Zurich (awp) - Baloise a accusé l'an dernier une contraction du volume d'affaires, de l'excédent d'exploitation (Ebit), du bénéfice net et des fonds propres. La direction en tire les leçons qui s'imposent et renonce à sa stratégie d'investissements extensifs dans les domaines de l'habitat et de la mobilité.

"Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions nous concentrer davantage sur nos activités de base," résume le directeur général Michael Müller, au terme d'une réflexion stratégique entamée l'automne dernier peu après son entrée en fonction.

Orienté depuis 2017 sur les investissements dans ce qui devait devenir un "écosystème", l'assureur y aura injecté au total 350 millions de francs suisses, dont 37 millions sur le seul exercice écoulé. Cette stratégie l'aura vu prendre pied, voire le contrôle, sur l'assureur numérique Friday, la plateforme résidentielle Houzy ou encore le prestataire de services d'autopartage Gomore.

L'avenir de ces participations doit faire l'objet d'un point de situation en septembre.

Contraction à tous échelons

Sur le plan opérationnel, le volume d'affaires s'est érodé de 0,9% à 8,62 milliards de francs suisses. L'Ebit a fondu de 6,0% à 344,4 millions et le bénéfice net attribuable aux actionnaires de 3,3% à 239,6 millions. Les dommages exceptionnels déjà évoqués en fin d'année dernière ont grevé le bénéfice avant impôts d'un peu plus que les 200 millions avancés alors.

L'Ebit du segment non-vie a été élagué de près d'un tiers à 178 millions, un tassement partiellement compensé par le bond de plus d'un tiers de celui du segment vie à 134 millions. Le taux sinistres-coûts a été marginalement abaissé à 92,0%, contre 92,9% en 2022.

Les fonds propres atteignaient fin décembre 3,25 milliards de francs suisses, contre encore 3,41 milliards douze mois plus tôt.

La firme rhénane n'en proposera pas moins à ses actionnaires une rémunération relevée de 30 centimes à 7,70 francs suisses par action sous la forme d'un dividende.

La performance déçoit les attentes des analystes à tous les niveaux.

Dans la gestion d'actifs, les fonds de clients externes ont enflé de près d'un cinquième, ou 2,4 milliards de francs suisses. L'excédent du segment a bondi d'un quart à 82,3 millions, porté notamment par une activité bancaire revigorée par la hausse des taux d'intérêt.

Au 1er janvier, le taux de solvabilité (SST) était encore estimé à 210%, contre 230% douze mois plus tôt.

Ambitions ravalées

Sans s'avancer sur le terrain des perspectives quantifiées pour l'année en cours, la direction confirme son objectif de génération de 2 milliards de francs suisses de liquidités sur la période 2022-2025. Celui d'acquérir 1,5 million de nouveaux clients à cet horizon en revanche est abandonné. Fin 2023, la société dénombrait 227'000 clients additionnels seulement.

Exeunt également l'objectif d'une valorisation de 1 milliard pour les "initiatives innovantes", ainsi que leur contribution de 350 millions au chiffre d'affaires.

La réorientation stratégique, bien plus que les résultats, reçoit un bon accueil de la part des analystes. Nasib Ahmed, chez UBS, considère ainsi l'arrêt des investissements dans l'innovation de bon augure pour la rémunération des actionnaires.

A la Bourse suisse, la nominative Baloise a fini la séance en baisse de 0,2% à 139,50 francs suisses, à contre-courant d'un indice général SPI en hausse de 0,28%.

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