Vienne (awp/afp) - Le parquet de Vienne a annoncé mardi renoncer à poursuivre le groupe chimique allemand Bayer, accusé par un collectif d'ONG d'avoir omis des données sur les risques liés à l'utilisation du glyphosate, un herbicide controversé.

"L'ensemble des plaintes concernant le glyphosate ont été examinées. Elles ont été rejetées et l'enquête en cours classée", a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère public.

L'association autrichienne de défense de l'environnement Global 2000 avait présenté en septembre 2023 au parquet de Vienne de nouveaux éléments contre Bayer, qui a racheté en 2018 l'américain Monsanto, fabricant du célèbre Roundup.

"Dans son dossier de demande de ré-autorisation, Bayer a exclu indûment des données défavorables ou présenté de manière erronée des résultats", avait alors déclaré à l'AFP Helmut Burtscher-Schaden, biochimiste de Global 2000.

L'objectif était "de tromper les autorités et le public sur la nocivité réelle" du produit, de dissimuler ses "effets néfastes sur le système nerveux du glyphosate", en particulier chez les femmes enceintes et les jeunes enfants, selon le document présenté à la justice.

Bayer, qui se débat avec quantité de procès aux Etats-Unis liés aux effets cancérigènes présumés du glyphosate, avait de son côté nié avoir "fait de la rétention d'études scientifiques".

La Commission européenne, dont les Etats membres sont divisés sur le sujet, a décidé mi-novembre de reconduire pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'UE.

Elle s'est appuyée sur une évaluation scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire cet herbicide.

Global 2000, associé à Pesticide Action Network (PAN) Europe et quatre autres ONG (Générations futures, PAN Allemagne, PAN Pays-Bas, Client Earth), a adressé en janvier à l'exécutif européen une demande formelle de "réexamen" de cette décision.

En cas de non-retrait, le collectif se prépare à saisir la Cour de justice de l'Union européenne.

Le glyphosate, qui fait l'objet de restrictions voire d'interdictions dans plusieurs pays du monde, avait été classé en 2015 comme "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

afp/rp