La banque numérique basée à Toronto n'a pas de succursales physiques, ce qui a permis de maîtriser les coûts alors que de nombreuses grandes institutions ont dû supprimer des emplois en raison d'une base de coûts gonflée.

EQ Bank, la septième banque du Canada, a augmenté son bénéfice net ajusté de 11,2 % au cours du dernier exercice, tandis que les grandes banques ont enregistré une croissance de 0,7 % à une baisse de 23 % de leurs bénéfices.

Les frais autres que d'intérêt de EQ ont augmenté de 15,5 %, alors qu'ils ont augmenté de plus de 20 % dans les trois plus grandes banques. La CIBC < CM.TO, la Banque Nationale du Canada et la Banque Scotia ont pris des mesures telles que des licenciements pour contrôler les coûts.

Les actionnaires parient maintenant que les produits hypothécaires attrayants d'EQ et l'acquisition de la Banque Concentra pour 495 millions de dollars canadiens en 2022 stimuleront les bénéfices.

"Les investisseurs vont de plus en plus s'intéresser à EQ parce qu'elle gagne des parts de marché et qu'elle fait davantage de marketing pour promouvoir sa mentalité de banque challenger. ... Je pense que cela va attirer plus d'investissements", a déclaré Maxime Robillard, analyste chez Van Berkom Global Asset Management, basé à Montréal, qui est actionnaire d'EQ.

Parmi les six grands prêteurs, les actions de la CIBC et de la Banque nationale ont augmenté respectivement de 16 % et de 11 % en 2023, ce qui en fait les plus grands gagnants.

Malgré la hausse de 53,7 % d'EQ, l'action se négocie à un ratio cours/bénéfice de 8,07, contre 12,78 pour la RBC et 15,29 pour la TD, ce qui donne aux investisseurs l'espoir que la hausse a des chances de durer.

Certes, EQ est un petit poucet sur le marché bancaire concentré du Canada, où les six premiers prêteurs contrôlent plus de 90 % des actifs, et sa valeur de marché de 3,3 milliards de dollars canadiens est inférieure au bénéfice de 4,1 milliards de dollars canadiens que le leader du secteur, Royal Bank Canada, a réalisé au cours de son dernier trimestre.

Outre la réduction des coûts, les grandes banques ont mis de l'argent de côté pour faire face à d'éventuelles créances douteuses dues au ralentissement de l'économie. Les provisions d'EQ ont augmenté moins vite que celles du secteur et l'entreprise a investi dans des campagnes publicitaires et dans la technologie, ce qui, selon le PDG Andrew Moor, devrait permettre d'augmenter le nombre de clients de 30 à 40 % par rapport au niveau actuel de plus de 550 000.

"Les gens adorent l'expérience numérique ... nous sommes donc du bon côté de la tendance générale", a déclaré M. Moor lors d'une interview. "Mais nous sommes dans une catégorie où la banque n'est pas quelque chose que les gens changent très facilement. Nous avons encore du travail à faire pour convaincre les gens".

Il a fait remarquer que 80 % des Canadiens effectuent leurs opérations bancaires dans la même institution que leurs parents et qu'une partie de la stratégie d'EQ consiste à attirer la jeune génération grâce à des offres d'intérêt attrayantes, telles qu'un taux de 3 % pour le dépôt des salaires, et à la facilité des opérations bancaires quotidiennes.

En 2024, l'accent sera également mis sur les petites entreprises, un secteur qui, selon M. Moor, n'est pas suffisamment desservi.

"Nous allons proposer une approche de banque challenger pour fournir des services de qualité aux petites entreprises", a déclaré M. Moor.

Le revenu net d'EQ pour l'exercice 2024 devrait augmenter de 30 %, selon les données de LSEG. En comparaison, les prévisions de bénéfices des grandes banques varient entre une baisse de 4,9 % et une hausse de 1,8 %.

"Il y a beaucoup de choses qu'ils (EQ) peuvent faire avec leurs clients de la banque numérique. ... Nous sommes parfois enthousiastes à ce sujet", a déclaré l'actionnaire d'EQ, le directeur général de Kingwest & Co, Anthony Visano.