Le groupe chimique néerlandais spécialisé dans les peintures ajoute qu'il ne poursuivra pas de discussions avec PPG, en dépit des pressions exercées en ce sens par des actionnaires favorables à la fusion et emmenés par le fonds spéculatif Elliott Advisors.

PPG doit maintenant décider s'il se lance dans une OPA officielle et hostile avant la date limite du 1er juin, conformément au droit boursier néerlandais. Dans l'intervalle, le groupe américain s'est dit "déçu" par la réaction d'Akzo Nobel qu'il prendra le temps d'examiner.

"Akzo Nobel conclut que sa propre stratégie, présentée le 19 avril 2017, est un bien meilleur moyen de créer de la croissance et de la valeur sur le long terme et sert mieux les intérêts des actionnaires, quels qu'ils soient", estime le groupe néerlandais dans un communiqué.

Ce dernier prévoit de verser cette année un dividende exceptionnel de 1,6 milliard d'euros et de vendre ou d'introduire en Bourse dans les 12 mois son pôle chimie, qui représente le tiers environ du chiffre d'affaires et des profits.

Le président du directoire Ton Buechner a dit à la presse que le président du conseil de surveillance Antony Burgmans avait rencontré samedi Michael McGarry, le directeur général de PPG. Il n'a pas été plus explicite, se contentant de dire que la rencontre avait été "cordiale et respectueuse".

PPG a confirmé que son directeur général et qu'un membre du conseil d'administration avaient rencontré Burgmans et Buechner.

L'offre présentée par PPG le 24 avril représente 96,75 euros par action, soit une prime de 50% sur le cours d'Akzo Nobel avant que les intentions du groupe américain n'aient été connues, le 9 mars.

Le titre a terminé sur un recul de 3,21% à 76,85 euros à la Bourse d'Amsterdam, ce qui ramène sa progression depuis le début de l'année à 29,4%. A Wall Street, l'action PPG a cédé 1,57% à 108,43 dollars, ne gagnant plus que 14,4% depuis son dernier cours de 2016.

Elliott Advisors, qui détient 3,25% du capital d'Akzo Nobel, s'est joint à des investisseurs institutionnels représentant plus de 10% de parts pour réclamer la tenue d'une assemblée générale extraordinaire (AGE) chargée de se prononcer sur l'éviction éventuelle du président Antony Burgmans en raison de son refus de négocier avec PPG.

Le droit néerlandais autorise une telle démarche, qu'Akzo a balayée du revers de la main, en estimant qu'elle serait contraire aux intérêts de la société.

Elliott peut toujours convaincre un juge d'imposer l'AGE mais même si c'était le cas, elle ne pourrait se tenir avant le 1er juin.

Akzo Nobel est doté d'un dispositif anti-OPA hostiles depuis 1926 mais il ne l'a encore jamais mis en marche. Certains membres choisis du conseil de surveillance, en particulier le président Burgmans, peuvent par exemple soumettre des propositions contraignantes pour le directoire et ledit conseil.

La plupart des analystes pensent que le projet d'autonomie d'Akzo ne fait pas le poids financièrement face à une OPA de PPG mais le ministère néerlandais de l'Economie est ouvertement opposé à cette dernière, dans un contexte de montée du nationalisme économique, tandis que le personnel redoute des coupes claires dans les effectifs.

Elliott Advisors, qui s'est abstenu de tout commentaire lundi, affirme que les pertes d'emploi seront quatre fois plus élevées si Akzo tient à rester indépendant que celles résultant d'un regroupement des deux sociétés.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Toby Sterling

Valeurs citées dans l'article : Akzo Nobel, PPG Industries, Inc.