Londres (awp/afp) - La société d'investissement Melrose a abattu sa dernière carte en relevant son offre de rachat sur l'équipementier industriel britannique GKN qui se démène jusqu'à présent pour repousser ses avances.

Melrose a annoncé dans un communiqué publié lundi qu'il relevait son offre à 8,1 milliards de livres (9,1 milliards d'euros), contre 7,4 milliards de livres précédemment, pour racheter la totalité de GKN.

Cette annonce intervient alors que GKN vient de trouver un accord pour vendre son activité automobile à l'équipementier américain Dana pour 6,1 milliards de dollars (5 milliards d'euros), afin justement d'éviter un rachat de l'ensemble de son groupe par Melrose.

Le britannique Melrose explique qu'il s'agit de sa dernière offre sur GKN et note que ses récentes discussions se voulant "constructives" avec le conseil d'administration de l'équipementier ont toutes échoué.

La société d'investissement propose aux actionnaires de GKN des titres représentant 60% du nouveau groupe que Melrose constituerait après son absorption de l'équipementier, ainsi que 1,4 milliard de livres en numéraire. L'offre valorise chaque action GKN à 467 pence, soit au-dessus du cours de clôture de vendredi (435,10 pence).

La société d'investissement juge que la transaction en cours avec Dana est "préjudiciable" pour les actionnaires de GKN et va à l'encontre des intérêts de l'ensemble des parties prenantes côté britannique.

Dans un communiqué publié peu après l'annonce de la nouvelle offre, GKN indique que son conseil d'administration est en train d'évaluer la proposition révisée, mais demande à ses actionnaires de ne pas y répondre pour l'heure.

Depuis le début du feuilleton en janvier et jusqu'à l'annonce de cette nouvelle offre lundi matin, les dirigeants de GKN ont martelé leur opposition à l'offre de Melrose jugeant qu'elle sous-estimait sa valeur et était contraire aux intérêts de l'entreprise.

L'équipementier britannique tente ainsi de se défendre pour échapper à cette offre hostile.

- Le marché a tranché -

Il avait dévoilé mi-février un nouveau plan stratégique afin de récompenser davantage ses actionnaires, avant de rendre publique vendredi une opération avec Dana. Il est toutefois prévu que cette fusion des activités dans l'automobile ne puisse aboutir que si l'offre de Melrose expire ou est retirée.

Dans un entretien au quotidien britannique Daily Mail, où il est rappelé que GKN est née il y a 259 ans prospérant grâce à la fabrication de munitions avant les guerres napoléoniennes et à l'expansion des chemins de fer au début du 19e siècle, la directrice générale de GKN Anne Stevens n'a pas de mot assez dur pour critiquer Melrose.

Elle accuse cette société d'investissement spécialisée dans le redressement d'entreprises en difficultés de vouloir "scinder l'activité et la vendre au plus offrant".

Le marché semble quant à lui peu convaincu par les chances de Melrose de l'emporter. Vers 10H50 GMT à la Bourse de Londres, le titre de GKN s'effritait de 0,21% à 434,20 pence, soit en dessous du prix proposé par Melrose.

"Le manque de réaction du cours de GKN (...) est la preuve la plus forte que Melrose ne pourrait pas parvenir à ses fins et que la stratégie de la direction de GKN est la bonne", remarque Rebecca O'Keeffe, analyste chez Interactive Investor.

L'offre de Melrose a pris en outre une dimension politique suscitant des interrogations au point qu'une commission du Parlement britannique a interrogé des représentants de GKN et Melrose la semaine dernière pour y voir plus clair alors que l'équipementier britannique est un fournisseur du ministère de la Défense.

GKN étant en outre impliqué dans des projets militaires américains, le projet de rachat par Melrose a inquiété jusqu'au sein du Congrès.

Se présentant comme un "groupe d'ingénierie", GKN est actif notamment dans la fabrication de pièces détachées pour les industries automobile et aéronautique, fournissant des constructeurs comme Volkswagen et Fiat Chrysler, ou encore Airbus et Boeing.

Présent dans 30 pays, il emploie 58.000 personnes dans le monde, dont 35.000 dans sa branche automobile.

afp/rp