Francfort (awp/afp) - Bayer, propriétaire de Monsanto, a annoncé mercredi à l'AFP avoir l'intention de faire appel d'une condamnation par un jury américain à verser plus de 300 millions de dollars à un plaignant ayant imputé son cancer au désherbant controversé Roundup.

Les jurés du tribunal californien de San Diego ont accordé mardi soir 7 millions de dollars d'indemnités et 325 millions de dollars de dommages et intérêts punitifs au plaignant Michael Dennis, géomètre âgé de 57 ans, diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien après avoir utilisé durant plus de 30 ans l'herbicide à base de glyphosate.

Le groupe allemand a indiqué à l'AFP qu'il va faire appel de cette décision qu'il ne "comprend pas", selon un porte-parole de l'entreprise.

"Nous sommes convaincus que cette décision sera corrigée par une action en justice et qu'au moins les montants excessifs des dommages, de fait inconstitutionnels, seront réduits", a affirmé cette source.

A la Bourse de Francfort, le titre Bayer perdait 0,95% dans l'après-midi, accentuant un repli de 16% accumulé depuis janvier.

Ce revers juridique est le troisième devant des tribunaux américains depuis un mois, semblant inverser un cycle après une série de neuf jugements plus anciens en faveur de l'entreprise.

Le groupe allemand, qui a acquis Monsanto en 2018 pour 63 milliards de dollars, se retrouve depuis empêtré dans de multiples procédures liées au désherbant aux Etats-Unis.

Quelque 113.000 des 160.000 procès intentés contre Bayer ont été conclus, selon le groupe qui a provisionné 16 milliards de dollars pour couvrir le risque juridique lié au Roundup.

Bayer ne cesse d'assurer que ses produits ne sont pas cancérigènes.

Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides - dont le Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde - avait été classé en 2015 comme "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.

A l'inverse, en juillet, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a indiqué n'avoir pas identifié de "domaine de préoccupation critique" chez les humains, les animaux et l'environnement susceptible d'empêcher l'autorisation de l'herbicide, tout en reconnaissant un manque de données.

Les Etats membres de l'Union européenne doivent de nouveau voter dans la première quinzaine de novembre sur la proposition de la Commission de prolonger pour dix ans l'autorisation du glyphosate.

En octobre, la majorité qualifiée requise pour valider le texte n'a pas été atteinte en raison de l'abstention de la France et de l'Allemagne.

En cas de nouveau blocage en novembre, la Commission européenne aura le dernier mot.

afp/rp