"Un mois après le séisme japonais et l’émergence d’une menace nucléaire, comment faut-il interpréter le rachat par EDF des parts minoritaires de sa filiale EDF Energies Nouvelles ?
L’offre de rachat par EDF de sa filiale Energies Nouvelles est la deuxième opération de ce type en un mois. Avant lui, Iberdrola a procédé à une manœuvre similaire sur Iberdrola Renovables. On peut l’interpréter comme un renforcement stratégique de l’électricien national dans les énergies renouvelables, même si le prix proposé – 40 euros par action- ne reflète pas tout le potentiel d’EDF EN. Pour nous, l’entreprise vaut 42 euros par action sur la base de ses seules capacités installées (ndlr : centrales solaires, éoliennes, etc). Sans compter son potentiel de développement au cours des prochaines années. Nous avons tout de même décidé d’apporter nos titres EDF EN à l’offre en cash proposée par EDF, sachant que ce dernier prévoit de retirer sa filiale de la cote s’il obtient plus de 95% des titres. Pour les autres utilities vertes cotées, comme EDPR au Portugal, ces opérations constituent un bon signal. Si les maisons mères décident de réintégrer leur filiale c’est qu’elles estiment d’une part que le marché les valorise trop faiblement et qu’elles croient dans leur potentiel de développement.

On a assisté à un boom des valeurs vertes juste après l’accident à la centrale de Fukushima. Ce rebond peut-il perdurer ?
Pour l’instant, il y a encore une décote sur les valeurs vertes qui s’explique par une situation de surcapacités qui est en train de se résorber et la persistance d’incertitudes réglementaires (en Italie, 2è marché solaire, notamment). C’est également le cas en France où les tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque mais aussi le cadre de développement de l’éolien ont été profondément remaniés au cours de l’année écoulée. Cela dit, le contexte est redevenu favorable au développement des énergies renouvelables. L’incident survenu au Japon va entraîner des changements de politique énergétique un peu partout dans le monde. On le voit en Allemagne où les Verts ont remporté la dernière élection dans le Land de Bade-Würtemberg, en Chine où le gouvernement a revu à la hausse ses objectifs en matière d’énergies renouvelables ou encore en Italie où un référendum sur l’énergie nucléaire doit avoir lieu au mois de juin. Tous ces éléments plaident pour un nouvel essor des énergies renouvelables. Outres les évènements récents, le secteur est également porté par deux tendances de fonds : hausse du prix du pétrole et baisse du prix des panneaux solaire. La combinaison des deux devrait permettre au secteur solaire d’être compétitif plus tôt que prévu par rapport aux énergies fossiles, gagnant ainsi son indépendance économique par rapport aux réglementations.

Quelles sont vos valeurs préférées à l’heure actuelle ?
Dans le secteur solaire, nous n’avons quasiment plus aucun acteur européen en portefeuille. Cela s’explique par la compétition féroce des acteurs chinois et leur maîtrise technologique en matière d’efficience, qui a fait baisser les prix des panneaux solaires de 20% l’année dernière et devrait entraîner une baisse similaire cette année. Nos valeurs préférées sont donc deux fabricants chinois : Trina Solar et Renesola, ainsi que l’américain Firstsolar. Ils devraient profiter du développement rapide de l’énergie photovoltaïque dans le monde, avec une croissance de marché que nous estimons à près de 15% pour cette année. Cependant, c’est dans l’éolien que le potentiel est le plus important à court terme. Dans ce domaine, il y a des valeurs européennes à jouer, comme Vestas (premier fabricant d’éoliennes au monde), EDP Renováveis (filiale d’Electricidade do Portugal) ou encore Theolia (l’un des rares fabricants français). Après avoir frôlé la faillite, ce dernier est bien positionné pour renouer avec la croissance même si nous attendons plus de visibilité suite au changement de management.
Nous misons également sur le secteur des déchets porté par la hausse des matières premières (recyclage) et sur la thématique de l’efficience énergétique avec une société comme Telvent par exemple.
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