède. Non seulement le balancier retombe, mais il ignore le point d'équilibre et part violemment vers l'extrême opposé. C'est à ce moment-là que les analystes font table rase du passé en ajustant aussi brutalement leurs valorisations.

Autre conséquence, malgré le rebond du jour, le titre ressort en 63e position du classement interne que nous établissons chez Zonebourse pour anticiper les mouvements dans les indices. Worldline a chuté au 73e rang des capitalisations flottantes parisienne et au 53e rang des volumes d'échange. Autant dire que sa place dans le CAC40 est fragile, alors que le conseil scientifique des indices se réunira début décembre pour les modifications de fin d'année.

Ce qui est petit n'est plus mignon

Les déboires des petites valeurs continuent sur les marchés. Le décrochage s'est même accentué depuis le début du mois de septembre. Illustration en France :  

CAC

Et aux Etats-Unis

Russell

Gloire et décadence des services à l'industrie médicale

La période covid avait propulsé les medtechs et des CDMO européennes sur des sommets. Mais les deux dernières années ont tourné au chemin de croix : base de comparaison élevée, perspectives nettement plus faibles, trou d'air dans l'investissement des donneurs d'ordres lié au ralentissement économique… Dans ce contexte, Gerresheimer est l'exception qui confirme la règle : en tant que fournisseur majeur de Novo Nordisk, l'Allemand a profité de la force de traction du géant danois, dopé à l'Ozempic et au Wegovy. Ah tiens, en parlant du secteur, de honte et d'opinion à côté de la plaque : voici ma prose sur Euroapi datant de fin septembre, juste avant que la société ne nous gratifie d'une Worldline. Le directeur général de l'ancienne filiale de Sanofi s'est d'ailleurs fait dégager hier soir.

Décadence