Sur les neuf premiers mois de l'année, le résultat net atteint €5 milliards, en hausse de 42% par rapport à l'an passé à la même époque. Hors ajustements, la rentabilité reste plus ou moins en phase avec la moyenne des cinq dernières années, sans effet providentiel lié à la remontée des taux pour l'instant.

Le Crédit Agricole conserve des ambitions élevées dans sa stratégie de croissance externe — suite à une série d'acquisitions dans les services financiers et la gestion d'actifs — et sa volonté de développement en Italie, où il reproduit largement le modèle de banque de proximité à la française. 

La diversité de ses métiers — avec cette année l'activité assurances en pleine forme — lui permet de compenser un volume de nouveaux crédits immobiliers en France qui n'a jamais été aussi bas en sept ans. Le groupe prévient que la hausse des taux couplée à des prix qui ne baissent toujours pas grippe le marché, sans qu'il n'aperçoive encore de point d'inflexion.

Si les effets d'un ralentissement économique général se font sentir partout, ils n'ont pas encore effleuré le Crédit Agricole, qui conserve une répartition de son portefeuille parfaitement égale entre ses activités de crédit aux particuliers et aux entreprises. 

Pas de pic au niveau de provisions, malgré la mise en réserve de €3.3 milliards supplémentaires au niveau du groupe ; en consolidé, on reste sur des niveaux comparables à ceux d'avant la pandémie. Pas de pic non plus en matière de crédits non-performants, toujours à des niveaux très bas.

Pas de pic enfin au niveau des charges, avec une structure de coûts qui reste bien sous contrôle malgré le contexte inflationniste. Grâce à son échelle, la stabilité de sa base de dépôts collectés via les caisses régionales et par extension son coût du financement très bas, le Crédit Agricole maintient un coefficient d'exploitation nettement inférieur à la moyenne des grandes banques européennes. 

Les capitaux propres tangibles par action atteignent €15.3, contre €11.5 il y a cinq ans à la même époque. Il subsiste donc une importante décote de 23% avec un cours du titre de €11.75 ce matin à l'ouverture.

En pratique, le titre demeure sans doute valorisé par rapport à son rendement sur dividende. Sans capacité d'augmenter ce dernier, qui représente une modeste prime de risque de 3% à 4% sur l'obligataire AAA, on voit mal ce qui pourrait dynamiser le cours.  

La remontée des taux étant censée doper le résultat des banques — c'était le trade en vue il y a quelques mois — mais le précédent américain a prouvé que ce n'était pas tout à fait le cas. Par ailleurs, la déroute dans l'immobilier commercial outre-Atlantique n'a pas encore atteint l'Europe. 

Conjugués à une performance de haut de cycle, ces éléments n'échappent manifestement pas aux investisseurs. Ce matin, ils accueillaient avec prudence les bons résultats du Crédit Agricole.