La France et l'Allemagne ont convenu vendredi de passer à la phase suivante d'un projet visant à développer conjointement un char de combat d'ici 2040, ont déclaré leurs ministres de la défense, alors qu'elles cherchent à donner un nouvel élan malgré les réserves et les divergences de chaque partie.

CONTEXTE Berlin et Paris se sont mis d'accord en 2017 pour travailler sur un avion de combat commun sous la direction de la France, dont le coût total est estimé à quelque 100 milliards d'euros, ainsi que sur un char de combat franco-allemand pour succéder au Leopard 2 allemand et au Leclerc français. Ces deux projets ont été marqués par des désaccords et des retards, ce qui a contribué à resserrer les liens franco-allemands, déjà marqués par des divergences sur les questions énergétiques et sur le degré d'indépendance de l'Europe par rapport aux États-Unis en matière de politique de sécurité.

POURQUOI EST-CE IMPORTANT ? La décision politique de passer à la phase suivante est importante car les entreprises françaises et allemandes ont leurs propres intérêts, tandis que Paris et Berlin ne sont pas d'accord sur le concept. Le soutien du ministre français de la défense, Sébastien Lecornu, et de son homologue allemand, Boris Pistorius, pour faire avancer les choses, permet de maintenir une certaine dynamique. Le développement d'un char de nouvelle génération est également considéré comme essentiel pour montrer comment l'Europe peut créer sa propre autonomie en matière de défense, rivaliser avec de nouveaux acteurs tels que l'Inde et la Chine, mais aussi prendre le pas sur la Russie et les États-Unis, qui n'ont pas encore dévoilé de plans pour des chars destinés à remplacer leurs modèles existants. QU'EST-CE QUI A ÉTÉ CONVENU ? Les deux parties se sont entendues sur la répartition du travail entre les fabricants et espèrent signer leurs premiers contrats d'ici la fin de l'année. QUELLES SONT LES ENTREPRISES CONCERNÉES ? Financé à parts égales et réalisé sous gestion allemande, il est dirigé par KNDS, une holding créée entre le français Nexter et l'allemand Krauss-Maffei-Wegmann (KMW), fabricant du char Leopard. Rheinmetall et Thales sont également impliqués. Il y a eu un travail très important qui nous permet de dire que dans les années 2040, il sera temps pour deux pays voisins amis, membres de l'Union européenne et membres de l'OTAN, d'avoir une cavalerie blindée complètement fonctionnelle et opérationnelle", a déclaré M. Lecornu. "Le chemin est encore long avant que notre système franco-allemand de combat terrestre du futur, le MGCS, ne soit réalisé. La signature du protocole d'accord aujourd'hui est une nouvelle étape importante", a déclaré M. Pistorius. (Reportage de John Irish, Tassilo Hummel, Rachel More et Sabine Siebold à Berlin ; Rédaction de Hugh Lawson)